International
Reportage

Key West: en Mustang décapotable jusqu’au «paradis des gays»

Quitter le chaos de Miami pour filer au bout du monde, au volant d’une Mustang décapotable, c’est vivre le cliché américain dans toute sa splendeur. Quatre heures de route, 42 ponts et un chapelet d’î ...
La fameuse Overseas Highway se fait plus volontiers en Mustang qu'en Clio, mais après, c'est personnel.Image: margaux habert

J’ai roulé en Mustang jusqu’au «paradis des gays»

Quitter le chaos de Miami pour filer en décapotable au bout du monde, c’est vivre le cliché américain à fond. Quatre heures de route, 42 ponts et un chapelet d’îles plus tard, me voilà à Key West: refuge pour la communauté LGBT+.
12.10.2025, 18:5912.10.2025, 18:59

Je quitte Miami au volant d’une Mustang décapotable qui brille presque autant que le soleil, déjà bouillant à 8 heures ce samedi matin. Cliché? Oui. Le rêve américain ou rien. Et avant que vous ne pensiez que les journalistes sont trop bien payés, sachez que ce petit caprice m’a coûté moins de 250 francs.

Quitter le chaos de Miami pour filer au bout du monde, au volant d’une Mustang décapotable, c’est vivre le cliché américain dans toute sa splendeur. Quatre heures de route, 42 ponts et un chapelet d’î ...
Je la rentabilise en me la racontant un peu, oui.Image: Margaux Habert

A mesure que je m’éloigne de la ville, les gratte-ciel disparaissent, remplacés par des palmiers et des stations-service à l’ancienne. La route s’allège, mes nerfs aussi. Direction Key West et ses influences cubaines, qu'on présente comme un havre de paix pour la communauté LGBT+.

Je traverse les petites villes où le temps semble s’être arrêté. Diners aux néons fatigués, lotissements sans charme, supermarchés gigantesques… Enfin, je laisse le béton de Homestead et Florida City derrière et m’enfonce dans le paysage verdoyant des Everglades.

HELL YEAH 🇺🇸
Alors que vous subissez les afres d’une météo de merde automnale, j’ai décidé de m’expatrier quelques semaines en Floride. Je vous raconte mes anecdotes de road trip afin que vous puissiez voyager par procuration, et moi, justifier mes notes de frais absurdes, genre «location Mustang» et «bouffe chez Hooters». Hell yeah!

Une route mythique et David Hasselhoff

L’horizon s’ouvre, me voilà sur l’Overseas Highway. Cette longue bande d’asphalte déroule ses quarante-deux ponts qui relient des dizaines d’îles. Comme un collier de perles jeté sur l’Atlantique à gauche, le golfe du Mexique, ou d’Amérique comme dirait l’autre, à droite.

Par moments, j’aperçois un pont délabré, rongé par la rouille. C’est l’ancienne voie de chemin de fer du début du XXᵉ siècle.

Quitter le chaos de Miami pour filer au bout du monde, au volant d’une Mustang décapotable, c’est vivre le cliché américain dans toute sa splendeur. Quatre heures de route, 42 ponts et un chapelet d’î ...
Sur la droite, là.Image: unsplash

A l’époque, on pouvait rejoindre Key West en train. Mais en 1935, un ouragan monstre ravage la ligne.

Quitter le chaos de Miami pour filer au bout du monde, au volant d’une Mustang décapotable, c’est vivre le cliché américain dans toute sa splendeur. Quatre heures de route, 42 ponts et un chapelet d’î ...
Depuis, ces vestiges, sorte de cicatrices de béton et de métal, beaux et laids à la fois, donnent à la route une aura mélancolique.Image: unsplash

Une Mustang et un tel décor appellent une bande-son à la hauteur; Jolene de Dolly Parton, Country Roads par David Hasselhoff... L’Amérique qu’on mérite, celle des routes interminables et du too much assumé.

Je file de Key en Key: Islamorada, terre promise des pêcheurs sportifs, Marathon et son ambiance familiale, Big Pine Key et ses cerfs nains endémiques.

Quitter le chaos de Miami pour filer au bout du monde, au volant d’une Mustang décapotable, c’est vivre le cliché américain dans toute sa splendeur. Quatre heures de route, 42 ponts et un chapelet d’î ...
C'est beau!Image: unsplash

Et enfin, Key West. La ville colorée se dévoile, avec ses maisons victoriennes en bois, les chaises sous les porches, les poulets qui traversent la route. Bienvenue au bout du monde, ou en tout cas, au bout de la Floride.

Quitter le chaos de Miami pour filer au bout du monde, au volant d’une Mustang décapotable, c’est vivre le cliché américain dans toute sa splendeur. Quatre heures de route, 42 ponts et un chapelet d’î ...
Les maisons envahies de bougainvilliers donnent l’impression de visiter une carte postale.Image: Margaux Habert

Le charme de l’île réside dans cette lenteur, cette douceur de vivre qui a séduit Hemingway lui-même, venu chercher ici un refuge face au vacarme du monde.

Quitter le chaos de Miami pour filer au bout du monde, au volant d’une Mustang décapotable, c’est vivre le cliché américain dans toute sa splendeur. Quatre heures de route, 42 ponts et un chapelet d’î ...
Les poules et les coqs vivent en liberté, ici, et sont des animaux protégés.Image: Margaux Habert

Des gays (et des) retraités

Key West est aussi un «paradis pour les gays». Dans le centre, les drapeaux arc-en-ciel sont omniprésents. Aux balcons, peints sur les vitrines, déclinés en mugs ou en slips moulants.

