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Guerre en Ukraine: Poutine ment encore

Poutine ment encore

A Moscou, le président russe s'en est pris à l'Occident pendant près de quatre heures. Dans le conflit ukrainien, il propose un dialogue, mais celui-ci est empoisonné.
28.10.2022, 11:3229.10.2022, 12:28
Patrick Diekmann / t-online
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Le président russe Vladimir Poutine a mis en garde l'Occident contre une nouvelle aggravation de la situation en Ukraine. L'Occident joue un jeu «dangereux, sanglant et sale», a déclaré Poutine, jeudi, lors d'une intervention de près de quatre heures à un panel de discussions à Moscou.

«Nous nous trouvons au seuil d'une période historique: nous avons devant nous la décennie probablement la plus dangereuse, la plus imprévisible et en même temps la plus importante depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.»

Tôt ou tard, l'Occident devra discuter d'un avenir commun avec la Russie. Celle-ci se dit prête à dialoguer avec l'Ukraine pour mettre fin au conflit, mais Kiev ne voudrait pas s'asseoir à la table des négociations. Le problème pourrait pourtant être résolu facilement, a déclaré Vladimir Poutine: les Etats-Unis doivent pousser l'Ukraine à entamer des pourparlers de paix.

Russian President Vladimir Putin gestures while speaking at the plenary session of the 19th annual meeting of the Valdai International Discussion Club outside Moscow, Russia, Thursday, Oct. 27, 2022.  ...
Vladimir Poutine lors de son intervention à Moscou.image: keystone

Le Kremlin veut donner l'impression que l'Ukraine et les Etats-Unis s'opposent à la paix. Or, ce n'est pas vrai. Il est le seul à avoir lancé la guerre d'agression en Ukraine, le seul à pouvoir mettre fin au conflit dès demain en faisant retirer les troupes russes du territoire ukrainien.

Jusqu'à présent, Moscou n'a fait aucune offre de cessez-le-feu que Kiev pourrait accepter. C'est pourquoi les propos de Poutine mettent surtout en évidence une chose: l'offre de dialogue russe est empoisonnée, car elle vise à diviser l'Occident et non à apporter la paix.

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Poutine veut-il vraiment négocier un cessez-le-feu avec Zelensky? La communauté internationale en doute fortement.image: keystone

A Moscou, Poutine a de nouveau profité de l'occasion pour répandre ses fameux mensonges de guerre. Il a fait une erreur de jugement en envahissant l'Ukraine et semble désormais vouloir faire de la déformation historique. C'est ce qui ressort à plusieurs reprises de son intervention à Moscou.

Poutine a provoqué une escalade

Les Etats-Unis ne pensent pas non plus que la Russie soit réellement prête à discuter. Un porte-parole du gouvernement américain a déclaré que les propos de Poutine contenaient peu de nouveautés et n'indiquaient pas que le pays avait changé ses objectifs stratégiques.

Les derniers développements étaient inévitables, a déclaré Poutine. Selon lui, il pense constamment aux pertes subies par la Russie en Ukraine, mais la Russie aurait renforcé sa souveraineté et l'économie aurait mieux résisté que prévu. Il n'y a rien cette année qui le laisse déçu.

Pour rappel, la guerre russe contre l'Ukraine, en cours depuis février, a fait des dizaines de milliers de morts, dont de nombreux soldats russes. L'Occident a imposé des sanctions sévères contre la Russie en raison de ses actions.

Une chose est sûre: le chef du Kremlin ne cesse de bâtir le récit selon lequel l'Occident aurait imposé à la Russie les combats en Ukraine. Ce n'est pas vrai, car l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan) ne prévoyait, par exemple, jamais d'intégrer l'Ukraine dans l'alliance militaire.

En outre, c'est le Kremlin qui a soutenu les séparatistes dans le Donbass en 2014, qui a annexé la Crimée et qui a ainsi posé les bases des tensions actuelles. Poutine ne voulait pas que l'Ukraine – qui, selon lui, n'a de toute façon pas de raison historique d'exister en tant qu'Etat – face même un seul pas vers l'Ouest.

FILE - Russian President Vladimir Putin shakes hands with a soldier as he visits a military training centre of the Western Military District for mobilised reservists as Russian Defense Minister Sergei ...
Vladimir Poutine serre la main d'un soldat.image: keystone

La guerre énergétique russe

De nombreux pays européens sont confrontés à la forte augmentation des coûts de l'énergie, car le gaz russe n'arrive presque plus en Europe. Pourtant, un des gazoducs de Nord Stream 2 fonctionne encore, a déclaré Poutine. Mais l'Europe ne veut pas l'utiliser, selon lui. Le Kremlin soutient que la Russie n'est pas responsable de la crise en Europe et que c'est la faute des chefs d'Etat et de gouvernement des pays européens. La Russie ne serait pas non plus l'ennemie de l'Europe et n'aurait jamais eu d'intentions malveillantes à son égard.

