L'armée israélienne mène d'intenses bombardements mardi à Rafah, dans le sud de Gaza, afin d'accentuer la «pression» sur le Hamas quelques heures avant de nouveaux pourparlers au Caire pour tenter d'infléchir un accord de trêve. Des frappes aériennes mais aussi d'intenses tirs d'artillerie ont lieu à travers la bande de Gaza, plus particulièrement à Rafah et ses environs. Au moins cinq personnes ont été tuées dans ces tirs.
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Les premiers bombardements ont déjà eu lieu lundi soir.
Des chars israéliens sont postés à proximité du point de passage éponyme qui lie le sud de la bande de Gaza à l'Egypte voisine.
Selon le quotidien Le Temps, qui cite l'agence AP, des chars seraient déjà rentrés dans la ville, «s’approchant jusqu’à 200 mètres du point de passage de Rafah avec l’Égypte voisine».
Après ses opérations à Gaza-ville, puis Khan Younès, Israël menace depuis des semaines de pousser son offensive terrestre jusqu'à Rafah, considéré comme le dernier bastion du Hamas mais où s'entassaient encore le weekend dernier 1,2 million de Palestiniens, en majorité déplacés par les combats. Or lundi, après des pourparlers au Caire n'ayant pas débouché sur un accord de trêve,
l'armée israélienne a commencé une opération d'évacuation de dizaines de milliers de personnes de Rafah. Puis, en soirée, le Hamas a dit avoir informé l'Egypte et le Qatar, pays médiateurs avec les Etats-Unis, qu'il avait «approuvé leur proposition pour un accord de cessez-le-feu» avec Israël.
Mais cette proposition est «loin des exigences israéliennes», a rétorqué le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Le cabinet de guerre a décidé «à l'unanimité» de poursuivre «l'opération à Rafah afin d'exercer une pression militaire sur le Hamas dans le but de progresser vers la libération des otages et l'atteinte d'autres objectifs de la guerre», ont indiqué les services du Premier ministre.
Intenses discussions au Caire
«Bien que la proposition du Hamas soit loin de répondre aux principales exigences israéliennes, Israël enverra une délégation de haut rang en Égypte dans le but de maximiser les chances de parvenir à un accord à des conditions acceptables pour Israël», ont-ils ajouté. Le Qatar a annoncé l'envoi dès mardi matin d'un délégation au Caire «pour relancer les négociations indirectes entre les deux parties avec l'espoir de parvenir à un accord pour un cessez-le-feu immédiat et permanent» en «échange de prisonniers et d'otages».
La proposition comprendrait trois phases, chacune d'une durée de 42 jours, et inclut un retrait israélien complet du territoire, le retour des déplacés et un échange d'otages retenus à Gaza et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, dans le but d'un «cessez-le-feu permanent». Mais Israël s'est opposé à un retrait complet de ses troupes de Gaza et à un cessez-le-feu permanent, estimant devoir mener au préalable une opération sur Rafah pour «vaincre» le Hamas et s'assurer que le 7 octobre ne se reproduise plus.
Avertissement des Nations Unies et des Etats-Unis
Et dans la nuit, des médias israéliens ont fait état de heurts entre policiers et manifestants en faveur d'un accord de trêve dans des villes comme Tel-Aviv ou Haïfa. «J'ai lancé aujourd'hui un appel très ferme au gouvernement israélien et aux dirigeants du Hamas pour qu'ils fassent un effort supplémentaire pour matérialiser un accord vital», a déclaré le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. Faute d'accord, la communauté internationale craint une opération terrestre imminente sur Rafah qui «serait intolérable en raison de ses conséquences humanitaires dévastatrices», ajouté Antonio Guterres. Dans un entretien téléphonique, le président américain Joe Biden a réitéré sa «position claire» à Benjamin Netanyahu contre toute offensive à Rafah.
Mais dans la perspective d'une offensive, l'armée israélienne a déjà commencé «une opération d'ampleur limitée pour évacuer temporairement les personnes résidant dans l'est de Rafah», estimant à «environ 100 000» le nombre de personnes concernées. Dans des tracts largués sur les quartiers est de Rafah, l'armée a averti qu'elle «s'apprête à agir avec force contre les organisations terroristes» et demande aux habitants «d'évacuer immédiatement vers la zone humanitaire élargie d'al-Mawasi», à une dizaine de kilomètres de Rafah. «Les habitants évacuent dans la terreur et la panique», a déclaré Ossama al-Kahlout, un responsable du Croissant-Rouge palestinien dans l'est de Rafah, précisant que les zones désignées abritaient environ 250 000 personnes.