Quitter le chaos de Miami pour filer au bout du monde, au volant d’une Mustang décapotable, c’est vivre le cliché américain dans toute sa splendeur. Quatre heures de route, 42 ponts et un chapelet d’î ...
Des arc-en-ciel partout, vous dis-je.Image: Margaux Habert

Par curiosité, j’entre dans une boutique de slips en cuir et demande au vendeur pourquoi cette île, qui me semble tout de même passablement peuplée de retraités blancs un brin MAGA, affiche autant de couleurs.

On reste dans un Etat républicain, où le gouverneur Ron DeSantis a tenté, via son projet de loi surnommé «Don’t Say Gay», d’interdire l’évocation de l’homosexualité et de l’identité de genre dans les écoles. Pas vraiment le genre de climat qu’on imagine favorable à une telle liberté d’expression.

Il me sourit. «Vous savez, parmi ces retraités américains, il y en a beaucoup qui sont eux-mêmes gays.»

«Certains n’ont jamais fait leur coming out, mais ici, ils sont libres»
Le vendeur de slips en cuir

L'île est un échappatoire, où l’on vient chercher à la fois le soleil et l’anonymat bienveillant. Ici, on accepte tout le monde: les Cubains, les couples gays, les touristes. Sans oublier les retraités MAGA; ceux qui n’en pensent pas moins mais qui vous foutent la paix.

J’interroge des locaux dans la rue, ils me tiennent exactement le même discours. C’est d’ailleurs aussi le message affiché devant la St. Paul's Episcopal Church, l’une des églises de l'île.

Quitter le chaos de Miami pour filer au bout du monde, au volant d’une Mustang décapotable, c’est vivre le cliché américain dans toute sa splendeur. Quatre heures de route, 42 ponts et un chapelet d’î ...
«Dieu aime tout le monde. Sans exception.»Image: Margaux Habert

Devant le lieu de culte, un homme m'explique que c'est le «paradis des gays», ici.

«La communauté y est implantée depuis longtemps, c'est un endroit un peu spécial, Key West. C'est une République, les gens sont des rebelles depuis longtemps, ici.»
L'homme devant l'église

Il fait référence à l'indépendance de Key West; la création de la République de Conch le 23 avril 1982, une sécession fictive des Etats-Unis pour protester contre la police des frontières. Un «micro-Etat pour de faux» qui fait vendre de nombreux magnets aux touristes.

Après un crochet par la maison d’Hemingway et le Southernmost Point, une borne de près de quatre mètres qui rappelle qu’on se trouve au point le plus au sud des Etats-Unis...

Quitter le chaos de Miami pour filer au bout du monde, au volant d’une Mustang décapotable, c’est vivre le cliché américain dans toute sa splendeur. Quatre heures de route, 42 ponts et un chapelet d’î ...
La sculpture indique que l'on se trouve à moins de 150km de Cuba.Image: unsplash

... un incroyable sandwich cubain au porc, un «pan con lechón» et une part de Key lime pie, LE dessert local par excellence, il est temps de dire au revoir à cette parenthèse insulaire.

Quitter le chaos de Miami pour filer au bout du monde, au volant d’une Mustang décapotable, c’est vivre le cliché américain dans toute sa splendeur. Quatre heures de route, 42 ponts et un chapelet d’î ...
On vend un rein sans sourciller pour un tel gâteau.Image: Margaux Habert

En fin de journée, l’Overseas Highway s’offre une nouvelle mise en scène. Cette fois, le soleil tombe derrière moi.

Quitter le chaos de Miami pour filer au bout du monde, au volant d’une Mustang décapotable, c’est vivre le cliché américain dans toute sa splendeur. Quatre heures de route, 42 ponts et un chapelet d’î ...
Capote remise; j'en avais marre d'avoir les cheveux dans la tronche.Image: Margaux Habert

Summertime Sadness de Lana Del Rey fait vibrer l’habitacle. Rien que pour cette route d'île en île, le road trip au paradis des gays, des coqs libres et des sandwichs cubain, vaut le détour. Bonus si vous la faites en Mustang avec une playlist cliché.

20 plats américains qui méritent d'être connus
1 / 22
20 plats américains qui méritent d'être connus

La clam chowder est un plat populaire dans tout le pays, mais la meilleure se trouve en Nouvelle-Angleterre.

source: boston globe / boston globe
partager sur Facebookpartager sur X
Un alligator se ballade peinard dans un quartier de Floride
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
As-tu quelque chose à nous dire ?
As-tu une remarque pertinente ou as-tu découvert une erreur ? Tu peux volontiers nous transmettre ton message via le formulaire.
1 Commentaire
Votre commentaire
YouTube Link
0 / 600
1
Lecornu s’apprête à dévoiler un gouvernement de compromis
Attendu dimanche soir, le second gouvernement de Sébastien Lecornu doit concilier urgence budgétaire et équilibre politique. Le Premier ministre veut associer profils techniques et élus expérimentés, mais son équipe pourrait ne pas survivre à une motion de censure annoncée.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a proposé, selon Matignon, un «mélange de société civile avec des profils expérimentés et de jeunes parlementaires» pour son deuxième gouvernement, qui doit être dévoilé dimanche soir et a été composé dans l'urgence pour déposer un projet de budget à temps.
L’article