Pour comprendre en deux-deux l'amour vache que Vladimir Soloviev nourrit goulûment pour Donald Trump, il faut remonter à l'été 2022. Souvenez-vous, le 8 août, à l'aube, le FBI déboulait à Mar-a-Lago, dans le cadre d'une tonitruante perquisition qui marquera l'avenir judiciaire du candidat républicain. Un raid que la Russie aura bien du mal a digéré, au point d'envisager l'exfiltration de «l'agent Trump» pour lui sauver les miches. Si, si.
Dans son émission du 13 août 2022, Soloviev s'était montré particulièrement pessimiste quant à l'avenir de «l'agent Trump», alors que les propagandistes du Kremlin seraient prêts à vendre père et mère si ça pouvait le catapulter une nouvelle fois à la Maison-Blanche.
Egalement présent (et furax) sur le plateau, Yevgeny Satanovsky, président de l'Institut du Moyen-Orient, se demandait si Ron DeSantis, que les voix de Poutine surnomment le «numéro deux», ne serait pas plus à même de rabibocher les Etats-Unis et la Russie. Mais surtout de tourner le dos à l'Ukraine (évidemment). Tout cela, dans un relent nostalgique du fameux «Russiagate», quand les soupçons de collusion entre le Kremlin et des membres de la campagne présidentielle de 2016 salopaient le premier mandat du milliardaire.
Quoiqu’il en soit, les déboires du 45e président sont un véritable crève-cœur pour la poupée poutinienne. Une semaine avant la démonstration de force du FBI, l'animateur de Russia-1 se réjouissait déjà publiquement du couronnement du roi Donald en 2024.
Pour dire, le puissant propagandiste est à ce point désemparé qu'il implorait, en avril dernier, la fantasque Marjorie Taylor Greene de remplacer le patron Maga dans la course à la présidence américaine.
L'idée qu'une chute de Donald Trump puisse pourrir le bien-être (et la sécurité) de Moscou a vécu un énième épisode cette semaine. Dans la foulée de la troisième inculpation brandie, mardi, par le procureur Jack Smith, Vladimir Soloviev a logiquement dédié son émission matinale Full Contact à «l'Etat terroriste américain». Inconsolable, l'animateur affirme n'avoir «jamais rien vu ni entendu de tel» de toute son existence.
Vladimir n'était pas tout seul sur ses propres ondes. Le Russe Dmitry Evstafiev, expert ès «fuck the USA», a bu les paroles de Soloviev avant de recracher un argumentaire encore plus sévère: «La relation entre nos deux pays est définitivement anéantie. Je commence à croire qu'une grande guerre contre les Etats-Unis devient inévitable».
Pour situer le personnage, rappelons que ce professeur suggérait, en mars 2022, de remettre les pendaisons publiques à la mode (et à la télévision) afin de «punir les Ukrainiens les plus rebelles».
Malgré tout, Soloviev pense que Donald Trump a sa part de responsabilité dans la mort de l'Amérique fantasmée par les pro-Poutine. Selon son analyse, si le président de l'époque avait eu le courage de jeter «Hillary Clinton en prison», il aurait «pu ainsi achever définitivement les démocrates».
Reste que cette petite clique anti-Occident n'a pas raconté que des âneries, cette semaine. Après avoir prédit aux Etats-Unis une «guerre totale», Dmitry Evstafiev a souligné la menace d'une simple «guerre civile», si Trump devait un jour croupir derrière les barreaux. Certes, le professeur monomaniaque est persuadé que Trump a été «inculpé uniquement parce qu'il a une chance réelle de remporter les prochaines élections», mais il est tout à fait envisageable qu'une condamnation secoue violemment le pays.
Daily Beast note d'ailleurs que la bande à Soloviev n'est pas la seule à envisager le pire pour Oncle Sam: «Les nombreuses accusations contre le 45e président des Etats-Unis démontrent une crise du système politique aux Etats-Unis... Les Américains sont très inquiets et cette peur pourrait mener à une véritable guerre civile», tricotait Alexander Gusev, contributeur au magazine du ministère russe des Affaires étrangères, mercredi soir, sur un autre plateau de Russia-1.
En guise de conclusion, la marionnette de Poutine a juré que les démocrates «étaient certains que plus personne ne suivrait Trump, qu'il n'était devenu qu'un vulgaire danseur de disco qui se trémousse avec les Rednecks». Là encore, en zoomant sur les récents sondages, il faut avouer que l'endurant succès du candidat multi-accusé déroute plus d'un politologue.
Allez, laissons au moins à l'animateur le plus regardé de Russie, ce talent de nous avoir figuré Donald Trump en train de danser le disco dans un vieux saloon texan.