Le Royaume-Uni peine avec son enquête sur les gangs pédocriminels
L'enquête nationale sur les affaires d'exploitation sexuelle de jeunes filles par des gangs pédocriminels ordonnée par le gouvernement britannique est dans la tourmente. Plusieurs victimes refusent d'y participer à moins d'obtenir la démission de la secrétaire d'Etat chargée du dossier.
Entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, dans plusieurs villes d'Angleterre, des gangs d'hommes, pour beaucoup d'origine pakistanaise, ont sexuellement exploité et violé des jeunes filles, pour la plupart blanches et issues de milieux défavorisés.
Les manquements de la police et des autorités locales ont été sévèrement critiqués et ces affaires, qui ont traumatisé l'Angleterre, sont régulièrement utilisées par l'extrême droite britannique pour dénoncer le laxisme des pouvoirs publics, une justice à deux vitesses et l'immigration.
Keir Starmer avait annoncé en juin l'ouverture d'une enquête nationale sur ces «grooming gangs», après un refus qui lui avait valu des attaques incendiaires du milliardaire Elon Musk sur sa platforme X.
Cette semaine, les deux candidats pour présider l'équipe chargée de cette enquête publique, une ex-directrice de services de protection de l'enfance et un ancien policier, ont renoncé à briguer ce poste. Ce dernier a estimé que son ancienne profession ne lui permettait pas d'obtenir la confiance des victimes.
Et mercredi soir, quatre victimes ont quitté le comité de liaison, déclarant qu'elles n'étaient prêtes à y revenir qu'à certaines conditions, dont la démission de la secrétaire d'Etat chargée de la protection des victimes Jess Phillips.
Elles l'ont accusée de «trahison», affirmant dans une lettre adressée à la ministre de l'Intérieur qu'elle avait jugé «fausses» certaines de leurs accusations et tenté de modifier le périmètre de l'enquête pour «relativiser» les aspects «ethnique et religieux» dans cette affaire – ce qu'elle a nié.
Keir Starmer a apporté sa confiance à Jess Phillips jeudi dans un entretien avec la BBC, après avoir promis la veille que l'enquête ne serait «jamais vidée de sa substance».
Il a affirmé devant le Parlement:
Centaines d'hommes condamnés
En juin, le gouvernement avait présenté ses excuses aux victimes «pour la douleur et la souffrance» qu'elles ont endurées et pour «l'échec des institutions» en ce qui concerne leur protection. Plus de cent hommes ont été condamnés et le nombre des victimes, des jeunes filles qui étaient souvent vulnérables et placées dans des foyers, est évalué à plusieurs milliers.
Les enquêtes publiques sont ordonnées par le gouvernement pour examiner des événements de «préoccupation majeure» pour le public ou des controverses liées à l'action des pouvoirs publics. Elles sont effectuées par des équipes indépendantes, souvent présidées par un magistrat ou un ancien magistrat, qui ont le pouvoir d'entendre des témoins et rendent ensuite des rapports contenant des recommandations. (sda/ats/afp/svp)
