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La Russie recruterait des enfants pour des attentats-suicides

Yulia Girdvilis, porte-parole de la police nationale, à une classe de Kiev.
La police ukrainienne est inquiète par la recrudescence d'actes d'espionnage et terroristes imputés à la Russie et commis par des mineurs. capture d'écran: vidéo Police nationale ukrainienne

«La Russie n'a plus de limite» et recruterait des enfants kamikazes

Les services de renseignement ukrainiens rapportent une tactique de guerre perfide du Kremlin. Les victimes ignorent jusqu'à leur mort ce qu'elles sont réellement en train de faire.
12.05.2025, 05:3712.05.2025, 05:37
Julian Alexander Fischer / t-online
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Ces derniers mois, de mystérieux attentats-suicides ont été perpétrés en Ukraine. Derrière tout cela se cacherait apparemment une tactique des services secrets militaires russes GRU, dans laquelle les enfants jouent un rôle central.

Les services de renseignement russes recruteraient délibérément des Ukrainiens marginalisés, en leur promettant de l'argent facile, selon le New Lines Magazine. Sous la supervision russe, les recrutés doivent fabriquer une bombe et sont envoyés en tant que messagers vers des centres de recrutement ou des installations militaires ukrainiennes. Une fois arrivés à destination, des agents russes déclenchent la bombe à distance, sans que les messagers aient été informés du plan.

La Russie recrute des enfants pour des attentats

Récemment, la Russie aurait également commencé à recruter spécifiquement des enfants pour ces missions mortelles. Le premier contact se fait généralement via Telegram, une application de messagerie russe largement utilisée en Ukraine. Liubov Tsybulska, une experte ukrainienne en guerre hybride, a noté au New Lines Magazine:

«Presque tous les enfants en Ukraine utilisent Telegram»
Yulia Girdvilis, porte-parole de la police nationale, à une classe de Kiev.
Un jeune avec un flyer de la police.capture d'écran: vidéo Police nationale ukrainienne

Elle a expliqué qu'il y avait déjà eu une centaine d'incidents similaires, mais qu'un petit nombre d'entre eux seulement apparaissaient finalement dans les médias. Un cinquième des attentats impliqueraient des enfants. Elle commente:

«C'est une tactique incroyablement sombre et perfide, mais malheureusement très efficace»

Plusieurs incidents impliquant des enfants ukrainiens

Un incident s'est produit en mars dans la ville d'Ivano-Frankivsk, dans l'ouest de l'Ukraine. Un garçon de 15 ans et un autre de 17 ans avaient fabriqué une bombe avec un superviseur russe, après avoir été attirés par la promesse de «gagner de l'argent facilement». Selon New Lines, ils ont ensuite été envoyés près d'une gare. L'engin explosif a ensuite été déclenché à distance par géolocalisation GPS. Le garçon de 17 ans est décédé sur le coup, tandis que le plus jeune a été transporté à l'hôpital avec des blessures graves.

Une catastrophe a été évitée, rapporte le portail Militarnyi. Une élève de 15 ans de Kiev a été recrutée via Telegram pour un travail à temps partiel. Sa mission: récupérer un colis et le livrer à un commissariat, selon ses déclarations. Le colis était une bombe déguisée en thermos, fabriquée par un jeune de 18 ans. Ce dernier avait été arrêté et collaborait avec les autorités ukrainiennes. Lorsque la jeune fille est entrée au commissariat, la bombe a été déclenchée à distance à son insu, mais elle avait déjà été neutralisée auparavant.

Une jeune fille de 15 ans avec un engin explosif dans un poste de police.
Une jeune fille de 15 ans avec un engin explosif dans un poste de police.Image: Suspilne Chernihiv

Une autre fille a d'abord refusé de coopérer avec les recruteurs russes, rapporte New Lines. Par la suite, des agents russes auraient piraté le téléphone de la jeune fille de 14 ans et menacé de publier des photos intimes d'elle. Elle a alors accepté de coopérer, mais a été arrêtée avant que la bombe ne puisse être activée.

Les experts mettent en garde: «Des tactiques dignes d'Al-Qaïda»

Ed Bogan, un ancien agent de la CIA avec une vaste expérience dans la gestion des relations avec la Russie et les groupes terroristes islamistes internationaux, avertit de cette méthode auprès de News Line:

«Ce sont des tactiques dignes d'al-Qaïda et de l'Etat islamique. Les Russes n'ont désormais plus aucune limite.»

Dmytro Shumeyko, le chef de la police de Kiev, a affirmé que près de 90% des attaques étaient liées à des incitations financières. Cependant, personne n'a reçu les paiements promis, qui variaient entre 490 et 820 francs suisses.

Alex Finley, une ancienne employée de la CIA ayant écrit et enquêté en profondeur sur les activités des services de renseignement russes, a souligné:

«Ces attaques sont conçues de manière à être reniées et se situent en dessous du seuil de ce que l'on considère généralement comme un acte de guerre.»

Cependant, pour la Russie, elles font partie intégrante des stratégies de guerre.

D'autres jeunes ont été recrutés pour commettre des incendies criminels, poser des mines ou photographier des objectifs. En Ukraine, il semble qu'on tente de lutter contre ce phénomène. Le service de renseignement ukrainien SBU et la police nationale vont désormais dans les écoles pour sensibiliser les enfants aux dangers du recrutement par des forces étrangères. Les élèves sont encouragés à signaler directement toute tentative de recrutement.

Vidéo de la Police nationale ukrainienne, publiée le premier mai et tournée dans une salle de classe.Vidéo: YouTube/Національна поліція України

Yulia Girdvilis, porte-parole de la police nationale, à une classe de Kiev:

«Comment savez-vous qu'ils essaient de vous utiliser? Par exemple, un inconnu vous écrit sur les réseaux sociaux et vous propose de l'argent facile pour accomplir une tâche simple. Il vous laisse entendre que 'ce n'est pas effrayant, il ne se passera rien de grave'. Les Russes peuvent également recourir à l'intimidation ou au chantage. Et les tâches peuvent être des incendies criminels, la prise de photos, la transmission d'informations ou même des attaques terroristes».

Pour prévenir ces dérives, les autorités ukrainiennes ont lancé un chatbot sur Telegram. Le Center for European Policy Analysis, basé aux Etats-Unis, rapporte que depuis la mi-décembre, plus de 1 300 signalements ont été reçus via ce bot.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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