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Le Royaume-Uni durcit sa politique d'asile

Protesters hold placards during a demonstration in Orpington near London, Friday, Aug. 22, 2025 as the dilemma of how to house asylum-seekers in Britain got more challenging for the government after a ...
Des manifestants près de Londres, le vendredi 22 août 2025.Image: AP

Le Royaume-Uni durcit sa politique d'asile

Le gouvernement britannique a présenté lundi une réforme sur sa politique d'asile et d'immigration. Il espère décourager les arrivées irrégulières de migrants sur de petits bateaux.
17.11.2025, 20:4617.11.2025, 20:46

La grande réforme dévoilée ce lundi par le gouvernement travailliste britannique a été défendue par la ministre de l'Intérieur, Shabana Mahmood, comme «la plus ambitieuse» mise en place au Royaume-Uni. Elle est toutefois critiquée par certains députés du Labour et des défenseurs des droits des réfugiés.

Son objectif est de durcir la politique d'asile et d'immigration. Le gouvernement espère ainsi décourager les arrivées irrégulières de migrants sur de petits bateaux qu'il peine à endiguer et qui alimentent la montée de l'extrême droite.

Voici les principales mesures de cette réforme.

Statut temporaire pour les réfugiés

Le statut de réfugié va devenir temporaire. Leur situation sera réexaminée tous les 30 mois. Ceux qui ont fui la menace d'un régime pourront être renvoyés dans leur pays d'origine en cas de changement de régime, indique le gouvernement, citant l'exemple de la Syrie, où un petit nombre de personnes ont commencé à rentrer «sur la base du volontariat» après la chute du régime de Bachar al-Assad.

Les réfugiés devront attendre 20 ans, contre cinq actuellement, pour demander un titre de résidence permanente, une mesure largement inspirée du modèle danois.

Le gouvernement veut aussi pouvoir renvoyer plus facilement les familles quand «elles viennent d'un pays d'origine sûr».

Shabana Mahmood espère que ces mesures décourageront les arrivées par la Manche. Depuis le 1er janvier, 39 292 personnes sont arrivées à bord de petites embarcations, soit plus qu'en 2024, et la quasi-totalité demandent l'asile dans la foulée.

Les possibilités d'appels en cas de refus doivent aussi être réduites.

Accès aux aides limité

Le gouvernement travailliste prévoit de supprimer le soutien financier automatique de l'Etat aux demandeurs d'asile, alloué à plus de 106 000 personnes en mars 2025. Actuellement, il leur verse une allocation hebdomadaire et leur fournit un hébergement, mais le recours – coûteux – à des hôtels pour loger les demandeurs d'asile est très critiqué.

Les aides sociales seront également supprimées «pour ceux qui ont le droit de travailler et qui peuvent subvenir à leurs besoins» mais ne le font pas, ou encore pour les personnes condamnées.

Le gouvernement n'a pas démenti une information du tabloïd The Sun, selon laquelle il envisage de puiser dans les ressources (argents, biens) des personnes demandant l'asile pour financer leur hébergement. «Il est normal que les personnes possédant des biens contribuent à leur prise en charge», a déclaré le secrétaire d'Etat à l'immigration Alex Norris sur Times radio.

Faciliter les expulsions

Le gouvernement veut modifier l'application au Royaume-Uni de la Convention européenne des droits de l'homme pour faciliter les expulsions.

Shabana Mahmood compte réduire le champ de son article 8 sur le droit au respect de la vie privée et familiale. Londres entend aussi réformer la loi sur l'esclavage moderne, découlant de l'article 3 de la CEDH, pour réduire son champ d'application devant les tribunaux en matière de demande d'asile.

Les demandes d'asile ont augmenté de 18% en 2024, alors qu'elles baissaient de 13% dans l'ensemble de l'Union européenne sur la même période, selon les chiffres du gouvernement. Plus de 400 000 demandes ont été enregistrées depuis 2021, contre 150 000 sur la période 2011-2015.

Menaces sur les visas

Le gouvernement menace de restreindre l'octroi de visas à l'Angola, la Namibie et la RDC, qu'il accuse de ne pas coopérer suffisamment pour réadmettre leurs ressortissants en situation irrégulière.

«Ils ont un mois pour améliorer les choses», a prévenu lundi Alex Norris. Selon Londres, cela concerne «des milliers» de personnes en situation irrégulière actuellement au Royaume-Uni.

D'autres pays pourraient aussi être ciblés, notamment ceux qui affichent «des taux élevés de demandes d'asile» de personnes entrées légalement au Royaume-Uni.

Une réforme critiquée

Les mesures suscitent une vive opposition au sein du Labour et d'ONG d'aide aux demandeurs d'asile. Le député travailliste Tony Vaughan a déploré une rhétorique encourageant une «culture de la division», tandis que l'association Refugee Council a qualifié ces mesures de «dures et inutiles».

Le secrétaire d'Etat Alex Norris a rejeté lundi toute «considération de politique» politicienne, alors que certains accusent le Labour, à la peine dans les sondages, de vouloir chasser sur les terres du parti anti-immigration Reform UK, largement en tête des intentions de vote. Son leader Nigel Farage s'est félicité de ces annonces, affirmant que Shabana Mahmood parlait comme «une sympathisante de Reform».

Kemi Badenoch, cheffe de l'opposition conservatrice, a estimé qu'il s'agissait d'un «pas dans la bonne direction», mais que ces mesures n'allaient pas encore assez loin. (ag/ats)

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