Là encore, c'est un mensonge. Après tout, Poutine a initié une guerre en Europe. C'est la Russie qui tente de modifier les frontières par la force. Son invasion a déclenché une crise énergétique qui a un impact négatif sur la qualité de vie de nombreuses personnes, que ce soit en Russie ou dans le reste de l'Europe. Et là, il n'y a qu'un seul responsable: Vladimir Poutine.

Le débat sur les armes nucléaires a pris de l'ampleur, a déclaré Poutine. Cela serait dû à l'ex-première ministre britannique Liz Truss, qui aurait déclaré que son pays était prêt à utiliser des armes nucléaires si les circonstances l'exigeaient.

De son côté, la Russie n'aurait jamais parlé de l'utilisation d'armes nucléaires. En réalité, Poutine et d'autres politiciens de haut rang se sont bien exprimés à ce sujet. L'ancien président Dmitri Medvedev avait, par exemple, déclaré fin septembre que la Russie avait le droit d'utiliser des armes nucléaires «si cela s'avérait nécessaire». Ce n'est «certainement pas du bluff». Poutine a même déclaré, jeudi, que la Russie avait une doctrine militaire qui prévoyait également l'utilisation d'armes nucléaires, mais que celle-ci n'est prévue qu'en cas de défense.

«Bombe sale»: Les accusations contre Kiev

En ce qui concerne l'accusation de la Russie selon laquelle l'Ukraine planifierait l'utilisation d'une «bombe sale», Poutine a réaffirmé que Kiev disposait de la technologie nécessaire à la fabrication d'une telle bombe. Il a donc demandé à son ministre de la Défense d'informer l'Occident sur le risque d'une telle bombe. On appelle «bombe sale» un engin explosif mélangé à un matériau radioactif qui peut certes causer de graves ravages, mais dont la puissance n'est pas comparable à celle d'une bombe atomique.

Recruits fire during a military training at a firing range in the Rostov-on-Don region in southern Russia, Tuesday, Oct. 4, 2022. Russian Defense Minister Sergei Shoigu said that the military has recr ...
Des réservistes russes en formation: le président russe a décrété la loi martiale dans plusieurs régions d'Ukraine.image: keystone

Rien n'indique que l'Ukraine contamine sa propre population et son propre territoire. Cela n'a pas non plus de sens sur le plan militaire, car l'armée ukrainienne gagne tout de même du terrain. En Occident, on craint de plus en plus que le Kremlin n'envisage d'utiliser une «bombe sale», voire même une arme nucléaire tactique, face à la contre-offensive ukrainienne.

Poutine a réitéré ses déclarations antérieures selon lesquelles la Russie avait tenté d'établir une relation amicale avec l'Occident et l'Otan, mais qu'elle aurait reçu des réponses négatives. L'Occident tenterait de rendre la Russie vulnérable et frappe de sanctions tous ceux qui ne veulent pas se plier à lui. Selon Poutine, la Russie ne défie pas l'Occident, mais veut conserver son droit à se développer.

Des mots chaleureux pour la Chine et la Turquie

Les sanctions de l'Occident contre Moscou n'existent toutefois que parce que la Russie commet depuis 2014 des vols de terres sur le territoire ukrainien. Celles-ci n'ont rien à voir avec une prétendue oppression de la Fédération de Russie, mais ce sont bel et bien les conséquences des agressions de Poutine. Après tout, de nombreux pays occidentaux ont noué des liens économiques étroits avec la Russie, se sont rendus très dépendants des matières premières russes et ont ignoré de nombreux signes avant-coureurs de cette guerre. Et c'est Poutine qui a démoli ces relations amicales.

Chinese President Xi Jinping, left, and Russian President Vladimir Putin pose for a photo on the sidelines of the Shanghai Cooperation Organisation (SCO) summit in Samarkand, Uzbekistan, Thursday, Sep ...
Xi Jinping et Vladimir Poutine: la Russie dépend de la bienveillance de la Chine.image: keystone

Le président russe a en outre relevé positivement la Turquie, membre de l'Otan, et la Chine. Selon lui, la Turquie est un partenaire fiable et le président turc Recep Tayyip Erdoğan un dirigeant fort. Les deux pays auraient de nombreux intérêts communs. Poutine dit que les relations de la Russie avec la Chine sont très ouvertes et efficaces et que les échanges commerciaux entre les deux pays sont en hausse. Il qualifie même le président chinois Xi Jinping d'ami. De plus, le rôle de l'Inde dans les relations internationales devrait également s'accroître. En outre, le prince héritier saoudien, récemment critiqué par les Etats-Unis, doit être respecté, selon Poutine.

Poutine met donc surtout en avant les Etats qui, par intérêt personnel, ne critiquent pas la guerre d'agression russe sur la scène internationale. La Turquie et l'Inde se comportent de manière neutre avant tout pour des intérêts économiques, alors que la Chine, comme Poutine, aspire à un monde multipolaire et se voit en conflit géopolitique avec les Etats-Unis. Poutine sait qu'avec sa guerre d'agression en Ukraine, il s'est rendu dépendant de la République populaire, car le président russe sait aussi une chose: son gouvernement n'a plus beaucoup d'amis et de partenaires stratégiques au niveau international.

Avec du matériel de l'agence de presse Reuters

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