pluie modérée
DE | FR
International
Poutine

Guerre en Ukraine: 9 personnalités russes qui s'opposent à Poutine

Ces 9 Russes courageux s'opposent ouvertement à Poutine et le font enrager

La moindre contestation contre la guerre de Poutine est désormais réprimée en Russie. Des milliers de personnes ont déjà été arrêtées. Mais qui sont ces opposants si courageux?
19.03.2022, 11:5120.03.2022, 20:23
Lars Wienand / t-online
Plus de «International»
Un article de
t-online

Des chiffres impressionnants de l'organisation russe des droits de l'homme OVD-info ont récemment été publiés. Au moins 14 980 personnes ont déjà été arrêtées en Russie pour avoir protesté contre la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine. Des arrestations ont eu lieu dans plus de 150 villes, rapporte OVD-info.

Le nouvel article 280.3 du code pénal russe interdit, désormais, de s'opposer à la guerre, car cela induit de «discréditer l'armée». Et il n’en faut pas beaucoup pour enfreindre la loi. Le fait de suggérer une opposition suffit, comme le montrent les arrestations et les jugements actuels en Russie. Des rapports de condamnations sont publiés chaque jour. Poutine s’est dernièrement exprimé sur ses opposants:

«Le peuple russe recrachera ces traîtres comme une mouche qui s'est accidentellement posée dans sa bouche»

Mais qui sont ces personnes qui s'opposent à la guerre, que font-elles exactement et qu'est-ce qui les attend?

La première condamnée

Die Erste: Irina Shumilowa wurde schon am Tag nach Verabschiedung des Gesetzes verurteilt. Auf ihrem Plakat ist "Krieg" durchgestrichen, "Sondereinsatz" steht darüb ...
Irina Shumilova a été arrêtée dès le lendemain de l'adoption de la loi. Sur son affiche, le mot «guerre» est barré, «mission spéciale» est écrit au-dessus.image: Facebook/Irina Shumilova

Irina Shumilova, 21 ans, originaire d'Ivanovo (RUS), a été libérée le 6 mars à une heure du matin. A ce moment-là, elle était, selon le groupe de défense des droits de l'homme «Agora», la première Russe à avoir été condamnée en vertu de la nouvelle loi. Elle a écopé d'une peine pécuniaire de 30 000 roubles.

Le 4 mars dernier, Vladimir Poutine a fait passer la loi de censure contre le «discrédit des forces armées de la Fédération de Russie.» Le lendemain, Irina Shumilova a manifesté avec son affiche dans le centre-ville. Le soir même, en rentrant chez elle avec sa mère, elle a soudainement été arrêtée et mise en détention. Sur sa page Facebook, quelqu’un a commenté:

«Trente mille roubles, c’est un salaire mensuel moyen. Exiger le paiement d'une telle somme juste parce qu’elle portait cette affiche, c'est un vrai vol.»

Le 10 mars, la police est encore intervenue auprès de l'activiste de gauche. Elle témoigne: «La police m'a donné un nouvel avertissement pour que je n'organise pas de protestations, de rassemblements ou de manifestations illégales».

Manifester une nouvelle fois lorsqu'on a déjà été condamné n'est plus une infraction, mais un délit passible d'une peine de prison. C'est peut-être pour cette raison que les autorités sont si promptes à juger les manifestants.

La femme de la télé

Son visage est désormais connu dans le monde entier: Marina Ovsjannikova (44 ans) a tenu une pancarte avec des messages anti-guerre devant les caméras de la chaîne publique Channel One lors du journal d’informations russe.

Le lendemain, après douze heures d'interrogatoire dans un lieu inconnu, elle a été condamnée, elle aussi, à 30 000 roubles d'amende. Cette peine pécuniaire s’applique uniquement pour l’infraction de l’article 280.3, «discrédit des forces armées russes». L'accusation principale est encore en cours d'examen. Marina Ovsjannikova est accusée «de diffusion publique d’informations sciemment fausses sur l’engagement des forces armées russes.» Trois procédures avec ce même motif d’accusation sont en cours en Russie.

Si un juge la condamne et estime que son action a eu des conséquences graves, elle risque dix à quinze ans de prison. Et même s’il estime qu’il n’y a pas eu de «conséquences graves» mais qu’il juge qu’elle a agi «par haine et hostilité», une amende de trois à cinq millions de roubles et une peine de prison de cinq à dix ans sont en jeu.

Avec Poutine à la tête de la Russie, elle est confrontée à un avenir totalement incertain: «Je suis désormais l'ennemi numéro un ici», a-t-elle déclaré au journal allemand Spiegel.

L’influenceuse food

Veronika Belotserkovskaya: Die Foodbloggerin wird wegen ihrer Instagram-Postings gesucht, in denen sie Putins Krieg heftig kritisiert hat. (Quelle: Instagram/Belonika)
Veronika Belotserkovskaya est recherchée pour ses posts Instagram dans lesquels elle a violemment critiqué la guerre de Poutine.image: Instagram/Belonika

Veronika Belotserkovskaya, influenceuse russe, a désormais «officiellement été déclarée comme personne recherchée». C'est ce que «Belonika», le pseudo qu’elle utilise sur instagram, a écrit à ses 900 000 abonnés.

