International
ukraine

L'Ukraine a reçu les bombes à sous-munitions américaines

Ce qui reste d'une bombe à sous-munitions en Ukraine.
Ce qui reste d'une bombe à sous-munitions en Ukraine.Image: AP

L'Ukraine a reçu de nouvelles bombes «perfides»

Très controversées, les bombes à sous-munitions sont bannies par plus de 100 pays. Ces armes avaient explicitement été demandées par l'Ukraine, qui les a déjà larguées sur des villes occupées, tuant de nombreux civils.
14.07.2023, 17:0515.07.2023, 12:45
Plus de «International»

Les très controversées bombes à sous-munitions que Washington avait promises à Kiev la semaine dernière sont déjà arrivées à destination. C'est ce qu'a affirmé jeudi le Pentagone, sans préciser si elles avaient déjà été utilisées:

«Des armes à sous-munitions ont effectivement été livrées à l'Ukraine à ce stade»
Le lieutenant-général Douglas Sims

L'annonce de Joe Biden, jeudi dernier, avait soulevé une vague de réactions préoccupées. Les dirigeants d'une dizaine de pays, dont le Royaume-Uni, l'Italie ou l'Allemagne, avaient exprimé leur inquiétude, tout comme les Nations unies (ONU) et plusieurs ONG. Amnesty international dénonçait notamment «une mesure rétrograde», tout en rappelant que:

«Les armes à sous-munitions ont causé des dommages indicibles à des civils dans le monde entier, parfois des dizaines d'années après la fin d'un conflit»
Patrick Wilcken, Amnesty international

Les armes à sous-munitions sont des conteneurs remplis de petites bombes explosives, dispersées depuis les airs sur une vaste superficie. Le problème principal, c'est que plusieurs de ces projectiles n'explosent pas, conservant leur capacité meurtrière pendant des années. Des terrains peuvent ainsi rester contaminés, ce qui empêche de les utiliser pour l’agriculture ou d’autres activités.

Un bombardier américain largue des bombes à sous-munitions, 2001.
Un bombardier américain largue des bombes à sous-munitions, 2001.Image: AP, U.S. AIR FORCE

L'écrasante majorité des victimes de ces bombes sont des civils: sur les 149 morts recensés dans le monde en 2021 par le Cluster munition monitor, 144 étaient des civils, et 90 étaient des enfants. A cause de leurs conséquences, 110 pays ont adhéré à une convention interdisant totalement leur emploi. Les Etats-Unis, la Russie et l'Ukraine ne figurent pas parmi les Etats signataires.

Près de 700 victimes en Ukraine

La Russie a largement eu recours à des bombes à sous-munitions depuis les toutes premières phases de l'invasion de l'Ukraine. Rien que pendant la première moitié de 2022, au moins 689 victimes de ces armes ont été signalées dans le pays, selon le Cluster munition monitor, qui rappelle que le nombre réel est probablement plus élevé.

Amnesty affirme avoir documenté «l'utilisation illégale» de bombes à sous-munitions par les forces russes dans plusieurs villes de l'est de l'Ukraine. Certaines de ces attaques constitueraient «des crimes de guerre». Même l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan), quelques jours après le début de l'invasion, a accusé Moscou de recourir à ces armes.

Les responsables ukrainiens ont exprimé de vives inquiétudes sur le sujet. En avril 2022, la procureure générale Iryna Venediktova a déclaré devant l'ONU que Moscou «ignorait de manière flagrante le droit international humanitaire» en recourant à ces «armes perfides qui causent des blessures superflues et des souffrances inutiles parmi les civils».

Pourtant, l'Ukraine a, elle aussi, largué des bombes à sous-munitions sur les territoires occupés par les forces russes. Une enquête de l'ONG Human rights watch (HRW) a montré que les forces de Kiev ont bombardé la ville d'Izioum et les villages voisins avec ces armes, faisant «beaucoup de morts et de blessés graves parmi les civils», entre mars et septembre 2022.

Le Cluster munition monitor a documenté au moins trois attaques effectuées avec des armes à sous-munitions par l'armée ukrainienne l'année dernière. Kiev n'a pas nié avoir utilisé ce type de bombes, tout en assurant que ses forces «respectent strictement les normes du droit international humanitaire».

Un «game changer»

Les autorités ukrainiennes ont en revanche nié avoir bombardé Izioum avec des armes à sous-munitions, malgré les preuves matérielles et les témoignages recueillis par HWR. Une chose est pourtant sûre: Kiev avait publiquement demandé à recevoir ce type de bombes. Le ministre de la Défense, Oleksiy Reznikov, les a même qualifiées de «game changer».

Les Etats-Unis ont justifié leur décision en affirmant que les stocks de munitions conventionnelles «étaient sur le point d'être épuisés».

«Le choix difficile, mais nécessaire de livrer des armes à sous-munitions se résumait donc à ceci: si nous ne le faisons pas, les Ukrainiens seront à court de munitions. S'ils n'ont plus de munitions, ils seront sans défense»
Anthony Blinken, secrétaire d'Etat des Etats-Unis

Face aux réactions inquiètes d'une partie de ses alliés, Reznikov a assuré que les forces armées ukrainiennes respecteront cinq principes limitant les dégâts de ces armes:

  1. Ne les utiliser que sur le territoire de l'Ukraine;
  2. Ne pas les utiliser dans les «zones urbaines», mais uniquement «dans les champs où se trouve une concentration de militaires russes»;
  3. Tenir un registre strict des endroits où les munitions sont utilisées;
  4. Mener des activités de dépollution après la libération des zones où les munitions ont été utilisées;
  5. Rendre compte aux partenaires de l'utilisation des munitions et de leur efficacité.
Voici le Challenger 2, le char anglais envoyé en Ukraine
1 / 9
Voici le Challenger 2, le char anglais envoyé en Ukraine
source: uk ministry of defence
partager sur Facebookpartager sur X
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Un puissant séisme frappe la Grèce et est ressenti jusqu'au Caire
Un tremblement de terre de magnitude 6,1 a secoué plusieurs îles grecques ce mercredi matin et a même été ressenti jusqu'en Egypte. Aucun victime n'est à déplorer.

Un fort séisme de magnitude 6,1 a frappé la Grèce tôt mercredi matin en mer Egée méridionale, a indiqué l'institut américain de géophysique (USGS). Il a été ressenti jusqu'au Caire, en Egypte, mais n'a pas provoqué de victime ou de dégât.

L’article