Rama Duwaji, la première dame de New York qui «mérite d'être connue»
A l’image de la ville de New York, Rama Duwaji est plurielle. D’un continent à l’autre, elle forge son identité qui se construit en mosaïque. Elle le dit elle-même au magazine YUNG quand elle parle de son enfance:
Née en 1997 à Houston dans une famille syrienne, elle grandit dans les Etats du Golfe lorsque sa famille, alors qu’elle est âgée de 9 ans, déménage à Dubaï. Elle étudie l’art à Doha, au Qatar, puis en Virginie, aux Etats-Unis, avant de retourner à Dubaï, puis à Beyrouth au Liban ou encore à Paris, en France, lors de résidences d’artistes.
La jeune femme évolue dans cette géographie mouvante qui façonne son art: le déracinement, la mémoire, l’exil, les langues superposées. En 2021, elle retourne aux Etats-Unis, cette fois à New York, pour étudier à la School of Visual Arts où elle se spécialise en animation et narration illustrée.
Ses dessins et animations atterrissent très vite dans The New Yorker, le Washington Post, pour la BBC, Spotify, Apple, ou encore au Tate Modern à Londres. Derrière son trait délicat, comme elle le raconte dans YUNG, tout est question d’histoires, de transmission, de douleur parfois.
Match sur Hinge, mariage en métro
L’anecdote fait sourire tout New York: Zohran Mamdani, alors jeune élu d’Astoria, et Rama se rencontrent… sur Hinge, comme il le raconte lui-même dans les pages de People. Lorsqu'ils matchent, elle vient d’arriver à New York, lui est déjà plongé dans la vie publique locale.
Ils se fiancent en octobre 2024, célèbrent leur union selon les traditions musulmanes lors d’une nikah deux mois plus tard, puis se marient civilement en février 2025 dans un geste parfaitement à leur image: ils prennent le métro jusqu’à l’hôtel de ville.
Au mois de juillet dernier, ils fêtent à nouveau leur union, cette fois lors d’une cérémonie en Ouganda, où est né le politicien.
La New-Yorkaise n’a rien de l’influenceuse politiquement ambiguë que certains espéraient trouver autour d’un maire en pleine ascension (il prendra officiellement ses fonctions en janvier 2026). Elle assume, au contraire, un travail engagé.
Ses illustrations rendent hommage aux victimes des guerres en Syrie, au Soudan ou à Gaza. Dans YUNG, elle déclare à propos de son art:
Lors de la campagne de Mamdani, elle reste en retrait, mais façonne toute l’identité visuelle. Affiches, typographies, couleurs inspirées du Queens, de ses lignes de métro, de sa diversité.
Une influence visuelle, discrète, mais déterminante, qui fait partie intégrante du «mythe Mamdani».
Une «première dame» qui casse les codes
Quand la presse mode commence à s’intéresser à elle, Rama Duwaji ne joue pas le jeu du glamour institutionnel. Les tailleurs pastels, aux conventionnelles? Très peu pour elle. Pas de coiffures sophistiquées non plus. La jeune femme apparaît avec des chemises oversize, des bijoux artisanaux, un carré un brin décoiffé et un trait d’eyeliner devenu comme une signature.
Le soir de la victoire électorale de son mari, la presse repère immédiatement sa tenue: un haut en denim de Zeid Hijazi, une marque palestino-jordanienne basée à Londres. La marque «explore les mystères d'un Moyen-Orient futuriste, mais dystopique, et fusionne le folklore ancien et le futurisme arabe», comme l'écrit Harper's Bazaar. De quoi envoyer un message «subtil, mais puissant», selon le magazine.
Par ailleurs, si le futur maire se prête volontiers aux jeux des caméras et des micros, elle, au contraire, a plutôt tendance à les fuir. Elle s'exprime et partage ses pensées sur ses réseaux sociaux... Comme n'importe quelle jeune femme de sa génération.
«Elle mérite d'être connue pour ce qu'elle est»
Ce qu’elle représente, en tant que «première dame», dépasse largement la simple apparition publique d’une épouse au bras de son maire de mari à une énième inauguration. A 28 ans, elle est la plus jeune «first lady» de New York. Elle est aussi la première d’origine syrienne. La première encore dont le cœur de métier est l’art, pas la philanthropie institutionnelle.
Une femme qui incarne une diaspora, cosmopolite, Gen Z, à mille lieues des clichés politiques habituels. Une artiste qui a des choses à dire. Et c'est sans doute le futur maire de New York qui en parle le mieux:
Une chose est sûre: sa présence promet de redéfinir, à sa manière, ce que signifie être «première dame» dans la ville qui ne dort jamais.
