En juin dernier, un tableau de la National Portrait Gallery de Londres faisait jaser les médias britanniques. Précisons plutôt: sa disparition. Thème de l'œuvre manquante: un «tendre» regard et une «conversation détendue» échangés entre les princes Harry et William.
Mais où se cache donc ce précieux témoignage d'amour fraternel? Très vite, on murmure que la marraine de la Portrait Gallery, qui vient de célébrer sa réouverture après trois ans de travaux, aurait joué un rôle décisif dans le réaménagement de la salle d'exposition.
Et vous ne devinerez jamais qui est ladite royale marraine... Kate Middleton, pardi.
Depuis dix ans, la princesse de Galles prend son parrainage très au sérieux et a visité la galerie à plusieurs reprises. En 2013, elle a même été photographiée devant le fameux portrait litigieux à l'occasion d'une réception dans le musée.
Interrogée sur ce réagencement plus que louche, la galerie a démenti toute pression de Buckingham Palace.
Au contraire, le musée assure que «les décisions concernant les portraits exposés à la National Portrait Gallery sont prises par l'équipe de conservation», sans intervention extérieure, et que l'oeuvre retrouvera sa place sur les murs du musée un jour venu.
La peinture au cœur des toutes les rumeurs est un coup de maître de l'artiste Nicky Philipps. A l'époque de sa réalisation, il n'est pas encore question de Megxit ou de fracture entre les deux frères, comme l'explique son auteure la semaine passée dans le Times: «Ils étaient comme n'importe quel frère. (...) William était très fraternel, presque paternel. Il a aidé Harry à boucler sa ceinture.»
L'artiste de 58 ans se souvient de ce moment avec émotion:
Et du coup, qu'ont pensé les frangins de leur portrait?
Une remarque qui agace encore la portraitiste royale: «C'est très ennuyeux parce que les gens disent: "Elle l'a flatté"».
Or, selon Nicky Philipps, la perte de cheveux de William s'est brusquement accélérée entre le moment de son portrait et sa révélation, un an plus tard. Il faut accorder à l'artiste qu'à l'époque, le prince avait encore passablement de poils sur le caillou. La preuve.
Avant d'être accusée de sublimer le crâne du prince William, Nicky Philipps a eu l'insigne honneur de représenter la reine Elizabeth II à trois reprises, dont une fois en compagnie de ses corgis adorés.
Pour l'anecdote, le nombre de chiens représentés sur la composition a été un sujet de débat. «La Reine a demandé: "Combien en voulez-vous ?"», se souvient la peintre auprès du Times. «Un seul aurait été inutile, car tout le monde savait qu'elle avait plus d'un chien, alors que deux n'étaient pas satisfaisants sur le plan de la composition. Trois signifierait que le quatrième chien serait laissé de côté.»
«Oh mon Dieu! On ne peut pas faire ça, n'est-ce pas?», se serait étranglée la Reine.
«Alors, je les ai tous entassés», conclut Nicky Philipps.
Plus tard, l'artiste a appris qu'Elizabeth avait été gênée par un détail de la peinture, au point d'en faire part à l'expert en tableaux de Buckingham Palace: les chiens piétinant la traîne de sa robe.
Une entorse à l'étiquette qui n'a pas empêché Sa Majesté d'adorer ce portrait et de l'accrocher dans la salle du trône. «C'était à cause des chiens. Elle n'était pas vraiment vaniteuse.»
Justement! En parlant de ça... la Reine, comme modèle, elle était comment? La réponse de Nicky Philipps tient en deux mots:
C'est-à-dire? «Elle racontait beaucoup d'histoires et de blagues, et restait très drôle tout au long de la séance.» Elle pouvait même se montrer si bavarde que cela posait quelques problèmes à sa portraitiste: «Je ne veux pas que les gens aient la bouche ouverte. Le sourire, c'est pour les photos», explique Nicky Philipps.
«Elle était si obligeante. Je pense qu'elle voulait juste en finir avec tout ça», conclut la peintre avec tendresse. Il faut dire que la monarque disparue s'était prêtée à l'exercice à d'innombrables reprises: on estime qu'elle aurait prêté ses traits à quelque 135 représentations.
Alors, pour s'occuper pendant les longues séances de pose, Sa Majesté se transformait tantôt en espionne, tantôt en humoriste: «Elle traquait un jogger à Green Park depuis la fenêtre, puis racontait l'histoire d'un garde tombant de son cheval et roulant comme un scarabée.»
Maintenant qu'Elizabeth II n'est plus là, Nicky Philipps espère que d'autres propositions royales viendront: «Bien sûr, j'aimerais peindre le roi. Il a un visage absolument fascinant.» La reine Camilla et «ses très beaux yeux» sont également sur sa wish-list.
Quid des turbulents Meghan et Harry? «J'aimerais bien. Il y a des gens un peu controversés dans le monde que j'ai envie de peindre. Ils seraient sur la liste.» Pas sûr, pas contre, que ceux-là trouvent bonne place dans la National Portrait Gallery.