International
ukraine

Après la double frappe russe, Soumy pleure ses morts

Kateryna Sitak, 23 ans, enseignante, pleure après avoir déposé des fleurs et des jouets sur le site d'une frappe de missile russe à Soumy, en Ukraine, le lundi 14 avril 2025.
Kateryna Sitak, 23 ans, enseignante, pleure après avoir déposé des fleurs et des jouets sur le site d'une frappe de missile russe à Soumy, en Ukraine, le lundi 14 avril 2025.keystone

«Il y avait des tonnes de cadavres»: Poutine accusé de crime de guerre

Deux missiles russes ont dévasté le centre-ville, faisant de nombreuses victimes civiles. Sur place, les survivants racontent l’horreur et l’incompréhension, tandis que les accusations de crime de guerre se multiplient.
15.04.2025, 16:5015.04.2025, 16:50
Barbara WOJAZER, ukraine
Plus de «International»

Debout devant les portes d'un funérarium de Soumy, Lioudmyla Mossounova se sent perdue en préparant l'enterrement de sa mère, tuée deux jours plus tôt dans une frappe russe dévastatrice.

Deux missiles balistiques lancés en plein centre de Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, ont tué 35 personnes et blessé plus d'une centaine dimanche, dans cette ville située à 30 kilomètres de la frontière russe. «J'attends qu'elle vienne à moi la nuit, dans mes rêves», glisse Lioudmyla.

«Demain, ce sont les funérailles, peut-être qu'elle pourrait me donner quelques conseils»

Sa mère Tetiana Kvacha, 65 ans, avait décidé de prendre le bus ce jour-là, ce qu'elle faisait «rarement», pour se rendre au centre-ville pour le dimanche des Rameaux, une semaine avant Pâques. Le bus a été touché dans la rue et «ça a fini par être un dimanche sanglant», regrette Lioudmyla, en larmes.

L'attaque, la plus meurtrière de 2025, est l'une des pires depuis le début de l'invasion lancée par la Russie il y a plus de trois ans, selon la police nationale.

«Je rentre à la maison, m'assois et pleure. J'ouvre mon téléphone, regarde les photos et pleure. Tout le monde m'envoie leurs condoléances, je pleure», confie la femme de 41 ans.

«Sauver des gens»

Artem Sélianine était lui sur le point de retrouver des amis quand il a entendu la première déflagration, abandonnant son petit-déjeuner qu'il prenait avec sa famille. «Papa, où cours-tu?», lui a demandé sa fille alors qu'il se précipitait dans la rue pour prodiguer les premiers soins.

«Je lui ai dit que je devais sauver des gens»

Le deuxième missile est tombé alors qu'il s'occupait des blessés. Il se souvient avoir «couru ici et là, c'était le chaos. Il y avait des tonnes de cadavres, des civils».

La Russie est accusée d'avoir utilisé la tactique de la double frappe: un second projectile est lancé au même endroit après le premier impact, à quelques minutes d'écart, dans le but de créer des dégâts parmi les personnes sur place, aidant les premières victimes.

Une telle frappe constituerait un crime de guerre, car elle vise principalement les civils et les secours. Les autorités russes de leur côté ont affirmé avoir visé un rassemblement militaire et reproché à Kiev d'organiser de tels événements «dans le centre d'une ville densément peuplée».

Incompréhension

De nombreux dirigeants occidentaux ont condamné la Russie pour cette attaque. Le président américain Donald Trump a lui estimé «qu'ils avaient fait une erreur», sans préciser à qui ou à quoi il faisait référence.

Iryna Kachtchenko, ne croit pas que ce soit «une erreur», car «il est impossible que deux missiles frappent au même endroit».

«C'est un week-end, un jour férié, les gens vont à l'église, ils vont prier, bénir des branches de saule, et c'est le centre-ville.»

Iryna est la directrice de l'école où Maryna Choudessa, une enseignante, a travaillé avant d'être tuée avec sa mère lors de l'attaque de dimanche. «Les enfants sont sous le choc», dit-elle, «parce que les enfants de CM2 ne comprennent pas encore, ce sont encore des enfants.»

Devant l'entrée de l'école, un mémorial a été établi, noyé sous les fleurs et une photo en noir et blanc de Maryna souriante.

Juste au-dessus était accroché le portrait d'un ancien élève de l'école tué à la guerre. «Je ne comprends pas», regrette Iryna, «c'est très dur et difficile d'en parler, et maintenant, je vais à l'enterrement».

La guerre en Ukraine dans l'œil d'Alexander Chekmenev

1 / 25
La guerre en Ukraine dans l'œil d'Alexander Chekmenev
Faces of war pour le New York Times.
source: alexander chekmenev
partager sur Facebookpartager sur X
Ceci pourrait également vous intéresser:
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
Ces villes prisées des Suisses se révoltent contre le surtourisme
Barcelone, Naples, Lisbonne: ce dimanche, plusieurs cités du sud de l'Europe vont être le théâtre de manifestations contre une dépendance excessive au tourisme. Un phénomène qui entraîne pénuries de logements et précarité de l'emploi selon les militants. Analyse.

Le 15 juin, plusieurs villes du sud de l'Europe seront le théâtre d'une journée de mobilisations coordonnées contre la «touristification» de leurs territoires. À Barcelone, Lisbonne, Naples ou aux Canaries, destinations appréciées des Suisses, le tourisme de masse remodèle les espaces urbains, souvent au détriment des communautés locales. Ces manifestations reflètent des tensions croissantes entre les dynamiques de touristification et une opposition locale de plus en plus audible.

L’article