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Russie

«Si l’Otan ne riposte pas, la Russie étendra la guerre»

Des soldats ukrainiens près de véhicules militaires russes détruits, en 2022, dans la ville de Borodianka, près de Kiev sous l'oeil de Poutine. (illustration).
Des soldats ukrainiens près de véhicules militaires russes détruits, en 2022, dans la ville de Borodianka, près de Kiev.Image: watson/agences

«Poutine doit obtenir des résultats décisifs cette année»

L’Ukrainienne Svitlana Altherr et le reporter de guerre Kurt Pelda ont débattu de la situation en Ukraine. L’hypothèse que la guerre puisse se terminer sans victoire russe semble de moins en moins possible.
22.09.2025, 15:5322.09.2025, 15:53
Daniel Vizentini / ch media

Comment ce conflit, qui dure depuis plus de trois ans, pourrait-il enfin s’achever? Cette question qui préoccupe pas mal de monde a été adressée à Kurt Pelda lors d'une conférence. Le reporter de guerre, que vous lisez régulièrement sur watson, passe énormément de temps en Ukraine. Et il a livré une analyse étonnamment optimiste sur la situation.

Selon lui, la Russie pourrait bientôt manquer de s'essoufler:

«Ils doivent obtenir des résultats décisifs cette année, sinon ils se précipitent vers de graves problèmes économiques»

Ces dernières années, l’Etat russe a contraint les banques à financer la machine de guerre par des crédits. «Un effondrement du secteur bancaire russe pourrait déclencher la catastrophe économique», a expliqué le journaliste. Il a ajouté:

«Il ne faut pas l’oublier, la Russie n’a même pas le poids économique de l’Italie. Et l’Italie ne pourrait pas se permettre une telle guerre.»

Selon Kurt Pelda, ce n’est qu’une question de temps avant que Moscou n’ait plus les moyens de ses ambitions.

Kurt Pelda, Ukraine
Le journaliste Krut Pelda est venu amener sa vision de l'Ukraine, pays qu'il couvre largement.Image: Fabio Baranzini

Et ce n’est qu’en augmentant la pression sur tous les fronts que la Russie acceptera de négocier la paix. C’est ce que tente de provoquer le président américain Donald Trump, en imposant, par exemple, des droits de douane à l’Inde, qui achète une grande partie du pétrole russe et finance ainsi indirectement la guerre.

L'Europe est en danger

Mais par sa stratégie d’apaisement, Donald Trump encourage en même temps Vladimir Poutine à se montrer toujours plus agressif. On l’a vu récemment avec les drones russes abattus en Pologne. Ce n’est pas nouveau, mais c’est la première fois que les médias occidentaux en ont rendu compte de cette façon. Kurt Pelda l'a rappelé:

«Les drones survolent le Danube. Parfois, ils frappent les ports fluviaux ukrainiens, parfois ils explosent en Roumanie. Cela dure depuis des années. Vladimir Poutine teste jusqu’où il peut provoquer les pays de l’Otan.»

Pour avoir le droit d’abattre ces drones, la Roumanie a d’abord dû modifier sa législation. «Voici où nous en sommes déjà en Occident», lance le reporter.

Pour lui, le constat est simple. Si l’on ne riposte pas, Vladimir Poutine continuera d’accentuer la pression et attaquera l’Ukraine aussi depuis l’ouest. Il explique:

«Plus l’Occident réagit mollement, plus la Russie se sent encouragée à étendre la guerre aux pays baltes»
Kurt Pelda

Afin d’éviter le pire, il est crucial de faire comprendre dès maintenant à Vladimir Poutine qu’il y aura des conséquences. La Pologne pourrait par exemple attaquer des bases russes en Crimée, d’où partent de nombreux drones. «Sinon, Vladimir Poutine fera encore une erreur de calcul, et cela pourrait mener à une guerre vraiment énorme en Europe. C’était déjà le cas avec Hitler», a prévenu Kurt Pelda.

«Nous sommes des Belle au bois dormant»

Svitlana Altherr, une Ukrainienne vivant en Suisse depuis des décennies était également invitée à ce débat. Elle a approuvé et résumé:

«Je pense qu’il aurait fallu agir plus tôt»

En Europe de l’Ouest, la politique n’est peut-être pas encore prête à aborder ce sujet de manière directe. «La guerre est un combat de volonté», a dit celle qui est installée en Suisse depuis 1999 et œuvre pour une aide humanitaire durable et des projets de reconstruction en Ukraine, notamment via l’Ukraine Recovery Aid.

«En Europe, sommes-nous encore la Belle au bois dormant qui attend son baiser? Les Etats-Unis ne sont plus là, le prince charmant ne viendra plus»
Svitlana Altherr

Un élément positif ressort toutefois. Selon les observations de Kurt Pelda en Ukraine, l’Europe fournit aujourd’hui «énormément de matériel de guerre». On le lit peu en Occident, mais «il y a des coups de propagande très habiles, qu’on ne reconnaît pas immédiatement comme tels. La Russie excelle dans ce domaine.» Une partie de ce storytelling vient aussi des Etats-Unis ou de la Chine, qui soutiennent que l’aide à l’Ukraine n’aurait aucun sens.

Svitlana Altherr
Svitlana Altherr est la CEO d'une entreprise de gestion de patrimoine.Image: Fabio Baranzini

Les réseaux sociaux renforcent ce phénomène. Beaucoup d’informations ne sont pas vérifiées et le journalisme souffre globalement d’un manque de moyens pour envoyer des reporters sur le terrain. Kurt Pelda a d’ailleurs noté qu’il croisait rarement des journalistes notamment germanophones en Ukraine.

Faut-il diviser l’Ukraine?

La Confédération envisage de classer l’Ukraine en zones sûres et non sûres. Kurt Pelda y est favorable. Selon lui, le statut de réfugié S est abusivement utilisé par des Roms et les Sintis dans l’ouest de l’Ukraine:

«Si l’on n’y met pas un terme, la solidarité de la population envers les vrais réfugiés va s’éroder.»

Svitlana Altherr a toutefois exprimé une position plus nuancée. «Il est certes absolument nécessaire de revoir le statut S», a-t-elle dit, mais diviser le pays en zones sûres et non sûres entraînera «une charge énorme» et des coûts élevés. Beaucoup de femmes en Ukraine ne sont de toute façon pas prêtes à fuir. Certaines ont des maris au front et refusent de les abandonner.

Traduit de l'allemand par Joel Espi

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