Cela fait à peu près un mois que la situation sur le terrain s'est calmée en Ukraine. Bien que les combats continuent de faire rage, surtout à certains endroits, on ne signale plus de grands changements de la ligne du front. La guerre s'enlise.
Les forces russes et ukrainiennes sont actuellement engagées sur trois fronts, situés respectivement dans les régions de Donetsk (est), de Kherson (sud) et entre les régions de Kharkiv et Lougansk (nord-est). Malgré les assauts répétés des deux côtés et les bombardements incessants d'artillerie, aucune grande avancée n'est à signaler.
Le seul endroit où les Russes enregistrent quelques gains territoriaux est la région autour de la ville de Bakhmout, où une bataille très violente est en cours depuis le mois d'août. Toutefois, les pertes sont importantes, et les avancées russes très limitées.
Bakhmut
— Def Mon (@DefMon3) December 11, 2022
These images shows the RU progress in the Bakhmut area for the last 3 months. Can we all calm down now?
2022-08-31 vs 2022-12-11 pic.twitter.com/taQNlSlcKs
Ces derniers temps, Moscou semble miser sur une autre stratégie: bombarder l'infrastructure énergétique ukrainienne pour priver la population de lumière et chauffage, et briser ainsi leur moral.
Parallèlement, les troupes russes sont en train de bâtir des lignes de défense dans les zones occupées. Composées de tranchées, de dents de dragon et de fortifications, renforcées par les obstacles naturels, ces barrières montrent comment l'armée russe tente de mettre en place des positions plus solides et défendables face à la pression ukrainienne, analyse le New York Times.
Ces fortifications se concentrent actuellement dans le sud du pays, entre Kherson et la Crimée, et dans la région de Donetsk. Leur efficacité effective est loin d'être prouvée et cette stratégie est accueillie avec scepticisme, tant par les Ukrainiens que par les Russes. Le célèbre ultra-nationaliste Igor Guirkine s'en moque, par exemple, ouvertement.
Du côté ukrainien, les choses ne bougent pas non plus. La dernière avancée notable des troupes de Kiev remonte au 11 novembre, jour de la libération de la ville stratégique de Kherson. L'importante contre-offensive menée dans la région de Kharkiv date déjà de cet automne.
Cette absence de mouvement s'explique. Les pluies tombées ces dernières semaines ont transformé les campagnes ukrainiennes en d'immenses champs de boue, explique le centre de réflexion américain Institute for the Study of War (ISW). Ces conditions ne permettent pas de mener de grandes manœuvres mécanisées.
Today, russia has only one ally - mud. But it is a temporary ally, and one that lasts only until the winter freeze. pic.twitter.com/UX2WL8nwG8
— Defense of Ukraine (@DefenceU) December 13, 2022
Les choses pourraient bientôt changer. Les mois hivernaux vont s'accompagner d'une reprise des opérations des deux côtés, estime l'ISW. Suite à la baisse des températures, passées au-dessous de zéro, le sol va se solidifier, ce qui permettra de nouveau le passage des véhicules lourds. Même le ministère ukrainien de la Défense le reconnaît: «Aujourd'hui, la Russie n'a qu'un seul allié – la boue», a-t-il récemment écrit sur Twitter.
Plus spécifiquement, Kiev s'attend à ce que les Russes lancent une offensive de grande envergure en janvier ou en février de l'année prochaine. C'est ce qu'a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, à la télévision ukrainienne:
Selon l'ISW, cette contre-offensive pourrait se produire le long de la frontière entre les régions de Kharkiv et de Lougansk, ou dans la région de Donetsk. Dans ces endroits, les Russes semblent déplacer des équipements lourds des zones arriérées vers la ligne du front. Les occupants sont également en train de mener des opérations offensives limitées pour regagner les positions perdues à l'ouest de la ville de Kreminna.
La puissance de combat russe qui a été libérée à la suite du retrait de la ville de Kherson a, en outre, été redéployée dans diverses zones du Donbass, renforcée par des réservistes mobilisés.
Par cette opération, poursuit l'ISW, les Russes chercheront à achever la capture de l'ensemble de la région de Donetsk. Elle fait partie des territoires annexés en automne par Moscou et, par conséquent, fait déjà partie du territoire russe aux yeux du Kremlin.
La suite ne s'annonce pas facile pour les occupants, du moins selon l'ISW, qui estime que «la capacité de combat de la Russie reste dégradée et qu'il est très peu probable que les troupes russes soient en mesure de prendre un territoire d'importance stratégique dans les mois à venir».