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Reine Elizabeth II

«Grand Paul», l'homme qui connait tous les secrets de la reine Elizabeth

Il a servi fidèlement la Reine pendant plus de 44 ans. Qui est Paul Whybrew, le page chargé de se plonger dans les secrets de feu Elizabeth II?
Il a servi fidèlement Sa Majesté pendant plus de 44 ans. Qui est Paul Whybrew, le page chargé de se plonger dans les archives secrètes de feu Elizabeth II? montage: watson

Cet homme connaît tous les secrets de la reine

Le valet le plus discret et le plus fidèle d'Elizabeth II vient d'hériter d'une mission historique: décortiquer le journal de la défunte reine pour déterminer ce qu'il convient de faire de ses pensées les plus intimes. Qui est «Grand Paul», ce page aussi maladivement discret que totalement dévoué à son ancienne maîtresse?
12.09.2023, 18:2712.09.2023, 23:33
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De ses yeux bleus fixes et ses traits figés, Paul Whybrew ne cille pas. Ce 19 septembre 2022, alors que le Royaume-Uni enterre sa reine, le valet de pied royal de 63 ans honore sa patronne et sa réputation. Un coup d'œil à cet élégant personnage au regard froid, tout en noir et en longueur, suffit à saisir pourquoi il a tant plu à Elizabeth II, près de 44 ans plus tôt.

WINDSOR, UNITED KINGDOM - SEPTEMBER 19: (EMBARGOED FOR PUBLICATION IN UK NEWSPAPERS UNTIL 24 HOURS AFTER CREATE DATE AND TIME) Paul Whybrew, Page of the Backstairs to Queen Elizabeth II, attends the C ...
Le jour des funérailles, insondable, Paul Whybrew se trouve en première ligne.Getty Images Europe

Alors que la dépouille de la reine d'Angleterre s'apprête à goûter au repos éternel dans la fraîcheur de la chapelle St-George de Windsor, son «Page of the Backstairs» est loin de connaître une retraite similaire. Paul Whybrew est sur le point de se voir confier par le nouveau souverain, Charles III en personne, une toute dernière mission: se plonger dans les archives d'Elizabeth II, et déterminer ce qu'il convient d'en faire. Les dévoiler au monde ou les cacher pour toujours.

«Pour cette tâche, le roi Charles avait besoin de quelqu'un de confiance, quelqu'un dont il pouvait être sûr qu'il ne soufflerait jamais un mot de ce qu'il y trouverait»
Un initié royal, au Daily Mail.

Le rituel sacré du journal intime

Une mission historique et d'une ampleur délirante. 81 ans de pensées quotidiennes à peser, sous-peser et analyser. Tous les soirs, depuis l'âge de 15 ans, Elizabeth se plie à son rituel d'écriture. Une quinzaine de minutes tout au plus, durant lesquelles Sa Majesté ne doit être dérangée sous aucun prétexte. A l'exception d'une «urgence nationale», évidemment.

Autant de décennies et de mots déposés dans des carnets de cuir noir, entreposés dans un tiroir de son secrétaire, dont la souveraine conserve précieusement la clé sur elle. Si Elizabeth a confirmé leurs existences, elle s'est toujours montrée très évasive.

«Je tiens un journal, mais pas comme celui de la reine Victoria. Il est assez petit»
Elizabeth II, lors d'une discussion avec l'évêque de Chelmsford, retransmise dans un documentaire.

«Mais, vous l'écrivez de votre propre main?», s'étonne l'évêque de Chelmsford. «Oh oui», répond la monarque avec son humour british légendaire. «Je ne peux pas l'écrire autrement!»

