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Ukraine: Poutine perd l'un de ses derniers alliés

FILE- Russian President Vladimir Putin, left, poses with Serbian President Aleksandar Vucic after being awarded the Order of Alexander Nevsky in Belgrade, Serbia, Thursday, Jan. 17, 2019. Vucic said h ...
Vladimir Poutine et Aleksandar VučićImage: sda

Poutine perd l'un de ses derniers alliés

Le président serbe Aleksandar Vučić s'est attaqué, cette semaine, à deux reprises à la Russie, alors que les deux pays sont très proches.
19.01.2023, 11:5108.05.2023, 12:17
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t-online

L'un des principaux alliés européens de la Russie prend petit à petit ses distances avec le régime de Poutine. Ces derniers jours, le président serbe, Aleksandar Vučić, s'est montré à deux reprises (très) critique envers Moscou.

Deux pays très proches

L'amitié serbo-russe est très vieille. Mais pour en revenir aux dernières années, lors des guerres des Balkans, Moscou a soutenu la Serbie, politiquement et militairement – plutôt timidement sur ce dernier point.

Dans ce contexte, rappelons que la Serbie ne reconnaît pas l'existence de son voisin, le Kosovo. Une situation diplomatique qui lui a valu des sanctions européennes. Le pouvoir russe soutient indéfectiblement la position serbe, en ne reconnaissant pas la souveraineté du petit Etat des Balkans.

Sanctionnée, la Serbie importe du pétrole russe bon marché et n'applique donc pas – en contrepartie – les sanctions occidentales contre la Russie. Il existe encore – comme depuis la Hongrie – des vols de la capitale Belgrade vers Moscou, et de nombreux Russes utilisent cette liaison (notamment pour fuir leur pays).

Mais plusieurs éléments ont changé ces derniers temps dans les relations entre les deux pays.

Une propagande russe très active et proche du pouvoir

Les tabloïds serbes se montrent plutôt prorusses dans leur traitement de l'information, comme l'a récemment relevé le Tagesschau:

«La couverture de la guerre russe par de nombreux médias serbes est très unilatérale et correspond au récit du Kremlin. Une fois, on dit que la Russie a fait tout ce qu'elle pouvait pour la paix en Ukraine. Une autre fois, l'attaque russe est présentée comme une réponse à la menace de l'Otan.»

Ce point de vue sur le conflit est sans doute dû à la présence de médias relayant la propagande russe, à Belgrade, comme RT et Sputnik. Tous ces médias servent également le discours nationaliste serbe. Et le premier ministre serbe sait comment en profiter. «Vučić est un maître de la propagande», déclare Antoinette Nikolova, directrice de la Balkan free media initiative:

«Il a placé les médias sous son contrôle»
Antoinette Nikolova

En sa qualité d'ancien ministre de l'Information du dirigeant serbe – et criminel de guerre – Slobodan Milošević, Vučić instrumentaliserait habilement le récit prorusse pour ses propres intérêts et continuerait à faire monter la température dans le pays.

Mais les choses ont changé récemment, la propagande de Poutine semble être allée un brin trop loin cette fois.

Non, Poutine ne peut pas recruter en Serbie

Vučić ne veut, en aucun cas, être impliqué dans la guerre en Ukraine. Le président serbe a ainsi réagi avec indignation aux tentatives du groupe Wagner de recruter des combattants dans son pays pour aller se battre en Ukraine.

«Pourquoi faites-vous cela à la Serbie? Pourquoi faites-vous appel à Wagner pour cela, alors que cela va à l'encontre de la loi?»

Autant de questions rhétoriques lancées lundi soir en direct à la télévision serbe. Le premier ministre s'attaquait à une publicité controversée diffusée ce mois-ci par la branche serbe de la chaîne publique russe RT. Wagner y appelait les Serbes à aller se battre en Ukraine pour la Russie.

Si le mercenariat est illégal en Serbie, ce n'est pas pour autant qu'il n'existe pas. En effet, ce ne serait pas la première fois que des Serbes se retrouvent dans le camp russe. Au printemps 2014, un petit nombre d'entre eux ont combattu aux côtés des forces soutenues par la Russie en Ukraine après l'annexion de la péninsule de Crimée par Moscou.

Pour l'heure, les autorités n'ont pas encore publié de chiffre exact sur le nombre de Serbes engagés par Wagner. Mardi, l'agence de presse russe Ria novosti a toutefois publié des images censées montrer deux citoyens serbes participant à un entraînement en Ukraine.

Il conteste la légitimité russe sur l'Ukraine

Après avoir refusé que le groupe russe Wagner – à la sinistre réputation – recrute des mercenaires dans son pays, il a aussi attaqué récemment le régime russe et son idéologie. Il a contesté, en public, la propagande de Moscou qui affirme que l'Ukraine est russe et a rappelé:

«Nous avons dit dès le début que nous ne pouvions pas soutenir l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Pour nous, la Crimée est l'Ukraine, le Donbass est l'Ukraine et ça restera ainsi»

Des fissures semblent donc désormais apparaître dans les relations avec Moscou. Vučić se montre certes diplomate:

«Nous avons traditionnellement de bonnes relations, mais cela ne signifie pas que nous soutenons chaque décision individuelle ou la plupart des décisions qui viennent du Kremlin.»

Ces récentes déclarations pourraient être considérées comme un détachement prudent du grand frère russe. Sur le plan économique, la Serbie est de toute façon déjà tournée vers l'Union européenne (UE), qui est devenue son principal partenaire commercial.

L'avenir serbe est ailleurs, mais pour quand?

Vučić ne se séparera probablement pas de Poutine dans un avenir proche. De nombreux Serbes soutiennent l'attaque russe contre l'Ukraine et des manifestations prorusses ont eu lieu dans la capitale Belgrade. Néanmoins, pour le président, la direction à suivre est claire.

Vučić est convaincu que si ce choix est fait par référendum, les citoyens voteront en faveur de l'adhésion à l'UE et consolideront leur virage vers l'ouest

Pour que cela se produise, il faut des assurances que l'adhésion est réaliste. «Je sais que l'UE est notre voie», a-t-il déclaré. «Il n'y a pas d'autres voies.»

Sanna Marin a un avis tranché 👇

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