La Russie semble changer de tactique dans ses attaques aériennes contre l'Ukraine. C'est ce qui ressort d'une analyse des services secrets militaires britanniques. Pendant longtemps, les missiles et les drones avaient surtout visé le secteur énergétique de l'Ukraine. L'année dernière, plusieurs centrales électriques avaient été touchées.
Aujourd'hui, la Russie semble viser l'industrie de défense ukrainienne.
Fin décembre, la Russie avait considérablement intensifié ses attaques aériennes. Selon les Britanniques, une quantité «significative» de missiles a été utilisée. Ces bombardements auraient en grande partie visé des usines d'armement ukrainiennes.
Les experts ne précisent toutefois pas si des entreprises d'armement ont réellement été touchées. L'Ukraine n'en a pas parlé. Au contraire, le ministre de la Défense ukrainien, Rustem Umerov, a accusé la Russie de viser délibérément des zones résidentielles civiles.
A l'inverse, Moscou a assuré que ses attaques visaient bel et bien des installations militaires et que toutes les cibles visées ont été «détruites». Ces informations n'ont pas pu être confirmées de manière indépendante.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmyro Kuleba, avait annoncé en décembre que Kiev souhaitait produire davantage d'armes dans le futur. Volodymyr Zelensky avait même évoqué l'ambition de se hisser, «au fil du temps, dans le top 10 des industries militaires les plus productives et les plus puissantes du monde».
L'Ukraine compte à elle seule plus de 50 fabricants publics et privés de munitions, comme l'a annoncé en décembre Alexander Kamychine, ministre de l'Industrie stratégique de l'Ukraine.
L'industrie de l'armement ukrainienne est dominée par le groupe public Ukroboronprom. Selon ses propres indications, il emploie 67 000 personnes. Les usines produisent aussi bien des munitions que des systèmes d'armes, notamment en coopération avec le groupe allemand Rheinmetall. Les lieux de production sont tenus secrets. Selon les estimations, le groupe compte au moins 130 entreprises réparties dans tout le pays et le siège social se trouve à Kiev.
Après la chute de l'Union soviétique, l'Ukraine a longtemps été affectée à la production de pièces détachées pour les armes de fabrication russe. Ce n'est qu'après l'invasion de la Crimée par la Russie en 2014 que les choses ont changé. Il y a davantage de développements d'armes propres.
Le think tank américain Carnegie Endowment for International Peace a rapporté en décembre:
Un ministère de la stratégie a été créé. «L'objectif de ce ministère est de résoudre les problèmes dans l'industrie de la défense et, en particulier, d'achever la restructuration du conglomérat d'Etat de la défense Ukroboronprom (UOP)», indique le rapport de l'institut américain.
Suite aux récents bombardements, l'Ukraine a demandé à l'Occident de lui fournir «des systèmes de défense aérienne supplémentaires et des drones de combat de tous types». En outre, l'armée ukrainienne a réclamé plus de «missiles d'une portée de plus de 300 kilomètres».
Avec ces armes, l'Ukraine aurait la possibilité de frapper des zones de ravitaillement même loin derrière les lignes ennemies. La Russie serait alors contrainte de déplacer les centres de commandement et les dépôts de munitions vers l'arrière.
Traduit et adapté par Chiara Lecca