Selon les calculs officiels, 13h08 ce jeudi marque le moment où l'équipage arrive à la fin de son stock d'oxygène. A son départ, dimanche matin, dans les profondeurs, l'appareil disposait initialement d'une autonomie de 96 heures. Sitôt cette réserve épuisée, les occupants risquent d'étouffer dans leur propre CO2.
Le défi des secours était de taille: ratisser une zone de 20 000 mètres carrés, en 96 heures, avec seulement cinq navires, des avions de l'armée et des robots sous-marins. «La localisation des recherches rend exceptionnellement difficile la mobilisation rapide de grandes quantités d'équipements», a admis le capitaine des garde-côtes américains, Jamie Frederick, lors d'un point de presse.
Interrogé par watson mercredi matin, le pilote de sous-marin suisse Philippe Epelbaum se montrait particulièrement pessimiste quant à la survie des passagers du Titan. Selon lui, dans des conditions normales, «chaque occupant consomme 22 litres d'oxygène par minute». Cette consommation peut doubler dans les situations de stress.
Dans ce cas, qu'arrive-t-il exactement? «Il y a de plus belles morts», lâche abruptement le pneumologue Rainer Schädlich au Berliner Kurier. Le manque d'oxygène se manifeste d'abord par des maux de tête, des nausées, des vomissements et de la fatigue. Viennent ensuite la confusion, les étourdissements et enfin l'essoufflement.
Cependant, l'ancien directeur de la médecine sous-marine et de la radioprotection de l'US Navy, Dale Molé, a expliqué au Daily mail que «c'est l'augmentation du niveau de dioxyde de carbone qui tue les gens en premier lorsqu'ils se trouvent dans un environnement hermétique, et non le niveau d'oxygène».
On peut toutefois espérer que la présence d'un expert à bord du sous-marin, le Français Paul-Henri Nargeolet, a peut-être permis aux passagers de prendre garde à économiser le précieux oxygène. «Je connais son professionnalisme, y compris dans la gestion de crise. Psychologiquement et techniquement, il sait tout gérer, il en a vécu bien d'autres», affirme son collaborateur, Bernard Cauvin.
Un maigre espoir, auquel s'ajoutent les «cognements» et les «signaux acoustiques» captés sous l'océan par les sonars, pendant les opérations de sauvetage. Il n'y a toutefois aucune garantie que ces bruits proviennent du sous-marin disparu.
L'épuisement du stock d'oxygène n'est pas le seul scénario qui condamne les passagers du Titan. Selon le sous-marinier Philippe Epelbaum, à 4000 mètres sous la mer, tout peut arriver: «J'ai peur qu'il y ait eu une implosion. Cela signifie que l'eau est entrée dans le sous-marin.»
Selon cet expert, une autre hypothèse serait que le sous-marin, trop proche du Titanic, serait resté accroché à l'épave.
Pour l'instant, la quête du Titan se poursuit. Mais l'espoir, comme l'air à disposition de ses passagers et les équipes de sauvetage, semble épuisé.
Mais que va-t-il se passer maintenant? La stratégie des sauveteurs va-t-elle changer? Quand les autorités oseront-elles annoncer la fin des recherches? La justice et les plaintes pénales prendront-elles le relais pour désigner d'éventuels responsables, malgré la décharge signée par tous les occupants? On rappelle tout de même que «la mort y est mentionnée à trois reprises sur la première page», comme l'expliquait le producteur américain Mike Reiss à la BBC.
Des questions, pour l'heure, sans réponse.