Les Suédois se préparent au pire
Rencontrée dans un salon consacré à la préparation civile en banlieue de Stockholm, Sirkka Petrykowska, 71 ans, confie envisager sérieusement la possibilité d'un conflit. Elle s'y prépare autant que possible.
Cette Finlandaise, dont les parents ont connu la Guerre d'hiver entre l'URSS et la Finlande venue à Axelsberg (sud de Stockholm) pour en apprendre plus sur les kits d'urgence, énumère:
La Suède se prépare au pire des scénarios
La Suède vient d'organiser sa semaine annuelle de préparation (Beredskapsveckan), l'occasion pour les autorités de rappeler leurs recommandations dans le cadre de la «défense totale» du territoire.
Ce concept a été réactivé en 2015, après l'occupation l'année précédente de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie, et renforcé après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine en 2022, avec la nomination d'un ministre de la Défense civile.
L'objectif est d'impliquer l'ensemble de la société, de l'Etat aux citoyens en passant par les entreprises, afin de résister collectivement à une agression armée tout en maintenant les fonctions vitales du pays.
Pesto, lait en poudre, viande séchée...
L'accent est mis, comme souvent en Suède, sur la responsabilité individuelle. Chacun est appelé à stocker suffisamment de nourriture pour pouvoir vivre en autonomie pendant au moins sept jours sans aide extérieure, en cas de crise.
Parallèlement, l'agence nationale de l'alimentation (Livsmedelsverket) écrit sur son site:
L'Agence suédoise de la sécurité civile (MSB) a même publié une liste d'aliments conseillés, riches en graisses et en protéines, et faciles à conserver: pesto, viande ou poisson séché, confiture, chocolat, purée, lait en poudre, biscuits…
Oskar Qvarfort, chargé de la planification d'urgence au sein de l'agence nationale de l'alimentation, explique:
Des familles prêtes en cas d'agression
Dans son sous-sol à Stockholm, Martin Svennberg s'est constitué, pour lui et sa famille, d'importantes réserves: 100 kilos de farine, des dizaines de boîtes de conserve et une flopée de repas lyophilisés, de quoi tenir trois mois en cas de guerre.
Pour lui, ces vivres ne servent pas seulement à se nourrir, mais doivent aussi apporter un soutien moral, essentiel dans ce genre de situation. Cet informaticien de 53 ans recommande:
Un défi de taille
Selon une enquête menée auprès de 2000 personnes par le MSB, 76% déclarent vouloir défendre leurs pays dans le cadre de la défense civile.
Elle observe également que de plus en plus de Suédois se disent «inquiets» après avoir reçu le livret envoyé par MSB en 2024, détaillant les mesures à prendre en cas de crise. La Suède doit aussi composer avec des défis logistiques liés à sa géographie, en raison de son vaste territoire et de la faible densité de population de nombreuses régions. Selon Oskar Qvarfort:
L'acheminement des denrées alimentaires constitue donc «un vrai défi» dans l'hypothèse d'un conflit armé, reconnaît Qvarfort, qui souligne que l'Ukraine se heurte actuellement à cette même difficulté.