Les enquêteurs russes la recherchent pour ses posts publiés contre la guerre. Elle est la première personne publique à devoir répondre à la loi draconienne sur la «diffusion en connaissance de cause de fausses informations sur les actions des forces armées». Elle fait face à une peine privative de liberté allant jusqu'à quinze ans de prison.

L’influenceuse food et auteure de livres de cuisine, âgée de 51 ans, a pris clairement position à plusieurs reprises depuis le début de la guerre. Elle écrit:

«Je me suis réveillée aujourd'hui pour la première fois de ma vie avec le sentiment que je ne pourrais probablement jamais rentrer chez moi»

Elle a quitté Saint-Pétersbourg pour la France, où elle a une résidence secondaire. La Russie envisage de lancer un mandat d'arrestation international contre elle – une tentative très probablement infructueuse.

Veronika Belotserkovskaya a reproché à Poutine de mener «une guerre agressive contre un Etat souverain». Le pays dépense chaque jour des milliards de dollars en armes pour soi-disant «sauver» les Russes d'Ukraine:

«Avec cet argent, on aurait pu sauver pacifiquement "tous nos concitoyens" et construire un palais pour chacun d’entre eux.»

La publication a eu 560 000 likes, mais entre-temps Instagram a été bloqué en Russie. L’influenceuse affirme être originaire d’Odessa, ville ukrainienne, mais s’est décrite par le passé comme une fière Russe.

La grand-mère infatigable

Dans les médias russes, elle est parfois appelée la «conscience de Saint-Pétersbourg» ou la «grand-mère de la résistance». Jelena Ossipowa, 77 ans, fait partie depuis des années du paysage des rues de Saint-Pétersbourg.

Après avoir protesté par le passé avec des pancartes soutenant les prisonniers politiques, la liberté d’expression et dénonçant les armes nucléaires, cette activiste proteste maintenant contre la guerre de Poutine. Elle a déjà été arrêtée au moins trois fois et les images ont fait le tour du monde.

Jelena Ossipowa 2019 bei einer Protestaktion zur Unterstützung politischer Häftlinge
Jelena Ossipova en 2019 lors d'une manifestation de soutien aux prisonniers politiques.image: Alexei Kouprianov/CC BY-SA 4.0

Une fois, elle a été embarquée dans un fourgon de prisonniers. Une autre fois, elle a été emmenée dans une voiture de police. On ne sait rien des jugements rendus jusqu'à présent, et OVD-info n'a pas non plus fourni d'informations à ce sujet. La dernière fois qu'elle a été arrêtée, c'était le 13 mars 2022.

En Occident, sa teneur symbolique a même été exagérée. Les politiques et les médias l'ont qualifiée de survivante du siège de Leningrad par la Wehrmacht. Dans ce contexte, sa position contre la guerre en Russie aurait encore un poids tout particulier. Mais, en réalité, lorsqu'elle est née en 1945, le blocus était déjà terminé depuis un an.

La députée russe en jaune et bleu

Helga Pirogowa: Die Abgeordnete des Nowosibirsker Stadtparlaments sollte wegen ihres Farbcodes die Sitzung verlassen.
Helga Pirogova, députée du parlement de la ville russe de Novossibirsk a dû quitter la séance à cause de sa tenue aux couleurs de l'Ukraineimage: Twitter/hellpad

Helga Pirogova a pris clairement position au Parlement de Novossibirsk, en Sibérie: elle est apparue en chemisier bleu et avec une couronne de fleurs jaunes sur la tête. Les membres de l'assemblée lui ont ordonné de quitter la réunion. Le président a également voulu lui prendre son téléphone portable, a-t-elle écrit. Elle était dans un environnement plutôt hostile, car pendant l’assemblée, des masques imprimés d'un «Z» ont été distribués et un élu portait un t-shirt noir avec un grand Z au milieu. Un symbole de soutien à l'armée russe.

De plus, des perquisitions viennent d'avoir lieu chez les députés de l'opposition, sous le prétexte qu'ils auraient escroqué ou volé de l'argent à la ville dans le cadre de leurs activités. On ne sait pas si Helga Pirogova fait l'objet d'une enquête pénale.

L'ex-députée en détention

Abfahrt ins Gefängnis: Julia Galyamina wird mitgenommen zu ihrer 30-tägigen Haft, nachdem sie zu einer Anti-Kriegs-Kundgebung aufgerufen hatte.
Julia Galyamina est emmenée, pour 30 jours, en détention après avoir appelé à une manifestation contre la guerre.capture d'écran: Twitter/Galiamina

Julia Galyamina envoie actuellement des messages depuis la prison pour femmes de Sakharovo. L'ancienne députée du parlement de la ville de Moscou y est incarcérée pour 30 jours. Elle avait déjà été arrêtée avant le durcissement de la loi du 4 mars dernier lorsqu’elle avait appelé à la protestation avec la photo d'un calendrier et les mots «Pas de guerre». Les autorités lui reprochent «des violations répétées des règles relatives à la tenue de manifestation non autorisée». Son compagnon a filmé la manière dont elle a été emmenée.

