Poutine a perdu une propagandiste acharnée
Cela ne fait pas l'ombre d'un doute: les journalistes critiques à l'égard du gouvernement russe risquent leur vie, tandis que ceux qui lui servent la soupe s'en sortent bien. Très bien, même.
Pour eux, pas de menace de répression, d'emprisonnement ou d'interdiction d'exercer. Même si la récurrence de l'angle «Poutine est un génie» leur fait perdre, à terme, une ou deux opportunités professionnelles.
La journaliste télé Anna Prokofieva semble n'avoir jamais été inquiétée, c'est du moins ce qu'on pouvait penser de l'extérieur. Sur les réseaux sociaux et pour Russia Today, elle s'efforçait d'être le porte-voix de la propagande russe. La voici aujourd'hui disparue.
Morte près de la frontière ukrainienne
D'après le média allemand Bild, qui cite lui-même Russia Today, la journaliste de 35 ans est morte après avoir marché sur une mine antipersonnelle près de la frontière avec l'Ukraine. L'engin aurait été dissimulé par l'armée ukrainienne. Prokofieva est «morte dans l'exercice de son devoir professionnel».
La télévision nationale russe raconte que l'incident s'est produit dans le village de Demidovka, dans le district de Krasnoyarouchski de la région de Belgorod. C'est un personnage clé de la machine de propagande poutinienne qui disparaît dans cet accident.
Sur les photos, la reporter posait souvent en uniforme militaire, avec un couteau de combat ou un drapeau russe. Le vert olive était sa couleur de prédilection, son discours transpirait le nationalisme. Elle portait en outre toujours une chaîne avec un Z, la lettre du soutien à l'offensive en Ukraine.
Ultime service à l'appareil de propagande
Le magazine Bild a retranscrit l'un de ses posts: «J'ai une chose à vous dire aujourd'hui: quoi qu'il arrive, je serai toujours là pour nos garçons.»
Le gouvernement russe n'a pour l'heure pas réagi à la mort de la journaliste. On ne s'attend pas à grand-chose de plus que des déclarations endeuillées doublées d'accusations contre Kiev. Prokofieva alimentera ainsi une dernière fois avec sa propre disparition l'appareil qu'elle a longtemps servi.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)