La saison froide s'abat de nouveau sur l'Ukraine. Pour le deuxième hiver de guerre, la Russie mène des attaques massives contre les infrastructures critiques. Moscou a stocké différents types de missiles depuis plusieurs semaines, a averti mi-décembre le porte-parole de l'armée de l'air ukrainienne, Youri Ihnat.
Ces derniers jours, les attaques aériennes russes se sont multipliées sur Kiev et les autres villes ukrainiennes:
Il y a eu des morts et des blessés, des projectiles ont en outre touché des infrastructures et des bâtiments civils.
Et c'est justement la population qui souffre le plus de cette situation – et ce, dans tout le pays. Si, comme l'hiver dernier, la Russie parvient à endommager sérieusement les infrastructures, les biens essentiels à la survie comme l'électricité, le gaz et l'eau peuvent venir à manquer. Dans les conditions difficiles de l'hiver ukrainien, les énergies pour produire de la chaleur sont particulièrement importantes.
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C'est pourquoi, outre les livraisons d'armes, l'aide humanitaire est plus que jamais nécessaire. Christof Johnen, responsable de la coopération internationale à la Croix rouge allemande le confirme:
De quoi ont donc actuellement besoin les Ukrainiens? Et quelles sont les aides déjà disponibles? Tour d'horizon avec trois organisations humanitaires actives sur place.
«Cette année, l'hiver a été d'une dureté et d'une précocité inattendues», explique Hannah Kikwitzki pour décrire la situation. Elle travaille pour l'organisation humanitaire Caritas. Il y a fait «très vite très froid» à partir de novembre. «En plus, il y a eu des mètres de neige et des tempêtes dans de nombreuses régions», explique Kikwitzki. Certains villages ont été inaccessibles, du moins pendant un certain temps.
Fin décembre, les températures sont à nouveau repassées légèrement au-dessus de zéro dans la plupart des régions. Pourtant, les conditions restent difficiles. Le froid met les nerfs à rude épreuve. Et à cela s'ajoute la «rasputiza», la période de boue. Les sols précédemment gelés dégèlent et transforment des régions entières en zones de gadoue.
Les raids aériens russes ont sensiblement augmenté ces dernières semaines, confirme Kikwitzki. L'approvisionnement en électricité, en gaz et en eau est largement assuré, du moins à Kiev. Mais des installations civiles et des bâtiments d'habitation sont régulièrement touchés par des attaques ou des débris de missiles. Il y a alors aussi des victimes parmi la population.
Dans les régions rurales, les problèmes sont différents.
«De nombreux logements sont endommagés et ne résistent plus à l'hiver», raconte Kikwitzki. «A certains endroits, des villages entiers sont détruits et les maisons ne sont plus habitables». A cela s'ajouteraient environ quatre millions de personnes déplacées à l'intérieur de l'Ukraine.
Dans l'ensemble, les choses se sont encore aggravées avec l'arrivée de l'hiver, affirme la responsable. «La situation humanitaire est tendue.»
Dans ce contexte, les attaques de la Russie ne visent plus seulement l'infrastructure énergétique. Les organisations humanitaires sont également dans le collimateur des troupes du Kremlin. En septembre, un entrepôt de Caritas contenant environ 300 tonnes de matériel d'aide a été attaqué par des drones russes à Lviv. Le bâtiment a brûlé et un collaborateur a perdu la vie.
L'organisation humanitaire Care a également déjà été prise pour cible. La directrice nationale adjointe de l'organisation en Ukraine, Franziska Jörns, raconte qu'un «tir de missile direct» a touché un centre d'aide de Kherson, dans le sud.
L'organisation répartit désormais les marchandises dans différents entrepôts.
Selon Jörns, les bombardements constants et les attaques aériennes russes constituent le plus grand défi pour le travail sur le terrain. Les routes détruites ainsi que les problèmes d'Internet et de communication entravent également régulièrement l'aide.
«Plus un conflit armé dure – comme c'est le cas actuellement en Ukraine – plus ce fardeau pèse sur la population», explique en outre Christof Johnen de la Croix rouge. C'est pourquoi une aide humanitaire permanente et à long terme est nécessaire de toute urgence. L'organisation propose notamment des services sociaux tels que des soins à domicile et fournit par ailleurs de l'argent liquide. Elle installe également des abris renforcés en béton et met à disposition des générateurs électriques. Des centaines de ces appareils ont déjà été livrés l'hiver dernier.
Outre les biens matériels, la collaboratrice de Caritas Hannah Kikwitzki souligne la nécessité d'un soutien psychologique et social pour les Ukrainiens. Cela concerne surtout les enfants, «qui ont besoin de lieux sûrs où ils peuvent simplement être des enfants malgré la guerre». De nombreuses personnes auraient vécu des choses traumatisantes.
La peur, l'insécurité et la dépression, autant de conséquences des attaques russes.
Care met, de son côté, l'accent sur les femmes, selon la directrice adjointe de la branche ukrainienne, Franziska Jörns. «Nous créons des espaces sûrs pour les femmes et les filles, dans lesquels les déplacées internes peuvent se reposer, trouver de la compagnie et recevoir l'aide dont elles ont besoin», explique-t-elle. Selon elle, le développement des capacités de leadership des femmes et la lutte contre les violences sexistes constituent des lignes directrices essentielles.
En Europe, les dons ont diminué depuis le début de la guerre, rapportent les organisations d'aide. Cela serait lié d'une part à une baisse d'attention du grand public, mais aussi à l'enlisement de la situation d'urgence.
Les dons continuent néanmoins d'affluer: «C'est important, car notre aide sur place sera encore nécessaire pendant longtemps et nous dépendons bien sûr aussi des dons pour continuer».
Traduit de l'allemand par Valentine Zenker