
Qui est responsable du blocage aux Etats-Unis?
Mardi 30 septembre, républicains et démocrates états-uniens n’ont pas réussi à s’entendre sur un budget transitoire pour financer l’Etat fédéral. Résultat: Washington replonge dans le «shutdown». Devant une administration quasi à l'arrêt, chacun accuse l’autre camp d’avoir provoqué la crise.
Selon les républicains, majoritaires, ce sont les démocrates qui ont empoisonné le processus budgétaire par leurs manœuvres et en exigeant de nouvelles dépenses de plusieurs milliards dans la santé. Le président Donald Trump a relayé sur les réseaux un clip généré par intelligence artificielle, aux connotations racistes, accusant les démocrates d’acheter des voix. Il a aussi brandi la menace de licenciements massifs dans l’administration et d’«effets irréversibles».
Les démocrates renvoient la balle
Les démocrates, dans l’opposition, rétorquent que la faute incombe aux républicains, qui contrôlent les deux chambres du Congrès et portent donc la responsabilité de faire adopter le budget dans les temps. Et si les règles parlementaires compliquées imposent de négocier, disent-ils, c’est au parti majoritaire de chercher le compromis, pas d’accabler l’adversaire d’insultes.
Alors qui a raison? En réalité, le budget provisoire soumis au vote était anodin. Il n’aurait financé l’Etat fédéral que jusqu’à fin novembre, un simple sursis voulu par les républicains. Mais ceux-ci ne peuvent pas s’étonner que les démocrates fassent obstruction: les attaques incessantes venues de la Maison-Blanche au cours des huit derniers mois n’ont pas laissé indemne la direction du parti démocrate.
Il faut aussi rappeler que les républicains ont supprimé unilatéralement les généreuses subventions à l’assurance-maladie dont bénéficiaient des millions d’Américains depuis la pandémie. Sans ces aides, le système de santé, déjà soumis à des hausses brutales de coûts, risque de devenir encore plus cher l’an prochain – pour pratiquement tout le pays.
Un blocage qui pourrait durer
Mais les démocrates ne peuvent pas complètement réfuter l’accusation d’hypocrisie. Ils n’ont cessé de dénoncer le recours des républicains au blocage budgétaire comme arme politique. On se souvient du dernier grand shutdown, à l’hiver 2018-2019: il a duré 35 jours et s'est soldé par la défaite cinglante de Donald Trump, faute d’obtenir le financement de son mur à la frontière mexicaine.
Depuis, l'eau a coulé sous les ponts. Donald Trump a retenu la leçon et gouverne, dans son second mandat, en déconstruisant sans entrave l’appareil d’Etat. Les militants démocrates, eux, s’impatientent: ils exigent que leur parti oppose une résistance plus ferme à ce qu’ils qualifient de politique de casse. Un «oui» au budget transitoire voulu par le président états-unien serait incompréhensible à leurs yeux.
Le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, n’a pas oublié non plus le tollé provoqué, en mars dernier, par un compromis budgétaire signé avec les républicains. Depuis, il subit des sondages désastreux et voit monter dans son propre camp les appels à son remplacement, à 74 ans. A New York, une relève est prête: Alexandria Ocasio-Cortez, qui s’apprête à fêter ses 36 ans.
Autant d’éléments qui laissent présager que le shutdown de l'administration n’est pas près de se résoudre. Une mauvaise nouvelle pour un pays dont le système politique traverse déjà une grave crise de confiance.
Adapté de l'allemand par Tanja Maeder