Queen Victoria writing a letter. Original Publication: People Disc - HU0190 (Photo by W & D Downey/Hulton Archive/Getty Images)
L'arrière-arrière-grand-mère d'Elizabeth écrivait également tous les jours dans ses journaux. 122 volumes dont sa fille a détruit des sections entières, jugées trop franches ou personnelles, avant de les rendre publiques.Image: Hulton Royals Collection

Toutefois, pas sûr que le public juge ces confessions aussi «petites» que veut bien le laisser entendre Elizabeth. Le contenu de ces carnets fait déjà saliver les historiens, correspondants royaux et amateurs de potins. De ses rencontres avec Winston Churchill, Barack Obama et Donald Trump, pour ne citer qu'eux, à sa relation avec Diana ou son regard sur le «Megxit»: personne ne sait ce que contiennent précisément ces journaux. A l'exception du regretté prince Philip, son mari, seul élu à avoir été autorisé à y jeter un œil.

Sans oublier que, outre ces carnets, les archives d'Elizabeth II comprennent une abondante correspondance sur tous les sujets possibles et imaginables. Selon le Daily Mail, on y trouverait notamment les premières lettres entre Elizabeth et son futur époux. De quoi faire arracher quelques larmes d'envie aux scénaristes de The Crown.

Autant de documents incroyables et forcément très privés que Charles ne pouvait se permettre de laisser à la portée du premier historien venu. Pour sélectionner les secrets d'Elizabeth qui rejoindront les archives nationales, personne ne semblait mieux placé que le valet le plus discret et le plus respecté de Buckingham Palace: le «Grand Paul».

L'indétrônable favori d'Elizabeth

En 44 années de service, c'est peu dire que Paul Whybrew a eu le temps de prouver sa loyauté à toute épreuve. Ce fils d'un banquier de l'Essex a fait toute sa carrière au sein de la royauté pour devenir, en 2022, l'employé le plus ancien au service de la reine. Engagé à 19 ans comme «valet de pied junior», ce grand gaillard est rapidement repéré par sa noble employeuse - pas tant pour son mètre 93, mais parce qu'il excelle avec ses corgis, dont il a l'habitude.

The footman Paul Whybrew (left) who tackled the intruder, Michael Fagan, who managed to get into the Queen's Bedroom. (Photo by PA Images via Getty Images)
Embauché en 1978, «Tall Paul» a été récompensé de l'Ordre royal de Victoria pour ses longs et fidèles services. PA Images

Cette promotion est à l'origine de son surnom. Paul travaille désormais aux côtés de «l'autre» Paul, Burrell, futur majordome de la princesse Diana. Pour les différencier, Elizabeth II baptise Burrell «Small Paul» et Whybrew «Tall Paul». Un gage d'affection qui restera collé au dos du grand majordome.

WINDSOR, UNITED KINGDOM - NOVEMBER 19: Queen Elizabeth II and her aide, Paul Whybrew (L), Peer Around A Door To Check The Limousine Awaiting For French President Jacques Chirac And His Wife As They De ...
Toujours dans l'ombre d'Elizabeth, son page est indispensable.Image: Tim Graham Photo Library

C'est vrai qu'il a quelque chose de spécial, ce Paul Whybrew. Un truc qui le distingue de tous les employés royaux. Pas seulement son célibat obstiné (il n'est «marié» qu'avec son devoir, disent ses amis au Daily Mail) ou sa volonté ferme de rester dans la maison de la reine, quand d'autres employés font des tournus. Dans ce monde gorgé de médisances et de jalousies qu'est la cour, il est le seul à ne s'être jamais fait «aucun ennemi».

Ses attributions exactes sont difficiles à définir. Sur le papier, le travail du page consiste à répondre aux besoins quotidiens de la reine: la réveiller pour le petit-déjeuner, gérer sa correspondance et ses appels téléphoniques, introduire ses visiteurs et prendre soin de ses chiens bien-aimés. Sauf que dans les faits, Paul Whybrew fait bien plus que cela. Répondre aux appels angoissés d'Harry depuis la Californie. Connaître par cœur les grilles horaires des programmes préférés de Sa Majesté à la télévision. Remplacer son Gin et le Dubonnet par du jus de pomme, lorsque les médecins lui préconisent d'arrêter de boire.

