Des balles sifflent autour d'un bus de presse. Les journalistes paniqués se mettent à l'abri, la plupart cherchent à se protéger dans leur voiture. L'incident de mercredi soir, capturé par quelques courtes vidéos, dans le village russe de Kozinka, situé à environ 700m de la frontière avec l'Ukraine, est heureusement sans gravité.
NO 🇷🇺 LIES IN BELGOROD
— Jason Jay Smart (@officejjsmart) May 24, 2023
🇷🇺 propagandists, from various 🇷🇺 media dumps, who arrived at the Kozinka checkpoint in the Belgorod People’s Republic, came under mortar fire from the Russians who are seeking to liberate Belgorod. pic.twitter.com/sKR5ffw3C9
Jeudi matin, l'agence de presse russe Tass a trouvé une explication: l'armée ukrainienne aurait tiré 84 fois sur le poste-frontière local, y compris sur les journalistes, selon le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov.
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Le bus visé faisait partie de la centaine de journalistes internationaux qui assistaient, aux abords du village, à une conférence de presse des deux groupes de combat russes, entrés lundi 22 mai depuis l'Ukraine dans la région de Belgorod. La caractéristique intéressante de ces groupes? Ils se battent contre le Kremlin.
Une deuxième vidéo, des propagandistes russes qui ont essuyé des tirs de mortier dans la région de Belgorod au poste frontière de Kozinka. pic.twitter.com/WCwIEBBOqd
— Christophe Tymowski (@Christophe_Tymo) May 24, 2023
Selon le ministère de la Défense de Moscou, ces soldats russes pro-Ukraine avaient déjà été repoussés mardi 23 mai dans la soirée. Moscou annonce que 70 «terroristes et saboteurs ukrainiens» ont été tués. Ils ont été poursuivis et liquidés jusqu'en Ukraine, annonce-t-on.
Mercredi 24 mai, dans l'après-midi, dans un champ près de Kozinka, White Rex, le leader d'un de ces groupes de combat, a fait état d'un grand soutien dans ses projets d'attaquer d'autres régions frontalières russes. Il dit:
César, le chef de la force de combat russe «Liberté de la Russie», rapporte que l'on a pénétré jusqu'à 42km en Russie et que l'on déplore malheureusement deux morts et dix blessés. «Nous aurions pu avancer jusqu'à Belgorod, mais ce n'était pas notre mission», explique-t-il.
Ces affirmations ne peuvent pas être vérifiées de manière indépendante. Mais l'image du Kremlin en prend un sacré coup. Au lieu de parler de la chute de la ville ukrainienne de Bakhmout, disputée pendant dix mois, le monde entier parle de deux troupes russes de quelques centaines de combattants chacune, qui se battent du côté de l'Ukraine, d'où elles ont franchi la frontière Russe avec succès et ont occupé plusieurs villages.
«Pour nous, chaque passage de frontière est déjà un succès en soi», a déclaré White Rex, de son vrai nom Denis Kapustin, lors de la conférence de presse. Le fait que Kapustin (dont le nom de guerre est Denis Nikitin) ait fréquenté pendant des années les milieux hooligans et néonazis en Allemagne et en Suisse n'est qu'un détail dans ce contexte. Le fait que la Russie ne soit manifestement pas capable de protéger ses propres frontières nationales est bien plus grave.
Ce qui est plus problématique est le fait que les troupes russes aient apparemment réussi à s'emparer de deux véhicules militaires blindés, autrefois détenus par les Américains. Au moins trois véhicules de ce type auraient été utilisés lors de l'action militaire. Pour rappel, l'armée ukrainienne avait reçu des centaines de ces véhicules militaires de la part des Etats-Unis.
Kiev nie toute implication dans les attaques – les deux formations russes présentes aux côtés de l'Ukraine auraient agi de leur propre chef. Cette action pourrait pourtant bien faire partie du début de la contre-offensive ukrainienne, d'autant plus qu'il s'agit justement d'affaiblir la force de défense russe, par exemple en la forçant a déplacer ses troupes.
De leur côté, les instances officielles du Kremlin tendent à minimiser l'incident. Au lieu de menacer à nouveau d'utiliser des armes nucléaires tactiques, ce qu'une attaque directe contre la Russie permettrait selon leur propre doctrine, il est question de la défense rapide et efficace de quelques «terroristes ukrainiens».
Pendant ce temps, à Kiev, le conseiller présidentiel Mychaïlo Podoliak a déclaré que la contre-offensive de l'armée ukrainienne, attendue depuis des semaines, avait commencé. «La contre-offensive est en cours depuis plusieurs jours», a-t-il déclaré lors d'une interview télévisée. Et de poursuivre:
(aargauerzeitung.ch)
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci