Les Etats-Unis sont en «shutdown»
Les Etats-Unis entrent dans une paralysie budgétaire après l'échec mardi au Sénat d'une ultime tentative d'éviter le gel d'une partie des services fédéraux, le fameux «shutdown». Le budget de l'Etat fédéral a expiré mardi à minuit, heure locale. De fortes perturbations sont attendues pour les usagers des services publics.
La conséquence immédiate: la mise à l'arrêt d'une partie de ses services. Le bureau budgétaire du congrès estime que quelque 750 000 fonctionnaires seront quotidiennement mis au chômage technique, avec une solde différée. Le trafic aérien pourrait être affecté, tandis que le versement de nombreuses aides sociales devrait être fortement perturbé.
Les parcs nationaux seront également privés des «rangers» chargés d'en assurer le maintien, alors qu'approche la saison du changement de couleur des feuilles d'arbres, un événement annuel qui charrie des millions de touristes aux Etats-Unis.
Selon les calculs des analystes de la compagnie d'assurance Nationwide, chaque semaine de «shutdown» pourrait réduire la croissance annuelle du PIB américain de 0,2 point de pourcentage. Les bourses mondiales n'ont cependant pas montré d'angoisse à l'approche de l'échéance, le Dow Jones à Wall Street ayant même atteint un nouveau record à la clôture mardi.
Des choses «irréversibles»
Avant même le vote au Sénat, chaque camp se rejettait la faute de l'échec des négociations. Les démocrates «veulent tout fermer. Nous ne le voulons pas», a ainsi assuré le président Donald Trump dans le bureau ovale.
Il a fait monter la pression pour que les démocrates finissent pas par accepter le budget voulu par les républicains.
Le président faisait allusion à son intention de profiter du gel de certaines administrations pour accentuer le limogeage de milliers de fonctionnaires fédéraux, déjà entamé avec la commission DOGE de son ex-allié, l'entrepreneur milliardaire Elon Musk.
De leur côté, les démocrates dénoncent le manque de volonté de négociation. «Ce n'est pas une question d'orgueil», a affirmé le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer.
«C'est parce que les Américains souffrent de coûts plus élevés à travers le pays, que ce soit à cause des droits de douane, des coûts de l'énergie ou des coûts alimentaires», a-t-il ajouté, dénonçant des coûts de santé qui «grimpent en flèche».
«Il n'est pas certain combien de temps les démocrates maintiendront leur posture intenable, rendant la durée d'un 'shutdown' compliquée à prédire», a affirmé le directeur du bureau du budget à la Maison-Blanche, Russell Vought, dans une lettre aux principaux responsables de services ministériels.
Après l'échec d'un ultime vote au Sénat dans la soirée mardi, Russell Vought a donné la consigne aux administrations fédérales de «mettre en application leurs plans pour une fermeture ordonnée».
Un vote à contrecoeur
Donald Trump n'est pas étranger aux «shutdowns» puisque le dernier remonte à son premier mandat, lorsque la paralysie s'était étalée de décembre 2018 à janvier 2019, pour un record de 35 jours. Au vu du caractère très impopulaire d'une telle situation, démocrates comme républicains tentent traditionnellement d'éviter cette paralysie fédérale, parfois au dernier moment.
Si les républicains disposent de la majorité aux deux chambres du Congrès, le règlement du Sénat fait qu'un texte budgétaire devra être adopté à 60 voix sur 100, nécessitant donc au moins sept voix démocrates.
En mars, alors que la menace d'un «shutdown» planait déjà, les républicains avaient refusé d'engager le dialogue sur les énormes coupes budgétaires et le licenciement de milliers de fonctionnaires décidés par le président américain. Dix sénateurs démocrates, dont Chuck Schumer, avaient alors voté à contrecoeur pour le texte des républicains, afin d'éviter la paralysie fédérale.
Leur choix avait provoqué de vifs remous dans le camp démocrate, de nombreux militants et sympathisants les accusant de plier face à Donald Trump et son programme jugé radical. (jzs/ats)