Cette année, de nombreuses aurores boréales ont été observées dans le ciel, même dans des régions où elles sont normalement rares. La raison? La très forte activité du soleil.
Mais l'une d'elle, apparue au Japon, surprend à cause de sa teinte inhabituelle, bleu-violet. Pour rappel, les aurores boréales se forment lorsque des particules chargées en provenance du Soleil entrent en collision avec le champ magnétique terrestre et la haute atmosphère. Ces interactions donnent habituellement naissance à des illuminations vertes ou rouges, produites par l’excitation des atomes d’oxygène.
Les images, capturées le 11 mai 2024 au-dessus de la péninsule de Noto, au Japon, révèlent une lueur violette et bleutée illuminant le ciel nocturne. Ces couleurs apparaissent parfois juste après le coucher du soleil et à de grandes altitudes, lorsque la lumière solaire éclaire encore l’ionosphère, bien que la surface terrestre soit déjà plongée dans l’obscurité. Pourtant, dans ce cas précis, ces lumières bleutées ont émergé de manière inattendue... à minuit.
L’ionosphère est une couche de l’atmosphère terrestre qui s’étend de 60 à 1 000 kilomètres au-dessus du sol. Elle contient une forte concentration de particules chargées (ions et électrons), produites par le rayonnement énergétique du Soleil. C’est dans cette zone que de nombreuses aurores prennent naissance, les particules du vent solaire interagissant avec les gaz de l’atmosphère.
Des chercheurs ont analysé les images amateurs prises depuis deux sites différents au Japon et ont publié leurs conclusions début décembre. Ces clichés ont permis d’étudier la structure, la position et l’altitude de cette lumière bleue. Les résultats montrent que l’aurore s’étendait entre 400 et 900 kilomètres d’altitude, une hauteur inhabituelle pour un phénomène lumineux ionosphérique. Autre détail surprenant: les contours nets et les structures internes de l’aurore, s’étirant sur plusieurs centaines de kilomètres. Une telle configuration n’avait jamais été documentée auparavant.
Les mécanismes physiques à l’origine de cette aurore restent une énigme. Habituellement, la lueur bleue des aurores est provoquée par l’excitation des atomes d’azote, un processus nécessitant énormément d’énergie.
Les chercheurs avancent désormais qu’un mécanisme encore inconnu dans l’atmosphère terrestre pourrait être en jeu. Celui-ci transporterait des atomes d’azote à des altitudes inhabituelles et les exciterait suffisamment pour émettre cette lumière bleue. Cependant, cette hypothèse reste spéculative et nécessite des investigations plus poussées.
En effet, plusieurs questions demeurent sans réponse. Comment la tempête solaire a-t-elle pu exciter un nombre suffisant de molécules d’azote, alors que celles-ci ont tendance à se désintégrer rapidement? De plus, la forme de cette aurore ne correspond pas aux modèles théoriques existants, notamment ceux qui attribuent ces phénomènes à des flux de particules neutres autour de la Terre. (t-online)
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder