A la veille du sommet entre le président américain Donald Trump et le dirigeant russe Vladimir Poutine, des informations circulent sur une nouvelle proposition pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Selon le journal britannique The Times, l'envoyé de l'administration Trump Steve Witkoff aurait évoqué, lors de sa récente visite à Moscou, une prise de contrôle de facto de territoires ukrainiens par la Russie.
Dans ce scénario, après un cessez-le-feu, la Russie administrerait et continuerait de contrôler les zones occupées en vertu du droit international, notamment les régions de Louhansk et Donetsk, sans les intégrer officiellement à son territoire national.
Le modèle évoqué est celui de la Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967. Ce territoire est sous contrôle israélien, mais revendiqué par l’Autorité palestinienne, et son occupation est considérée comme contraire au droit international par la communauté du même nom.
Israël contrôle militairement le territoire, mais l'Autorité palestinienne administre de nombreuses villes. Les habitants doivent cependant toujours s'identifier aux postes de contrôle israéliens lorsqu'ils voyagent. En outre, les colons israéliens construisent de plus en plus de nouvelles maisons en Cisjordanie.
D’après le Times, Witkoff soutiendrait cette proposition. Elle offrirait un avantage constitutionnel à l’Ukraine: les territoires ne seraient pas officiellement cédés, ce que la Constitution ukrainienne interdit. Ainsi, aucun référendum sur l’abandon de régions ne serait nécessaire. La Russie pourrait tout de même revendiquer un gain.
Toutefois, l’Ukraine a jusqu’ici affirmé qu’elle ne céderait aucun territoire occupé par les troupes de Poutine. La reconnaissance d'une administration russe des villes ukrainiennes est également exclue à ce jour.
Comme l'a déclaré une source du Conseil national de sécurité américain au Times:
Du côté de la Maison-Blanche, une porte-parole a affirmé au journal britannique que rien de tel n'avait été discuté. Pourtant, l'idée n'est pas absurde, du moins du point de vue russe. Poutine n'a jusqu'à présent pas renoncé à ses exigences maximales de placer de grandes parties de l'est de l'Ukraine sous son contrôle.
Il y a une semaine, Trump a parlé d'un échange de territoires, mais il est possible qu'il y ait eu une incompréhension avec son médiateur, Steve Wittkoff.
Selon le chancelier allemand Friedrich Merz, l’Ukraine est prête à des «négociations sur des questions territoriales», en partant de la ligne de contact actuelle du conflit. Cela ne signifie pas pour autant une reconnaissance juridique de ces zones. Le principe selon lequel les frontières ne doivent pas être modifiées par la force doit être respecté, a-t-il affirmé à l’issue du sommet ukrainien mercredi.
Le modèle «Cisjordanie» reste aujourd’hui contesté par la communauté internationale. Une solution similaire pour l’Ukraine serait probablement rejetée à la fois par Kiev et par ses alliés occidentaux. Jusqu'à présent, la Russie n'a pas montré où elle souhaitait faire des concessions à l'Ukraine.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de nouveau réclamé mercredi de participer aux négociations. Il a en outre déclaré devant la presse:
Traduit de l'allemand par Anne Castella