Eclaboussé par une affaire de corruption ayant conduit à l'inculpation de l'un de ses ministres et de son chef de cabinet, le premier ministre portugais, le socialiste Antonio Costa, a annoncé mardi avoir présenté sa démission. Costa a déclaré devant la presse:
Il revient désormais au chef de l'Etat de l'accepter. «L'avenir dépendra des décisions du président», a ajouté Antonio Costa, l'un des rares socialistes à la tête d'un gouvernement européen.
Mardi matin, des perquisitions ont été menées dans la résidence officielle du premier ministre, dans plusieurs domiciles, dans des ministères et des cabinets d'avocat.
Les enquêteurs s'intéressent plus précisément à la concession de licences «d'exploration de mines de lithium» dans le nord du Portugal, à «un projet de production d'énergie à partir d'hydrogène» et à «un projet de construction d'un data center de la société Start Campus» à Sines, à une centaine de kilomètres au sud de Lisbonne.
Compte tenu des éléments recueillis par les enquêteurs, du «risque de fuite et de poursuite de l'activité criminelle», la justice a émis «des mandats d'arrêt» à l'encontre du chef de cabinet du premier ministre, du maire de Sines et de deux administrateurs de Start Campus.
Le ministre portugais des Infrastructures, Joao Galamba, a été pour sa part inculpé, tout comme le président du conseil de direction de l'Agence portugaise pour la protection de l'environnement (APA).
L'APA avait annoncé début septembre avoir accordé son feu vert, sous certaines conditions, à un deuxième projet dans le pays d'exploitation minière de lithium, un métal utilisé pour la fabrication de batteries et essentiel à la transition énergétique.
Le Portugal, qui détient les premières réserves de lithium en Europe, en est déjà le principal producteur, mais pour l'instant sa production sert entièrement à la céramique et à la verrerie.
Ces projets miniers sont contestés par des ONG écologistes et une partie de la population locale de cette région rurale.
Après sa large victoire électorale le 30 janvier 2022, qui lui a donné une majorité absolue censée garantir la stabilité de son gouvernement, Antonio Costa a vu sa popularité dégringoler en raison de scandales à répétition.
L'un des plus marquants est le «TAPgate», du nom de la compagnie aérienne publique. Plus d'une dizaine de ministres et de secrétaires d'Etat ont déjà quitté leur poste en raison de cette affaire.
Ce scandale a éclaté il y a près d'un an suite aux révélations sur le versement d'une indemnité de départ de 500 000 euros à une administratrice de TAP. Celle-ci a ensuite pris les commandes de l'entreprise de contrôle aérien et atterri quelques mois plus tard au poste de secrétaire d'Etat au Trésor. (ats/jch)