Jeudi dernier, Kamala Harris a signé le tiroir supérieur de son bureau, armée d'un stylo Sharpie. Une tradition qui remonte aux années 40 et qui marque la fin de mandat des vice-présidents des Etats-Unis.
Du repos. Ou peut-être pire. Forcé ou volontaire, un grand vide accueillera Kamala Harris, une fois Donald Trump intronisé. Si Joe Biden a déjà croqué une bonne partie de sa retraite à tenter de briguer un second mandat, la vie politique est encore longue pour sa vice-présidente, pour autant qu'elle en décide ainsi. Lundi, peu avant l'investiture, les supporters du milliardaire célébraient déjà le chômage de la démocrate de 60 ans, avec le mauvais goût qu'on leur connait.
Out of work! 🤣🤣 pic.twitter.com/oM7K1qbk18
— Charlie Kirk 🇺🇸 NEWS (@CharlieKNews) January 19, 2025
Il faut dire qu'elle aura vécu une dernière année plutôt mouvementée. Après avoir soutenu Joe Biden dans sa campagne, avoir pris le relais d'une nuit à l'autre, après avoir tenté de convaincre les électeurs en quelques mois, après avoir dû officialiser personnellement la victoire de son adversaire au Sénat, Kamala Harris a le droit d'en avoir plein le dos.
Et c'est logiquement dans sa Californie natale, défigurée par les flammes, qu'elle compte atterrir, une fois ses effets personnels empaquetés. Et après, quoi? Une bonne nuit de sommeil? Un spa? Deux semaines de vacances? Un bilan politique et personnel? Quelques séances de psy? Peut-être tout cela à la fois. Or, dans son entourage et son parti, l'avenir à moyen terme bruisse et les paris sont lancés. Si bien que les «sources bien informées» s'en donnent à cœur joie dans les médias américains. La première décision concernerait son mari, Doug Emhoff.
Une information que semblent confirmer les mouchards du site The Hill, qui rajoutent que l'ex-second gentleman serait en train de négocier son atterrissage «professionnel dans le privé». Kamala Harris va-t-elle se contenter de suivre son amoureux sur la côte est, avant d'empoigner sa propre destinée? «Elle ne devrait rien faire avant la fin du printemps», assure Jamal Simmons, son directeur de la communication jusqu'en 2023, toujours dans The Hill.
De quoi ne plus entendre parler de Kamala Harris avant plusieurs mois? Pas tout à fait. Selon des sources attrapées par NBC News, la vice-présidente se voit bien écrire un bouquin sur son aventure à Washington. Une suite logique qui lui laissera du temps pour négocier son éventuel retour. Mais quoi? Quitter le monde politique? Piquer le siège de gouverneur de Californie à Gavin Newsom, en grandes difficultés face à Trump et surtout depuis les incendies de Los Angeles? Se concentrer sur l'élection présidentielle de 2028? Si la première hypothèse parait peu probable, les deux autres pourraient méchamment se cannibaliser.
Sans oublier que l'élection présidentielle de 2028 est relativement proche, même si Donald Trump emménage à peine dans le Bureau ovale. Après trois mois d'une campagne expresse et difficile, Kamala Harris a pourtant réussi à montrer qu'elle avait les épaules pour entrer sur le ring. Malgré une cuisante défaite, une étude parue quelques jours seulement après l'élection de novembre avait dévoilé une bonne surprise pour l'ancienne vice-présidente: «Parmi les démocrates, 37% ont cité Kamala Harris et 7% Gavin Newsom,», lorsqu'on leur a demandé quel candidat ils soutiendraient lors de la course à l'investiture de leur parti dans quatre ans.
Du côté des espions bien informés, les avis sont partagés. Si certains pensent qu'elle «ne passerait pas l'épreuve des primaires», d'autres affirment qu'elle possède l'aura qu'il faut pour ne pas se contenter d'incarner la marionnette du parti. Un parti démocrate qui doit encore s'infliger une dure introspection, s'il veut réduire la distance entre ses priorités et celles de ses électeurs historiques.
Pour l'heure, ses proches les plus bavards sont d'accord pour dire que Kamala Harris est déstabilisée par cette fin brutale d'activités, elle qui n'a jamais eu envie d'appuyer sur la pédale de frein depuis ses premières années en qualité de procureure du district de Californie.