L'année passée, les exécutions sont reparties en flèche à travers le monde. Le nombre de cas recensés a en effet atteint son plus haut niveau depuis cinq ans, soit 883 cas, contre 579 en 2021. Il s'agit d'une augmentation de 53%. C'est ce qui ressort du rapport mondial sur la peine de mort diffusé ce mardi par Amnesty International.
L'ONG souligne toutefois que le nombre total d'exécutions est «nettement plus élevé». Les chiffres mis en avant ne portent que sur les cas avérés que Amnesty a été en mesure de recenser. Ils ne prennent par exemple pas en compte «les milliers d’exécutions probablement réalisées en Chine, ni celles qui ont eu lieu au Vietnam». Dans ces deux pays, l’application de la peine de mort est considérée comme un secret d’Etat.
Vingt pays au total ont appliqué la peine capitale l'année passée, contre 18 en 2021. Les cinq Etats ayant exécuté le plus de personnes sont les suivants:
La hausse des exécutions n'est pas la seule tendance mise en lumière par Amnesty. Voici les principales.
Trois pays seulement cumulent 90% des exécutions recensées en 2022 à travers le monde (en dehors de la Chine). Il s'agit de l'Iran, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, qui se sont «livrés à une frénésie meurtrière», dénonce Amnesty. Dans cette région, le nombre de mises à mort «a augmenté de façon spectaculaire» par rapport à 2021, ce qui explique largement la hausse constatée au niveau global.
En Iran, le nombre d'exécutions est passé de 314 en 2021 à 576 en 2022, soit une hausse de 83%. «Dans une tentative désespérée de mettre fin au soulèvement populaire, les autorités iraniennes ont ôté la vie à des personnes qui n’avaient fait qu’exercer leur droit de manifester», déplore Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty, dans un communiqué.
En Arabie saoudite, le nombre d'exécutions - effectuées par décapitation - a même progressé de plus de 200%. Les cas sont passés de 65 à 196, soit le nombre le plus élevé enregistré par Amnesty International en 30 ans. Jusqu’à 81 prisonniers ont été exécutés en une seule journée. L'Egypte a, de son côté, procédé à la mise à mort de 24 personnes.
Le exécutions ont également augmenté aux Etats-Unis, où 18 prisonniers ont été tués, contre 11 en 2021. Cette hausse s'explique par la fin des restrictions liées à la pandémie, explique Amnesty. L'ONG rappelle pourtant que le nombre de cas «est resté à un niveau historiquement bas».
Six Etats ont exécuté des personnes en 2022. A l'exception de l'Arizona, où trois hommes ont été tués, ils appartiennent tous à la région du sud du pays. Avec 5 mises à mort, le Texas et l'Oklahoma trônent en tête du classement. L'Alabama et le Missouri ont procédé à deux exécutions, le Mississippi à une.
Le bilan aurait pu être plus lourd. Des difficultés d’approvisionnement en substances et des problèmes liés à la modification des protocoles pour l’injection létale ont continué d’entraîner une interruption des exécutions dans plusieurs Etats.
Autre élément en forte augmentation: les exécutions pour des infractions liées aux stupéfiants ont plus que doublé entre 2021 et 2022. Avec 325 cas, elles représentent près des 40% des mises à mort recensées l'année dernière.
Au moins quatre pays ont exécuté des gens sur cette base: l’Arabie saoudite (57 cas), l’Iran (255), Singapour (11) et la Chine. C'est «très probablement» le cas pour le Vietnam également, mais l'opacité qui entoure la pratique ne permet pas de le confirmer.
Amnesty rappelle que les exécutions pour ce type d’infractions sont contraires au droit international, qui prévoit que le recours à la peine de mort est autorisé uniquement pour les «crimes les plus graves» – impliquant des homicides volontaires. L'ONG pointe un autre problème:
Toutes les tendances observées par Amnesty ne sont pourtant pas négatives: «Malgré ces ombres au tableau, de remarquables progrès ont été effectués en termes de recul de la peine de mort en 2022», commente l'ONG. Six pays ont en effet aboli la peine capitale au cours de l'année passée.
Quatre d'entre eux l'ont abolie pour tous les crimes. Il s'agit du Kazakhstan, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, de la Sierra Leone et de la République centrafricaine. La Guinée équatoriale et la Zambie ont annulé la peine de mort pour les crimes de droit commun. L'ONG voit dans ces chiffres des avancées positives:
«Le monde a continué indubitablement de s’éloigner de la peine capitale et seule une minorité de pays, de plus en plus isolés, ont eu recours activement à ce châtiment», conclut l'association.