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Poutine menace la Finlande de «problèmes»

Vladimir Poutine est très remonté et a menacé la Finlande d'avoir de "gros problèmes". (AP Photo/Alexander Zemlianichenko, Pool)
Le regard noir de Poutine et des menaces proférées à l'encontre de la Finlande. Keystone

Poutine menace la Finlande

Le président russe veut s'armer et menace son voisin. Mais les Finlandais peuvent compter sur les Etats-Unis derrière eux. Les Américains pourraient même déplacer des armes nucléaires à la frontière russe.
21.12.2023, 06:0321.12.2023, 19:23
Niels Anner, copenhague / ch media
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C'était une apparition classique de Poutine: le président russe a proféré des menaces tout en restant vague. Il a déclaré lors d'une interview qu'il allait créer un nouveau district militaire à la frontière avec la Finlande, longue de 1340 kilomètres, et qu'il allait déployer de nouvelles unités dans la région.

Ceci comme action punitive pour l'adhésion du pays voisin à l'Otan: selon Poutine, la Finlande, longtemps neutre, a été «traînée» dans l'Otan par les Etats-Unis et l'UE. Avant, il n'y avait pas de conflits, les divergences d'opinions avaient été résolues depuis longtemps — mais la Finlande va désormais «avoir des problèmes».

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Le chef du Kremlin a déclaré qu'il allait réactiver le district militaire de Leningrad. Celui-ci comprenait des troupes stationnées dans la région de Saint-Pétersbourg, mais a été dissous en 2010. De nombreuses unités sont aujourd'hui engagées dans la guerre en Ukraine.

Jussi Lassila, expert en politique de sécurité, déclare que Poutine est «un président fatigué et amer» en ce qui concerne les relations avec l'Occident. La capacité militaire de la Russie est fortement limitée par la guerre en Ukraine, «il s'agit avant tout de rhétorique», selon Lassila.

Selon lui, le Kremlin a une longue tradition de recréer diverses unités de troupes sur le papier. L'ancien soldat et actuel parlementaire Pekka Toveri est également convaincu qu'un réarmement à la frontière finlandaise prendrait de nombreuses années.

Bases américaines sur le sol finlandais

Le gouvernement finlandais se considère en outre en position de force depuis son adhésion à l'Otan. En avril, le pays est devenu membre de l'Alliance en peu de temps, après que Poutine a montré, avec l'invasion de l'Ukraine, quelle menace il pouvait représenter pour des pays livrés à eux-mêmes. Depuis, l'armée finlandaise est en train de s'intégrer à l'Otan et de s'équiper.

En outre, le pays a signé, lundi, un accord de défense avec les Etats-Unis. Celui-ci permet aux Américains d'utiliser 15 bases finlandaises avec des soldats, des armes, des navires de guerre et des avions de combat. Plusieurs de ces installations se trouvent dans le nord de la Laponie, une région stratégiquement importante.

Les Etats-Unis obtiennent ainsi un accès élargi dans toute la Scandinavie – y compris en Suède, avec laquelle un accord similaire a été conclu début décembre, bien que son adhésion à l'Otan soit toujours bloquée par la Turquie et la Hongrie. Comme la Finlande, la Suède obtient ainsi une protection supplémentaire de la part des forces américaines, qui peuvent en contrepartie utiliser 17 installations militaires dans le plus grand pays nordique.

Accès jusqu'à la frontière russe

Même le stockage d'armes nucléaires n'est pas exclu; la Suède et la Finlande vont ainsi plus loin que la Norvège, qui coopère déjà étroitement avec les Etats-Unis depuis des années, mais ne met à disposition que quatre installations et interdit le stockage d'armes nucléaires. Le Danemark veut également conclure prochainement un accord de coopération plus étroite avec les Etats-Unis.

Pour les experts, il est clair que Vladimir Poutine réagit à cette évolution par ses menaces, notamment en ce qui concerne la Finlande. Désormais, l'armée américaine a pratiquement accès à la frontière russe, et la Scandinavie se transforme en bastion sous l'égide des Etats-Unis.

En outre, le Kremlin est tombé sur un os avec son action de guerre hybride en Finlande: la tentative de créer un chaos de l'asile avec les migrants semble avoir échoué. Mi-décembre, le gouvernement finlandais avait rouvert deux de ses postes-frontière avec la Russie - à titre d'essai. Peu de temps après, au moins, une centaine de migrants du Proche-Orient et d'Afrique se sont pressés au poste de douane finlandais pour demander l'asile. Comme en novembre, il est clair que les autorités russes envoient ces personnes à la frontière.

Des espions dans le lot des réfugiés

La Finlande a refermé toute sa frontière avec l'Est après seulement une journée. Le gouvernement ne craint pas seulement que le Kremlin transporte de plus en plus de demandeurs d'asile en direction de la Finlande. Les services secrets ont déclaré que des espions, des criminels ou des criminels de guerre pourraient également se mêler aux réfugiés. Si un grand nombre de migrants arrivait, le contrôle de sécurité nécessaire serait en danger.

Pendant ce temps, Poutine accuse le président américain Joe Biden de faire peur. Sa déclaration selon laquelle la Russie pourrait attaquer un pays de l'Otan est une «connerie». La Russie n'a «aucun intérêt économique, politique ou militaire» à le faire – ou alors, selon les experts, elle n'en est tout simplement pas capable. On a toutefois déjà entendu de telles paroles soi-disant rassurantes de la part de Poutine concernant l'Ukraine.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

La guerre en Ukraine dans l'œil d'Alexander Chekmenev
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La guerre en Ukraine dans l'œil d'Alexander Chekmenev
Faces of war pour le New York Times.
source: alexander chekmenev
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