Cette unité ukrainienne a réalisé un coup de maître à l'aide de robots
Les drones terrestres jouent un rôle de plus en plus important la guerre en Ukraine. Ces redoutables robots ont changé la manière de combattre, puisqu’ils ne se contentent plus de ravitailler ou d’évacuer les troupes en première ligne, mais participent désormais directement aux attaques.
Cela a été le cas lors d’une opération menée en juin 2025 dans la région de Kharkiv, et rapportée la semaine dernière par le Kyiv Post et le Washington Post. Les Ukrainiens seraient ainsi parvenus à capturer des prisonniers de guerre grâce à un drone terrestre. Une vidéo en témoigne même.
La séquence:
La séquence provient du canal Telegram de la 3ᵉ brigade d’assaut de l’armée ukrainienne. Le texte accompagnant la publication affirme qu’il s’agit du premier assaut confirmé de l’histoire de la guerre moderne mené exclusivement à l’aide d'engins sans équipage, et du premier cas documenté de prisonniers capturés par un drone terrestre.
Ce succès est attribué à l’unité NRK NC13 de la compagnie BPS Deux ex machina du 2ᵉ bataillon d’assaut. L’authenticité des images n’a pas pu être vérifiée de manière indépendante.
Comment l'opération s'est déroulée
Le Washington Post s’est entretenu avec l’officier ukrainien responsable de l’opération, connu sous le nom de code «Vladyka». Selon lui, les images ont été tournées sur la ligne de front, dans le nord-est de l’Ukraine. En juin dernier, les troupes ukrainiennes y ont tenté, pendant deux semaines, de reprendre sans succès une position russe.
D’après des communications interceptées de l'ennemi, les soldats russes qui occupaient la position étaient bien entraînés et préparaient eux-mêmes une offensive, explique Vladyka.
Les Ukrainiens auraient constaté que leurs ennemis étaient régulièrement approvisionnés en vivres et en matériel. C’est ce qui aurait conduit à un changement de stratégie, d'où le lancement d'une attaque uniquement à l’aide de drones terrestres.
Dans son entretien avec le Washington Post, Vladyka a détaillé le déroulement de l’opération. Pendant plusieurs heures, son équipe de trois a analysé des images de surveillance et des renseignements militaires sur la position des Russes, avant d’élaborer un plan d’attaque.
Chargé de 60 kilos d’explosifs, le robot a dû être acheminé sur quelques kilomètres, à travers les champs et un village, jusqu’à un bosquet où les Russes s’étaient retranchés.
Comme ces engins ne disposent pas de caméras embarquées, ils doivent être accompagnés par un drone aérien qui leur fournit des images en direct et sert de guide pour leur pilotage.
Après une première attaque réussie, les Ukrainiens ont envoyé un deuxième engin. C'est là que les choses sont devenues «intéressantes», raconte Vladyka. Sur la retransmission aérienne, on a soudain vu de l’agitation à l’entrée du fossé russe. Les soldats retranchés ont alors brandi un morceau de carton blanc disant:
Les soldats se sont ensuite extirpés de leur cachette, désarmés, et sans même porter de gilets pare-balles. Tout en brandissant leur pancarte en carton, ils ont suivi le drone le long d’une route de campagne, jusqu’à tomber sur une unité ukrainienne qui les a finalement capturés.
Le deuxième drone terrestre, qui n'avait pas été utilisé, a ensuite été conduit par les Ukrainiens dans un champ où ils l’ont fait exploser. Le ramener sur leurs lignes aurait constitué un trop gros risque pour leur sécurité, explique Vladyka.
Des robots à la place des soldats?
Les Ukrainiens considèrent l’opération comme un grand succès. La position a été reprise, aucune unité d’infanterie n'a été engagée, et aucune perte n'a été à déplorer.
L’ensemble n'a, de surcroît, pas coûté très cher. Selon le Washington Post, le prix des drones terrestres varie en fonction de leur taille et de leur équipement, mais reste inférieur à celui d’un tir d’artillerie. Le véhicule utilisé lors de la fameuse opération du mois de juin vaut 1200 francs.
La guerre transforme ainsi l’Ukraine en véritable laboratoire d’expérimentation pour ces robots guerriers. Leur taille varie de celle d’un four à micro-ondes à celle d’un véhicule capable de transporter plusieurs personnes. Selon le commandant en chef de l’armée ukrainienne, le nombre de missions effectuées par ces engins sur le front a presque doublé entre août et septembre.
Le ministère ukrainien de la Défense prévoit d’envoyer jusqu’à 15 000 drones terrestres sur le front d’ici fin 2025, afin de compenser au moins partiellement le désavantage numérique dont souffre l’Ukraine face à la Russie.
Traduit de l'allemand par Joel Espi
