Il était déjà descendu 30 fois explorer l'épave du Titanic. Cette dernière plongée lui aura été fatale. Au cours de sa longue carrière, le scientifique français avait déjà exploré d'innombrables épaves de bateaux et d'avions. Mais le Titanic l'avait particulièrement séduit.
Dimanche, le spécialiste de 77 ans s'était lancé dans une nouvelle mission d'exploration aux côtés de trois passagers et du capitaine. Paul-Henri Nargeolet était de loin l'intervenant le plus expérimenté, ce qui a lui valut le surnom de «Monsieur Titanic». Originaire de Chamonix, ce professionnel des submersibles a servi pendant 22 ans dans le service sous-marin de la marine française. Il a ensuite travaillé pour l'Ifremer, un institut français réputé dans le domaine maritime.
Il a effectué des missions de plongée dans les Antilles et en mer de Chine. Dans l'Atlantique, il a retrouvé la boîte noire de l'avion d'Air France qui s'est écrasé entre Rio et Paris, et au large des côtes irlandaises, il a exploré l'épave du RMS Carpathia, qui avait repêché plusieurs centaines de passagers du Titanic en 1912 avant d'être coulé par un sous-marin allemand des années plus tard.
En 1987, Paul-Henri Nargeolet avait repris les recherches sur le Titanic à l'Ifremer. Fait rare, il avait obtenu l'autorisation de remonter à la surface des objets du légendaire paquebot: 5000 éléments, dont des assiettes en métal et des bijoux en or. Mais le scientifique s'intéressait surtout au bateau en lui-même.
«Elle est recouverte de bactéries qui l'enveloppent comme un manteau et lui confèrent un aspect particulier. C'est une épave mythique, et quand on s'y rend pour la première fois, elle nous bouleverse complètement». Le livre de Paul-Henri Nargeolet «Dans les profondeurs du Titanic» se lit comme une déclaration d'amour à l'épave sans doute la plus célèbre de l'histoire de la navigation.
L'expert en sous-marins, que son attaché de presse décrit comme calme et bienveillant, était parfaitement conscient du danger de son métier. En 2019, il a déclaré:
C'est le risque qu'il prenait lorsqu'il se trouvait près de l'épave du Titanic. «Même si vous y passez quatre, cinq ou jusqu'à huit heures, vous n'avez pas vraiment envie de remonter. Parfois, j'attends que les batteries soient vides. On m'a déjà réprimandé plusieurs fois pour cela.»
Traduit et adapté de l'allemand par Anaïs Rey.