Poutine a-t-il vraiment été attaqué? On fait le point
Mensonge ou vérité? Moscou a accusé Kiev d'avoir visé dans la nuit de dimanche à lundi avec 91 drones une résidence de Vladimir Poutine située à Valdaï, entre Moscou et Saint-Pétersbourg, et hautement sécurisée. Ce soudain regain de tension diplomatique intervient peu après des déclarations américaines et ukrainiennes faisant état de progrès dans les discussions en vue d'un accord pouvant faire cesser l'invasion russe de l'Ukraine.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Sybiga a souligné que Moscou, au lendemain de ses accusations, n'avait «toujours pas fourni de preuves plausibles», mardi.
Le premier ministre indien Narendra Modi s'est notamment dit mardi, sur X, «profondément préoccupé par des informations faisant état» d'une attaque ayant visé la résidence du président russe dans la région de Novgorod: «De telles réactions face aux affirmations manipulatrices et infondées de la Russie ne font que servir la propagande russe et encourager Moscou à commettre davantage d'atrocités et de mensonges», a-t-il ajouté, estimant que cela «sape le processus de paix constructif qui progresse actuellement».
Cette accusation intervenait au lendemain d'une rencontre en Floride entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue américain Donald Trump, qui pousse à une résolution du conflit lancé il y a près de quatre ans.
«Durcissement»
Lors de son briefing quotidien mardi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, n'a pas fourni de preuve, assurant que les drones avaient tous été abattus et qu'il faudrait de ce fait s'adresser au ministère russe de la Défense concernant la présence d'éventuels débris.
Volodymyr Zelensky a qualifié lundi ces accusations de «mensonge» destiné selon lui à préparer de nouvelles attaques contre Kiev et à «saper» les efforts diplomatiques entre l'Ukraine et les Etats-Unis. «Je n'aime pas ça. Ce n'est pas bon», a de son côté réagi Donald Trump, lundi soir, depuis sa résidence de Mar-a-Lago, à Palm Beach. «Vous savez qui m'en a parlé? Le président Poutine», a-t-il dit. «C'est une période délicate. Ce n'est pas le bon moment», a-t-il ajouté.
Ces accusations jettent le doute sur la poursuite des tractations diplomatiques engagées depuis novembre pour tenter de mettre fin au conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale. Parallèlement, plusieurs dirigeants occidentaux se sont entretenus mardi sur la situation en Ukraine, ont annoncé leurs équipes. Parmi les participants, le premier ministre polonais Donald Tusk, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen et le chancelier allemand Friedrich Merz.
Evacuations en Ukraine
Ce dernier a évoqué, sur X, des consultations avec «nos partenaires européens et canadiens» et indiqué que «la transparence et l'honnêteté sont désormais requises de chacun, y compris la Russie», sans plus de détails. Zelensky a affirmé lundi que les Etats-Unis avaient proposé à l'Ukraine des garanties de sécurité «solides» pour une période de 15 ans, prolongeable, face à la Russie.
Sur le terrain, les bombardements entre les deux camps se poursuivent. Dans la nuit de lundi à mardi, l'Ukraine a été visée par deux missiles et soixante drones russes, selon l'armée de l'air ukrainienne.Les autorités de la région de Tcherniguiv dans le nord de l'Ukraine ont par ailleurs ordonné mardi l'évacuation de 14 villages proches de la frontière avec le Bélarus et la Russie, en raison de bombardements russes quotidiens.
Dans la matinée, la grande ville ukrainienne de Zaporijjia (sud) a, elle, été frappée par trois bombes russes, selon les autorités locales. Une femme a été blessée et plusieurs maisons et immeubles résidentiels endommagés.Dans son rapport quotidien, l'armée russe, plus nombreuse et qui poursuit ses attaques sur le front, a pour sa part revendiqué la prise de deux petites localités dans les régions de Kharkiv (nord-est) et de Zaporijjia.
(afp, bur/blb/thm)
