Décédé lundi matin, le pape François n'est venu en visite en Suisse qu'une seule fois. Fortement engagé durant son pontificat contre les abus sexuels dans l'Eglise, il avait reçu au Vatican deux victimes suisses et soutenu le Fribourgeois Daniel Pittet.
Comme il l'a fait pour des personnes d'autres nationalités, François avait écouté en audience privée, en mars 2019, les récits traumatisants de deux victimes helvétiques et leur avait demandé pardon au nom de l'Eglise.
Un homme, âgé de 63 ans lors de la rencontre, lui a raconté avoir été battu et abusé sexuellement à plusieurs reprises par des moines dans une maison de correction à Bad Knutwil (LU) alors qu'il était adolescent. L'autre victime était une femme de 74 ans qui a subi des violences et abus sexuels dans un foyer pour enfants géré par des religieuses catholiques à Malters (LU).
Le souverain pontife avait également fortement soutenu le Fribourgeois Daniel Pittet, violé durant des années par un prêtre alors qu'il était enfant. Il avait notamment préfacé son livre-témoignage «Mon père, je vous pardonne», publié en 2017, y voyant «un témoignage nécessaire, précieux et courageux».
Le pape s'était aussi intéressé aux suites de l'étude de l'Université de Zurich qui avait dénombré 1002 situations d'abus sexuels en Suisse depuis le milieu du XXe siècle. Il avait reçu en novembre 2023 le président de la Conférence des évêques suisses (CES) Felix Gmür et l'évêque de Coire Joseph Bonnemain qui lui avaient présenté les mesures voulues par l'Eglise suisse.
Les abus sexuels étaient également au coeur des entretiens entre le pape et la présidente de la Confédération Viola Amherd en mai 2024 au Vatican. Son message: le Conseil fédéral attend de l'Eglise qu'elle lutte efficacement contre les abus et qu'elle prenne des mesures de prévention importantes, avait annoncé la Valaisanne.
Un membre du Conseil fédéral se rend traditionnellement à l'assermentation des nouveaux membres de la Garde suisse pontificale, organisée tous les 6 mai. Il est normalement reçu en audience par le Saint-Père.
François ne s'est en revanche rendu qu'une fois en Suisse depuis le début de son pontificat le 13 mars 2013. Il était déjà venu à plusieurs reprises en Suisse auparavant. Mais il ne connaissait ce pays «que de passage», avait-il reconnu.
Le 21 juin 2018, il a participé à une rencontre à Genève à l'occasion des 70 ans du Conseil œcuménique des Eglises (COE) et célébré une messe à Palexpo.
Dans le cadre de l'anniversaire du COE, organisation qui regroupe environ 350 Eglises membres mais dont l'Eglise catholique n'est pas membre, le pape avait insisté sur l'importance du dialogue avec les autres chrétiens. Il avait également demandé à la Suisse d'oeuvrer pour désamorcer les conflits.
Le pape était également revenu sur la Suisse dans une interview diffusée le 12 mars 2023 par la radio télévision suisse italienne (RSI) à l'occasion des 10 ans de son pontificat. Il avait déclaré que la Confédération «a une personnalité propre, mais universelle».
En pleine guerre en Ukraine, le souverain pontife avait notamment dit à propos de la Suisse que «quand, dans les guerres, elle adopte une position neutre, ce n'est pas une manière de se laver les mains, c'est une vocation d'équilibre et d'unité».
Enfin, le souverain pontife avait canonisé le 13 octobre 2019 au Vatican la Fribourgeoise Marguerite Bays. Cette couturière de Siviriez (FR), qui a vécu dans la Suisse du XIXe siècle, est la première femme laïque helvétique à avoir été canonisée.
A la fin janvier (2025), le pape a également autorisé la publication d'un décret ouvrant la voie à la béatification du Valaisan François-Benjamin May. Le texte reconnaît le martyr du natif de Bagnes (VS) à Barcelone en 1909.
Durant son pontificat, le pape François a créé un nouveau cardinal suisse. Il a nommé le 30 septembre 2023 l'archevêque valaisan Emil Paul Tscherrig, ancien nonce apostolique (ambassadeur du Vatican), comme «prince de l'Eglise».
Les deux actuels cardinaux suisses – Mgr Tscherrig, 78 ans, et l'ancien évêque de Bâle Kurt Koch, qui aura 75 ans le 15 mars – pourront élire le prochain pape lors du conclave. Ce droit est accordé seulement aux cardinaux âgés de moins de 80 ans. (sda/ats)