L'indispensable valet de pied est de tous les jubilés, de tous les déménagements, de tous les chamboulements dans le quotidien royal - heureux comme tragiques. C'est lui qui, ce célèbre matin de juillet 1982, prend les choses en main lorsqu'un intrus du nom de Michael Fagan pénètre dans le palais de Buckingham et se faufile jusque dans la chambre d'Elizabeth. Une fois l'alerte donnée, vers 7h15, le page escorte poliment le chômeur londonien de 33 ans dans une autre pièce et lui sert un scotch. En attendant l'arrivée de la police.

«Il sentait que sa place était aux côtés de la reine aussi longtemps qu'elle le voulait. Le fait est qu'elle l'a toujours voulu. Elle lui faisait implicitement confiance et il savait tout, mais il ne le dirait jamais»
Un ami proche, au Daily Mail.

Etre valet de pied d'Elizabeth II, c'est aussi partager le sens de l'humour de la monarque - et la vedette dans les films. Vous avez probablement déjà aperçu la bobine du «Grand Paul» en 2012, à l'occasion la vidéo diffusée lors de l'ouverture des Jeux olympiques de Londres. Le page fait une incursion malicieuse dans la mythique vidéo aux côtés de James Bond.

On ne résiste pas au plaisir de vous le glisser ici...

En 2006, lorsque la monarque de 80 ans quitte son inamical château de Buckingham Palace pour le cadre plus familier du château de Windsor, elle le glisse évidemment dans ses valises. Des années, plus tard, en plein confinement, le Grand Paul fait aussi partie de la «bulle» restreinte autorisée à accompagner le couple royal au château de Balmoral. Aux côtés d'une certaine Angela Kelly, habilleuse et «meilleure amie» de la reine, Paul Whybrew est l'un des rares élus à faire fi de la distance sociale.

Le page joue évidemment un rôle indispensable dans le dernier été de la reine, en Ecosse. Alors que la santé d'Elizabeth se dégrade à vue d'œil, à «Tall Paul» d'user de son flegme britannique, de garder la tête froide et de convaincre le personnel d'en faire de même.

Ses derniers jours à Balmoral sont rythmés par les puzzles, la lecture quotidienne du quotidien préféré de Sa Majesté, le Racing Post, et de courses à la télévision, à ses côtés. L'indispensable assistant l'est, plus que jamais, pour «garder le moral et l'esprit vif» de sa reine. Un rôle lourd et si capital, qu'il lui incombera aussi de contacter d'anciens collaborateurs avant sa mort, selon un initié.

Le récit de ces dernières heures, ici

Ce 19 septembre, alors que la reine s'est éteinte dix jours plus tôt, le plus ancien membre du personnel royal fait partie des 10 employés à accompagner le cercueil de leur maîtresse pour son dernier voyage, du palais de Buckingham à la crypte familiale.

Une mission historique

Avant de savourer une retraite bien méritée dans son modeste cottage sur le domaine de Windsor - un cadeau d'Elizabeth II pour récompenser ses quatre décennies de bons et loyaux services - Paul Whybrew a un ultime acte de dévotion à accomplir. Deux jours par semaine, il enfile ses gants de satin pour éplucher les milliers de pages inestimables. Des mois de travail l'attendent.

Selon le Daily Mail, à lui de répartir ces pièces d'histoire dans trois catégories distinctes: les moins sensibles seront rendues publiques, quand les plus privées iront rejoindre un catalogue qui sera présenté au roi Charles. Lequel décidera lui-même de les dévoiler ou de les dissimuler dans les archives de la famille Windsor. Enfin, les documents jugés «intermédiaires» seront rangés dans les archives restreintes de la bibliothèque du château de Windsor, et ne seront présentés qu'à une poignée d'universitaires sur demande.

Pour façonner l'histoire et préserver la mémoire d'Elizabeth, pas de doute, Charles III n'aurait pas pu trouver plus à la hauteur de la tâche que le «Grand Paul». Quant à la reine, elle peut se rassurer: nous ne risquons pas de voir un jour ses confessions les plus inavouables se répandre quelque part. Selon un assistant, «Paul est si discret qu'il emportera ses secrets dans la tombe».

Les funérailles d'Elisabeth II
Video: watson
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