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Guerre en Ukraine: Kiev peut compter sur Washington

Les derniers événements montrent que Kiev peut (encore) compter sur Washington

Le président américain Joe Biden joue les équilibristes. Il soutient l'Ukraine autant qu'il le peut mais ne veut pas donner l'impression que les Etats-Unis sont un belligérant. Est-ce vraiment possible?
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13.05.2022, 11:39
Renzo Ruf, Washington / ch media
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C’est vrai, la comparaison n'est pas idéale… Joe Biden n'est pas Franklin Roosevelt. Et Volodymyr Zelensky n'est pas Winston Churchill. Pourtant, le partenariat que les deux présidents ont mis sur pied au cours des trois derniers mois rappelle l'amitié légendaire entre les deux hommes d'Etat américain et britannique au début de la Seconde Guerre mondiale.

A l'époque, avant que les Etats-Unis ne deviennent eux-mêmes un belligérant en décembre 1941, il y avait une répartition des tâches bien précise entre Washington et Londres. Les Britanniques se battaient, de concert avec leurs alliés européens, et s'érigeaient en fer de lance de la démocratie. Les Américains fournissaient les armes contre la résistance intérieure et extérieure.

C’est aussi ce qu’ont voulu Zelensky et Biden. Et jusqu'à présent, cette répartition des rôles semble bien fonctionner. Après seulement quelques jours d'angoisse au début de l'invasion, la résistance ukrainienne s'est renforcée. Ces derniers jours, Kiev a diffusé des informations sur le succès d'une contre-offensive dans l'agglomération de Kharkiv, la deuxième plus grande ville du pays.

Les ponts russes sont détruits par les Ukrainiens.
Les ponts russes sont détruits par les Ukrainiens.image: twitter.com/DefenceU

Un coup qui devrait faire mal à la Russie

Les forces armées ukrainiennes se trouveraient, désormais, à dix kilomètres seulement de la frontière avec la Russie. Il semble également qu’elles soient parvenues à détruire des ponts russes dans le Donbass, ce qui aurait empêché l'avancée des troupes.

«Bilohorivka (réd: petit village à la frontière de la région de Lougansk) vient de résister à l’assaut russe, nos troupes ont détruit deux ponts», a écrit le gouverneur militaire de la région, Serhij Hajdaj, sur le service de messagerie Telegram. Il a également publié des images de drones montrant plusieurs dizaines de véhicules et de chars détruits.

Ces victoires sont difficiles à vérifier et doivent donc être prises avec précaution. Mais il semble quand même que l’Ukraine ait repris l'avantage dans certaines régions.

De nombreux chars russes sont détruits.
De nombreux chars russes sont détruits.image: twitter.com/DefenceU

Ce renversement de situation est aussi en partie dû à Joe Biden. Au cours des sept dernières semaines, le président américain a approuvé des livraisons d'armes à hauteur de plusieurs milliards – plus de 5500 missiles antichars de type Javelin, près de 800 drones de combat et 90 obusiers ont été acheminés vers l’Ukraine. Certes, Washington ne peut et ne veut pas satisfaire tous les souhaits de Kiev. En étroite collaboration avec les pays européens de l'Otan, le gouvernement Biden a, toutefois, réussi à compenser le déséquilibre initial.

Opposition au soutien américain

A l'instar de Roosevelt au début de la Seconde Guerre mondiale, le président américain donne aussi l'impression d'être fortement critiqué sur le plan de la politique intérieure. L'opposition remet en question les paquets d'aide de plusieurs milliards envoyés à l'Ukraine au vu des mauvaises nouvelles sur le front économique.

Lorsque la Chambre des représentants a approuvé, mardi, un nouveau crédit de 40 milliards de dollars, 57 des 209 républicains de la grande chambre du Parlement ont voté contre. Les députés conservateurs ont été contrariés par la rapidité avec laquelle ce nouveau paquet a été ficelé. Et surtout par le fait que ce crédit généreux profite principalement à des non-Américains.

Le fils aîné du président déchu Donald Trump, figure de proue de la droite du parti, a qualifié l'action des démocrates de «malade». Dans un commentaire vidéo, il s'est indigné du fait qu’actuellement les Etats-Unis font face à une pénurie de lait maternisé pendant que Biden continue à verser des milliards de dollars à l'Ukraine.

President Joe Biden speaks during a visit to Jeff O'Connor's farm in Kankakee, Ill., Wednesday, May 11, 2022. (Tiffany Blanchette/The Daily Journal via AP)
Le président américain Joe Biden.image: keystone

Cette intervention met en évidence le problème central de Biden. La répartition des tâches avec Zelensky fonctionne uniquement tant que les forces armées ukrainiennes sont en progression.

Comme les Etats-Unis se trouvent en marge de la guerre en Ukraine, Washington ne peut influencer qu'indirectement les événements sur le terrain, par des versements d'argent et des livraisons d'armes. Le président américain veut, en effet, éviter que son pays ne devienne un belligérant. Mais que se passera-t-il donc si la guerre se prolonge pendant des mois?

Biden n'invoque pas «la lutte du bien contre le mal»

Roosevelt avait une vision bien précise du conflit de la Seconde Guerre mondiale. Il pensait qu'un affrontement direct entre la démocratie et le totalitarisme ne pouvait être évité. Une lutte du bien contre le mal. Il avait donc misé sur Churchill tout en préparant sa population à un conflit mondial.

Biden semble toutefois s’écarter du discours, selon lequel Zelensky mène une guerre par procuration en Ukraine. Il a affirmé, cette semaine, que la population ukrainienne se battait pour «son» pays et «sa» démocratie. Cela ne ressemble pas au prélude d'une guerre entre le bien et le mal. Peut-être Biden veut-il ainsi désarmer sa rhétorique, après avoir visité des usines d'armement et tenu des propos durs contre Poutine. Reste à savoir combien de temps il pourra rester fidèle à cette ligne.

La tourelle d'un char russe propulsée dans les airs
Video: watson
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