Lors du procès, un scandale avait éclaté parce que la juge voulait lui interdire le dernier mot et avait appelé des huissiers pour cela. Julia Galyamina a maintenu sa position devant la juge. Depuis la prison, elle écrit que de nouvelles filles arrivent constamment et qu'une nouvelle section vient d'être ouverte. «Les femmes de Russie sont enfermées dans ces cellules, à cause de leurs convictions politiques». Mais ces femmes sont aussi l'espoir de la Russie.

L’artiste

Pavel a 30 ans et on n’en sait pas plus sur lui. La seule chose connue est qu’il a déposé une œuvre d’art devant le bâtiment gouvernemental à Ekaterinbourg. Son installation a été retiré en un rien de temps. On ne trouve aucune photo dans les médias russes, ils n'ont pas le droit de montrer l'œuvre.

Warnhinweis auf Raketenschachtel: Der Künstler Pavel stellte die Installation in Sichtweite zu Regierungsgebäuden auf, schrieb die Warnung, dass Militäreinsätze töten.
L’artiste Pavel a placé son œuvre à portée de vue des bâtiments gouvernementaux, écrivant sur le paquet que les opérations militaires tuent.image: Facebook/Partizaning

Il s'agit d'un grand paquet de cigarettes, mais avec des missiles à l'intérieur et un avertissement: «Bon sens. Les opérations militaires spéciales tuent.» Une amende de 45 000 roubles a été infligée à l’artiste par le tribunal de district. Son avocat a fait recours: «Les opinions divergentes ne discréditent pas les forces armées. C'est un peu insensé», selon le cite e1.eu.

Le prêtre

Dix membres de la communauté ont assisté au service religieux de Johannes Burdin dans la petite église de la Résurrection du Christ dans le village de Karabanowo. Un d'entre eux s’est présenté à la police et a dénoncé le prêtre. Johannes Burdin a ensuite été interrogé pendant des heures. Les médias locaux rapportent que, selon le procès-verbal du tribunal, il lui est reproché d'avoir «donné publiquement aux paroissiens des informations sur l'attaque des forces armées russes contre l'Ukraine» et d'avoir appelé les pays à la paix.

Der Priester Johannes Burdin wurde nach einer Ansprache an seine Gemeinde stundenlang von der Polizei befragt.
Le prêtre Johannes Burdin a été interrogé pendant des heures par la police après s'être adressé à sa communauté.image: Alexey Molotorenko)

Johannes Burdin a déclaré au quotidien économique russe Kommersant: «Si je n'ai pas le droit de dire que les bains de sang sont inadmissibles et qu'il est inacceptable de tuer des frères et des sœurs, alors de quoi devrais-je parler?» Il a été condamné à une amende de 35 000 roubles, mais a fait appel. Il ajoute:

«Bien sûr, je ne voulais pas de procès, d'amende, rien de tout ça. Mais peut-être que cette histoire est une chance pour le Seigneur que mes paroles ne soient pas uniquement entendues par les membres de ma communauté.»

L’homme avec les étoiles

Une feuille A4 avec huit astérisques, c'est ce que Mikhail Gusev tenait entre ses mains le 12 mars sur la place de la Révolution à Ivanovo, à 250 kilomètres au nord-ouest de Moscou. Et c'était suffisant pour l'arrêter. La combinaison «***» et «*****» peut facilement être comprise comme «Нет войне» - «pas de guerre».

"*** *****": Das steht auf dem DIN A4-Blatt von Mikhail Gusew. Er demonstrierte allein damit.
«*** *****»: c'est ce qui est écrit sur la feuille A4 de Mikhail Gusev. Il a manifesté et a été arrêté.image: OVD Info

Après tout, à Nijni-Novgorod, une femme a même été arrêtée devant les caméras avec un papier sur lequel était écrit: «Deux mots».

Le cas de Mikhail Gusev n'a pas encore été tranché. Un portail d'information régional a toutefois commenté: «Depuis l'étranger, il est très difficile d'imaginer et encore plus de comprendre ce que la Russie est devenue en quelques semaines seulement

Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz

Un potentiel «crime de guerre» filmé par un drone

Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Pourquoi l'objectif d'Israël est «impossible»
Dans quelle mesure Israël est-il proche de son but d'éradiquer le Hamas? Et à quel point cet objectif est-il réaliste? Un bilan après deux mois.

Il y a deux mois, le conflit israélo-palestinien a été ravivé par l'attaque brutale du Hamas contre Israël. Après la mort de 1200 Israéliens le 7 octobre, Israël s'est fixé comme objectif de détruire complètement le Hamas terroriste. Depuis, une offensive massive est en cours dans la bande de Gaza, tant par des attaques terrestres qu'aériennes.

L’article