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7 questions sur la reconnaissance de l'Etat palestinien

7 questions soulevées par la reconnaissance de l'Etat palestinien

Trois pays européens reconnaîtront bientôt la Palestine comme un Etat à part entière. Alors que les Palestiniens s'en réjouissent, Israël émet de vives critiques. Voici ce que signifie cette décision.
23.05.2024, 12:0323.05.2024, 12:09
Natasha Hähni et Lisa Schneider, Jérusalem / ch media
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A partir de mardi prochain, l'Irlande, la Norvège et l'Espagne veulent reconnaître la Palestine en tant qu'Etat. C'est ce qu'ont annoncé, mercredi matin, le premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre, le premier ministre irlandais Simon Harris et le premier ministre espagnol Pedro Sánchez.

Pourquoi cette reconnaissance survient-elle maintenant?

Lors de son discours à Dublin, Simon Harris a affirmé que la Palestine avait le même droit à la reconnaissance que l'Irlande en 1922, tout en prenant ses distances avec le Hamas:

«Le Hamas n'a rien d'autre à offrir aux Israéliens et aux Palestiniens que de la douleur et de la souffrance»

La reconnaissance de la Palestine est «un soutien sans équivoque à une solution à deux Etats», a-t-il souligné.

Depuis les efforts de paix avec les accords d'Oslo il y a un peu plus de 30 ans, la Norvège et de nombreux autres pays ont essayé de mener une stratégie dans laquelle la reconnaissance suivrait une solution de paix, a déclaré mercredi le chef du gouvernement norvégien Støre. «Cela n'a pas fonctionné.»

Le premier ministre espagnol Pedro Sánchez a affirmé:

«Le temps de l'action est venu»

Le premier ministre israélien Netanyahou, malgré tous les appels, a «continué à détruire la bande de Gaza» et continue à punir les Palestiniens, a accusé le dirigeant socialiste.

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Comment réagit Israël?

Peu après l'annonce de l'Irlande, de la Norvège et de l'Espagne, Israël a rappelé ses ambassadeurs de Norvège et d'Irlande.

Le ministre des Affaires étrangères Israël Katz a écrit sur X:

«Si l'Espagne met en oeuvre son intention de reconnaître un Etat palestinien, une mesure similaire sera prise à son encontre. La décision d'aujourd'hui est un message aux Palestiniens et au monde: le terrorisme paie»

Cette mesure pourrait entraver les efforts pour le retour des otages israéliens détenus à Gaza et rendre un cessez-le-feu moins probable.

Comment réagissent les Palestiniens?

Le secrétaire général du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hussein al-Cheikh, a parlé d'un «moment historique» et d'un pas vers «la stabilité, la sécurité et la paix dans la région».

La milice islamiste Hamas - qui a envahi Israël le 7 octobre, tuant et enlevant des centaines de civils, déclenchant ainsi la guerre actuelle dans la bande de Gaza - a également fait part de sa joie: la reconnaissance est une étape importante «vers la création d'un Etat palestinien avec Jérusalem comme capitale».

D'autres pays européens suivront-ils bientôt?

C'est bien possible. La Slovénie et Malte ont annoncé qu'elles reconnaîtraient l'Etat palestinien à l'avenir. La Belgique pourrait également s'y joindre.

Au total, 143 des 193 Etats membres de l'ONU reconnaissent la Palestine. Mais la majorité du monde occidental – dont le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la France, l'Allemagne et l'Italie – ne le fait pas.

L'Espagne, la Norvège et l'Irlande se coloreront bientôt en bleu. La Slovénie, Malte et la Belgique indiquent vouloir faire de même. Les Etats-Unis s'y refusent et la Colombie ouvrira une ambassade à Ramallah.

Jusqu'à présent, la Suède était le seul pays de l'UE à reconnaître la Palestine. La Bulgarie, Chypre, la République tchèque, la Hongrie, la Roumanie, la Pologne et la Slovaquie avaient pris des mesures similaires avant d'adhérer à l'Union européenne.

Qu'en est-il de la Suisse?

Depuis les accords d'Oslo de 1993, la Suisse entretient des relations avec l'Autorité palestinienne. La Suisse ne reconnaît toutefois pas la Palestine en tant qu'Etat.

Quelle est la situation politique dans les territoires palestiniens?

L'OLP reconnaît l'Etat d'Israël depuis 1993. Depuis lors, Israël reconnaît à son tour l'OLP comme représentant des Palestiniens. C'est à cette époque qu'ont été signés les accords d'Oslo I, à la suite desquels l'Autorité palestinienne (AP) a été créée en tant que solution intérimaire. Deux ans plus tard, les accords d'Oslo II ont été signés, divisant la Cisjordanie en zones A, B et C. L'Autorité palestinienne a été créée en tant qu'entité indépendante.

Seule la zone A – où vivent pourtant la plupart des Palestiniens de Cisjordanie – est contrôlée par l'AP seule. La zone B est administrée conjointement, la zone C par Israël. Elle représente la plus grande partie de la masse terrestre de la Cisjordanie et inclut les colonies israéliennes.

Gaza était contrôlée par l'AP jusqu'en 2007. Le Hamas s'est alors emparé du territoire lors d'un coup d'Etat sanglant, après avoir remporté les élections palestiniennes en 2006. La création d'un Etat palestinien d'un seul tenant, composé de la Cisjordanie et de Gaza, devenait donc de plus en plus improbable.

Les chances de voir naître un Etat palestinien augmentent-elles?

De nombreux points concernant la forme exacte que devrait prendre un Etat palestinien ne sont toujours pas clarifiés: dans quelles frontières doit-il exister? Qu'adviendra-t-il des colonies israéliennes en Cisjordanie? Comment faire de Jérusalem-Est, annexée par Israël, une capitale palestinienne à part entière?

L'Allemagne et la France, entre autres, soutiennent certes la création d'un Etat palestinien - mais seulement à la fin d'un processus qui doit résoudre les questions existantes. Et même si l'Espagne, l'Irlande et la Norvège reconnaissent la Palestine comme un Etat, celles-ci restent justement ouvertes - et la situation sur le terrain reste la même. La reconnaissance est donc avant tout de nature symbolique.

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

Après un sujet compliqué, voici des chats moches...
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Après un sujet compliqué, voici des chats moches...
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Gaza après les bombes
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