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Témoignage watson

Magali Di Marco n'oubliera jamais ce qu'elle a vu dans la Seine

Magali Di Marco lorsqu'elle chassait les podiums en triathlon.
Magali Di Marco lorsqu'elle chassait les podiums en triathlon. Image: Instagram
Témoignage watson

«Je n'oublierai jamais ce que j'ai vu en plongeant dans la Seine»

L'ex-triathlète Magali Di Marco ne garde pas un très bon souvenir du fleuve qui accueillera plusieurs disciplines l'an prochain aux JO de Paris. Elle raconte aussi toutes les fois où elle a craint pour sa santé dans les eaux troubles de France et d'ailleurs.
31.08.2023, 05:5531.08.2023, 07:44
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Quand elle a appris que plusieurs épreuves de natation dans la Seine, prévues cet été dans le cadre des tests events des JO 2024 à Paris, avaient été annulées en raison de la pollution, Magali Di Marco n'a pas pu s'empêcher de sourire.

«Si on n'envoie pas les athlètes dans une eau sale aujourd'hui, c'est parce qu'on est à un an des Jeux, que tout le monde a le regard tourné vers Paris et qu'il ne faut surtout pas que quelqu'un tombe malade. Je suis pourtant convaincue que la Seine est bien plus propre que lorsque nous y nagions, il y a 10 ou 15 ans. Mais comme les médias sont tous focalisés sur Paris et les JO, les organisateurs ne veulent surtout pas prendre de risques.»

Magali Di Marco le dit elle-même: «Des risques, j'en ai pris». Au cours de sa carrière de triathlète, qui s'est achevée en 2010, la Romande installée en Valais a parfois nagé en eaux troubles. Comme en 1996, dans la Seine (déjà). Elle raconte:

«Il s'agissait de mon premier départ de Coupe du monde et il avait été donné à 2km en amont de la Tour Eiffel. L'image de ce que j'ai vu en mettant la tête sous-l'eau ne me quittera plus jamais. J'ai aperçu des déchets (bouts de plastique, sacs) et même une serviette hygiénique, qui avait failli se coller sur mon visage. J'avais terminé 3ème de l'épreuve, et la novice que j'étais avait appris plus tard que la moitié des concurrentes avaient pris de l'Imodium avant l'épreuve, histoire de prévenir d'éventuels troubles gastriques. Je n'avais heureusement pas été malade en sortant de l'eau, mais c'est peut-être aussi parce que je ne suis pas particulièrement sensible au niveau du ventre.»
Swiss athlete Magali Di Marco Messmer, right, leads the pack at the start of the the running event at the Women's European Triathlon Championships, in Lausanne, Switzerland, on Saturday, August 2 ...
L'athlète en 2005.Image: KEYSTONE

Quand on lui dit que si elle a pu voir les déchets, c'est parce que l'eau était suffisamment claire, ce qui est plutôt une bonne nouvelle, Magali Di Marco se marre et tempère notre enthousiasme: «Une eau claire n'est pas forcément une eau propre. Il y en a de très troubles qui sont quand même potables.»

Vomissements et diarrhées à Washington

Au cours de sa carrière, la médaillée de bronze aux JO 2000 a dû faire preuve d'un certain fatalisme pour continuer à pratiquer son sport. Sinon, elle aurait changé de métier.

«Il y a plein d'endroits suspects dans lesquels on a plongé sans que les organisateurs ne procèdent à la moindre analyse. On a nagé dans des ports, des zones industrielles, des grandes villes. Pfff...»

La triathlète n'a jamais pris le moindre médicament pour prévenir d'éventuels troubles gastriques. «L'Imodium, ça évite juste d'avoir la diarrhée. Mais même si tu avales de l'eau pendant la course, tu ne vas pas tomber malade tout de suite.» En général, ça vient un peu plus tard. Comme en 2009 à Washington. Un sale moment.

«On devait y disputer une épreuve de Coupe du monde. La veille, au briefing de course, on nous annonce que les autorités ont fait des analyses et qu'ils ne veulent pas nous laisser nager dans la rivière Potomac. On n'était pas très contents d'avoir voyagé autant pour finalement devoir transformer notre triathlon en duathlon. La Fédération nous avait fait voter et l'ensemble des athlètes avait voulu y aller quand même, car c'était notre boulot mais sur une distance raccourcie (1000m au lieu de 1500m).»
epa01453717 (L-R) Sarah Haskins from the USA, Magali di Marco from Switzerland and Laura Bennett from the USA exit the water during the women's triathlon event at the Olympic games in Beijing, Ch ...
La Suissesse (au centre) s'est aussi baignée à Pékin.Image: EPA

«On avait refusé de nager»

Nager dans une eau sale peut être triplement problématique: d'abord, ce n'est pas agréable; ensuite, c'est dangereux pour la santé (à Washington, «plusieurs triathlètes avaient souffert de diarrhées et de vomissements», selon Magali Di Marco); enfin, cela risque d'altérer la performance. Certains sportifs, sensibles à la qualité de l'eau, peuvent se mettre à cogiter et à ruminer leur mal-être, et ainsi perdre de vue leur objectif. Ceux-là auraient eu très peu de chances de briller dans la Gironde.

«On a fait un Grand Prix dans ce fleuve. Vous connaissez la couleur de la Gironde? On n'apercevait même pas notre main quand on la mettait sous l'eau. Ce qu'on voyait en revanche, c'étaient les épaves de bateaux rouillés dont les pointes dépassaient. Il y avait aussi des courants très forts, c'était hyper violent. On avait déposé protêt et refusé de nager, estimant que c'était trop dangereux.»

C'est parce qu'elle a vécu autant de mésaventures durant sa carrière que Magali Di Marco (51 ans), devenue députée Verte, sourit en apprenant les précautions prises en faveur des athlètes des Jeux de Paris.

«On veut tout aseptiser pour les Jeux. Or la tenue de la compétition, que ce soit en France ou ailleurs, ne doit pas servir de vitrine temporaire pour du greenwashing gouvernemental. Elle doit permettre une prise de conscience globale sur la nécessité absolue de prendre soin de nos rivières, lacs, mers et océans, de nos sols et de notre air. Et on doit le faire en faveur de tous, pas uniquement pour des athlètes professionnels et pour deux semaines de compétition.»
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