Royaume-Uni, Canada et Australie ont reconnu la Palestine
A annoncé le premier ministre britannique Keir Starmer dans un message vidéo diffusé sur les réseaux sociaux.
Today, to revive the hope of peace for the Palestinians and Israelis, and a two state solution, the United Kingdom formally recognises the State of Palestine. pic.twitter.com/yrg6Lywc1s
— Keir Starmer (@Keir_Starmer) September 21, 2025
Le premier ministre canadien Mark Carney a lui affirmé dans un communiqué inscrire cette décision «dans le cadre d'un effort international concerté visant à préserver la possibilité d'une solution à deux Etats».
En Australie, le chef du gouvernement, Anthony Albanese, a fait valoir «les aspirations légitimes et de longue date du peuple de Palestine à un Etat qui lui soit propre».
Des pays alliés historiques d'Israël
Ces annonces, de la part de pays alliés historiques d'Israël, intervient alors qu'Israël a intensifié son offensive à Gaza, déclenchée par une attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien Hamas en 2023.
Un nombre croissant d'autres Etats, longtemps proches d'Israël, ont déjà franchi ce pas symbolique ces derniers mois, et ce malgré les fortes pressions des Etats-Unis et d'Israël.
Encore une dizaine de pays en attente
Lors d'un sommet lundi coprésidé par la France et l'Arabie saoudite qui doit se pencher sur l'avenir de la solution à deux Etats à la veille de l'Assemblée générale de l'ONU, une dizaine de pays doivent également confirmer leur reconnaissance formelle de l'Etat palestinien.
Avant même les annonces de dimanche, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis de «lutter à l'ONU et sur tous les autres terrains contre la propagande mensongère à notre encontre et contre les appels à la création d'un Etat palestinien qui mettrait en danger notre existence et constituerait une récompense absurde pour le terrorisme».
Annexion «immédiate» de la Cisjordanie?
Son ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a proposé l'annexion «immédiate» de la Cisjordanie. Idem pour son ministre des finances Bezalel Smotrich, qui a renchéri en déclarant sur X que «la seule réponse à cette démarche anti-israélienne est l'annexion des terres de la patrie du peuple juif en Judée-Samarie et l'abandon définitif de l'idée absurde d'un Etat palestinien».
Le président palestinien Mahmoud Abbas a lui estimé que la décision britannique est un pas vers une paix «durable».
«Pas une récompense» pour le Hamas
Keir Starmer avait annoncé en juillet que son pays allait reconnaître un Etat palestinien à l'occasion de l'Assemblée générale de l'ONU, sauf si Israël prenait une série d'engagements, dont celui d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Un objectif loin d'être atteint, alors qu'Israël a lancé cette semaine une vaste campagne militaire terrestre et aérienne à Gaza-ville, dans le nord du territoire palestinien, pour y anéantir le Hamas.
Et «la crise humanitaire à Gaza d'origine humaine s'est encore aggravée», a insisté Keir Starmer, dénonçant également «l'accélération» de la colonisation en Cisjordanie.
Il a aussi répété que reconnaître l'Etat de Palestine «n'était pas une récompense envers le Hamas, parce qu'elle signifie que le Hamas ne peut avoir aucun avenir, aucun rôle dans un futur gouvernement (palestinien), ni aucun rôle dans la sécurité» des territoires palestiniens.
Il a annoncé que son pays prendrait de nouvelles sanctions contre le Hamas «dans les prochaines semaines».
Le Portugal et la France en attente
Le chef de la mission palestinienne au Royaume-Uni Husam Zomlot a salué auprès de l'AFP «cette annonce historique» pour la Palestine, qui «corrige une injustice» envers les Palestiniens.
Selon un sondage publié vendredi, 44% des Britanniques soutiennent la reconnaissance d'un Etat palestinien par le Royaume-Uni.
Le Portugal doit également annoncer dimanche sa reconnaissance de l'Etat palestinien. La France prévoit de le faire lundi lors d'une conférence aux Nations unies à New York.
La Suisse pas près de reconnaître le pays
Les conditions pour une reconnaissance d'un Etat palestinien par la Suisse ne sont pour le moment pas remplies, selon l'ambassadeur de Suisse en Israël.
Une reconnaissance ne pourra avoir lieu que quand elle aura un effet positif sur la solution à deux Etats. Et «ce n'est pas le cas pour le moment», a expliqué Simon Geissbühler dans une interview au SonntagsBlick.
La Confédération compte parmi les pays réticents, comme l'Allemagne. Dans l'interview, Geisbühler a défendu la position du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
La reconnaissance d'un Etat palestinien «pourrait être envisagée lorsque des mesures concrètes de mise en œuvre - garantissant à la fois la sécurité d’Israël et le droit à l’autodétermination du peuple palestinien - auront été engagées», avait souligné le DFAE cet été.
Divergences avec les Etats-Unis
Avec cette annonce, ces pays accentuent encore un peu plus leurs divergences avec l'administration américaine sur le conflit au Moyen Orient.
Les Etats-Unis, alliés indéfectible d'Israël, ont critiqué l'initiative franco-saoudienne.
En visite d'Etat cette semaine au Royaume-Uni, Donald Trump a affirmé son opposition au choix britannique, lors d'une conférence de presse conjointe avec Keir Starmer.
Les trois quarts environ des 193 Etats membres de l'ONU reconnaissent l'Etat palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988.
Un génocide, selon l'ONU
Mardi, une commission d'enquête indépendante mandatée par l'ONU a établi qu'Israël commettait un génocide contre les Palestiniens à Gaza, ce que les autorités israéliennes ont nié.
L'attaque du 7 octobre 2023 contre Israël par le Hamas a entraîné la mort de 1219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon des données officielles.
Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, les représailles israéliennes ont coûté la vie à 65'062 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.
(sda/ats/afp)