Le message anti-UE, anti-islam et anti-immigration de Geert Wilders, parfois comparé au président américain Donald Trump pour sa rhétorique populiste et ses cheveux peroxydés, a fini par le propulser aux portes du pouvoir aux Pays-Bas.
Dans un nouveau coup d'éclat, il a retiré mardi son parti d'extrême droite, le Parti de la liberté (PVV), du gouvernement, en raison d'un désaccord sur l'immigration, provoquant la chute de la coalition forgée sous sa houlette, dans l'espoir de réaliser enfin son ambition de devenir premier ministre.
N'hésitant pas à traiter les Marocains de «racailles» ni à proposer des concours de caricatures du prophète Mahomet, Wilders, 61 ans, a bâti sa carrière sur sa croisade contre ce qu'il nomme une «invasion islamique» de l'Occident.
Ni les démêlés avec la justice néerlandaise – qui l'a reconnu coupable d'insultes à des Marocains – ni les menaces de mort à son encontre – qui le placent sous protection policière depuis 2004 – ne l'ont découragé. Après des années de marasme politique, Geert Wilders a fini par percer en 2023, stupéfiant l'Europe et le monde avec une victoire électorale surprise.
Le PVV a remporté 37 sièges sur les 150 que compte le parlement néerlandais, devançant largement les libéraux du VVD et l'alliance entre les Verts et les sociaux-démocrates.
Notons qu'il a atténué son discours anti-immigration pendant la campagne. Il y a «des problèmes plus importants que la lutte contre le flot de demandeurs d'asile et d'immigrants», a-t-il déclaré lors de l'un des derniers débats électoraux, ajoutant qu'il était prêt à mettre de côté ses opinions sur l'islam pour devenir premier ministre.
Mais ses partenaires de coalition n'étaient pas d'accord.
Le système politique néerlandais est basé sur le consensus, aucun parti ne domine seul, et deux des quatre chefs de parti étaient mal à l'aise à l'idée de voir Wilders diriger le pays. Il s'est retiré à contrecœur pour qu'un accord de coalition soit trouvé.
Après des négociations houleuses, les quatre partis ont trouvé un compromis en nommant Dick Schoof comme Premier ministre, avec pour mandat d'introduire la politique d'asile «la plus stricte» jamais vue dans le pays.
Mais les ambitions de Wilders sont restées inassouvies.
Le dirigeant d'extrême-droite exprime fréquemment son désir de devenir premier ministre et intensifie son discours anti-islam. «Promenez-vous dans les rues d'Europe occidentale (...) et vous verrez qu'elles ressemblent souvent à une ville arabe médiévale, pleine de foulards et de burqas», a-t-il récemment déclaré dans un discours:
Né en 1963 à Venlo, près de la frontière allemande, Geert Wilders a grandi dans une famille catholique avec son frère et ses deux sœurs. Sa mère était à moitié indonésienne, un fait qu'il mentionne rarement. Il a développé un intérêt pour la politique dans les années 1980, a déclaré son frère aîné au magazine allemand Der Spiegel.
Sa haine de l’islam semble s’être développée lentement. Il a passé du temps en Israël dans un kibboutz, témoin direct des tensions avec les Palestiniens. Il a également été choqué par les assassinats du leader d'extrême droite Pim Fortuyn en 2002 et du cinéaste radical anti-islam Theo van Gogh en 2004.
Dans un livre paru en 2012, il raconte le moment où il a appris la mort de ce-dernier. «Je me souviens que mes jambes tremblaient de choc et d'indignation. Je peux dire en toute honnêteté que j'ai ressenti de la colère, pas de la peur.»
Wilders entre en politique en 1998 au sein du VVD et se teint aussitôt les cheveux en blond. En 2006, il quitte le VVD pour fonder son PVV. En 2017, il devient le deuxième parti au Parlement, puis le troisième en 2021.
Passé maître dans l'art d'utiliser les médias en les accusant de partialité, adoré ou détesté, il divise un pays qui se targue d'une longue tradition de tolérance multiculturelle. Mais, surfant sur le désaveu des Néerlandais envers leurs responsables politiques, Wilders a réussi à pousser le discours politique aux Pays-Bas encore plus à droite.
Certains voient Geert Wilders comme une figure isolée. Il est marié à une Hongroise, mais ils n'ont pas d’enfants, et sa sécurité limite ses contacts avec le monde extérieur.«Sa vie se résume au Parlement, aux événements publics et à son appartement. Il ne peut pratiquement pas aller ailleurs», raconte son frère à Der Spiegel. (jah/afp)