Selon le président russe Vladimir Poutine, le système russe Glonass, l'équivalent du GPS, «a urgemment besoin d'être rénové». Les satellites datent en grande partie de l'époque soviétique et provoqueraient régulièrement des problèmes. Mardi, lors d'une rencontre avec des représentants militaires, Poutine aurait exigé des techniques de reconnaissance modernes «pour améliorer les capacités de notre système de satellites non seulement dans le domaine (réd: de la guerre en Ukraine), mais aussi au niveau mondial», selon le magazine américain Newsweek.
Poutine a donc admis que la guerre en Ukraine avait mis en évidence certains problèmes avec la technologie russe. Les satellites Glonass servent principalement à guider des missiles vers leur cible. En ce qui concerne la reconnaissance, les satellites russes sont probablement à la traîne.
Pavel Luzin, de la Jamestown Foundation, un think tank américain, fait la comparaison, dans un récent article pour le magazine en ligne Riddle:
Recevoir des images en différé semble avoir un impact sur le choix des cibles à frapper. «Faute de capacités de reconnaissance suffisantes, la Russie n'est pas en mesure de déployer ses armes de haute précision comme prévu», a expliqué Pavel Luzin au magazine Popular Mechanics. «C'est pourquoi la Russie a lancé sa campagne de terreur par missiles contre les villes et la population civile d'Ukraine».
La Russie possède quelque 160 satellites en orbite autour de la Terre, dont 25 font partie du système Glonass. En août, l'agence spatiale russe a déployé une fusée Soyouz 2 équipée d'un module Glonass K2 dans l'espace, afin d'améliorer la précision. Selon le site internet Russianspaceweb, qui suit les développements dans le domaine spatial russe, le lancement a dû être reporté pendant près de dix ans en raison des sanctions occidentales.
L'agence de presse publique russe Tass déclare que Glonass-K2 est la nouvelle génération de satellites de navigation du système de positionnement russe Glonass. Le concepteur en chef du système, Sergei Karutin, a affirmé que les satellites Glonass-K2 offriraient une précision de navigation de moins de 30 centimètres. Malgré de petits renouvellements, 14 des 25 satellites actuellement en orbite seraient obsolètes. La Russie a l'intention d'envoyer 15 nouveaux satellites dans l'espace d'ici l'année prochaine, comme l'avait déjà annoncé Tass il y a un an.
Un autre système n'est toujours pas opérationnel. Les satellites ECS sont censés s'occuper de missiles intercontinentaux: ils avertiraient des missiles ennemis et guideraient les missiles russes. Jusqu'à présent, cette tâche n'est assurée que par des radars terrestres, rapporte Riddle.
Pendant ce temps, l'Ukraine tente également de développer des mesures de défense capables de contrer les systèmes existants. Début novembre, l'Odessa Journal a ainsi fait état du succès de tests visant à confondre les drones ennemis. Il serait possible d'ériger une clôture de protection électronique de 600 mètres de diamètre dans laquelle les drones ne pourraient pas recevoir de signaux. Ce système permettrait également, selon l'article, de brouiller le réseau russe Glonass.
An interesting object located in the Koenigsberg Oblast was built in mid-2023, 5 km south of the airport in Chernyakhovsk.
— VaultDweller (@SzymonDomanski5) December 20, 2023
Circle radius approx. 580 m, area approx. 3.15 km2.
Please give me ideas :)
source: Copernicus - Sentinel@Maciej_Korowaj @benreuter_IMINT @halmiso1 pic.twitter.com/az5fE1XprK
Mercredi, le commandement militaire ukrainien a indiqué avoir bombardé d'importantes installations de communication de l'agence spatiale russe sur la péninsule de Crimée. Il n'est pas clair si celles-ci font aussi partie du système de contrôle de Glonass. De son côté, la Russie semble construire une grande installation à la frontière avec la Pologne dans l'enclave de Kaliningrad, comme le montrent les images satellites. Il pourrait s'agir d'une grande construction d'antennes qui pourrait servir à surveiller de grandes zones ou qui pourrait également fonctionner comme brouilleur. Pour le moment, il n'existe aucune information officielle sur cette construction.
La Russie cherche manifestement aussi l'aide de ses alliés en matière de technologie satellitaire. Selon l'agence de presse AP, Poutine aurait déclaré début novembre à un haut responsable militaire chinois que Moscou et Pékin doivent développer leur coopération dans le domaine des satellites militaires et d'autres technologies de défense prometteuses. «Je fais référence à l'espace, y compris aux installations en orbite, et aux nouveaux types d'armes qui garantiront la sécurité stratégique à la fois de la Russie et de la République populaire de Chine», a affirmé Poutine.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci