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Entre guerre et plage, l'Ukraine tient bon et riposte

Les Ukrainiens ripostent

Contrairement aux attentes, les troupes de Poutine n’ont pas réussi à élargir leur percée sur un secteur central du front. Au contraire, les contre-attaques ukrainiennes ont éliminé la brèche en un temps record. Parallèlement, les drones de Kiev sèment le chaos dans l’industrie pétrolière russe.
28.08.2025, 05:2928.08.2025, 05:29
Odessa
Scène de plage à Odessa.Image: Kurt Pelda
Kurt Pelda / ch media
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A Odessa, on n’avait pas vu une telle foule depuis longtemps. Dimanche, jour de la fête nationale ukrainienne, les habitants de la ville portuaire et de nombreux touristes se sont mis sur leur trente-et-un et ont défilé dans la vieille ville.

Malgré le risque de frappes de missiles et de drones, des milliers de personnes ont profité de l’été et des plages d’Odessa. Des scènes dignes de la haute saison à Rimini, en Italie, frappantes dans une ville en pleine guerre.

Odessa ne cède pas

Ruslan, membre de la marine ukrainienne, raconte:

«Lors des négociations entre Poutine et Trump en Alaska, nous avions peur que notre pays soit vendu. Mais lorsque les Européens, pour une fois unis, ont fait face à Trump à Washington, le pessimisme s’est un peu dissipé».

Pourtant, le danger demeure, selon Ruslan: le président américain, imprévisible, pourrait un jour abandonner complètement l’Ukraine. C’est une crainte largement partagée dans le pays, pas seulement à Odessa. Beaucoup d’Ukrainiens pensent donc qu’au final, seuls leurs propres efforts pourront contraindre Moscou à céder.

Ces efforts incluent notamment les investissements dans l’industrie de l’armement ukrainienne, parfois avec l’aide d’Etats occidentaux. Aujourd'hui par exemple, une multitude de drones longue portée frappent les installations pétrolières et gazières russes, et le missile de croisière Flamingo, capable, dit-on, de transporter une énorme ogive sur environ 3000 kilomètres, peut permettre d’atteindre des cibles bien au-delà de l’Oural.

Workers inspect Flamingo cruise missiles at Fire Point's secret factory in Ukraine on Monday, Aug. 18, 2025. (AP Photo/Efrem Lukatsky)
Ukraine Drone Factory
Voici des missiles Flamingo, dans une usine ukrainienne secrète. Le 18 août 2025.Keystone

Alors que ces investissements en usines d’armement restent discrets, les grandes villes ukrainiennes voient fleurir des commerces, restaurants et bars. Les Ukrainiens investissent aussi à titre privé, notamment dans des projets immobiliers mis à l’arrêt depuis le début de la guerre, mais désormais terminés.

Il est surprenant que cela se produise même à Odessa, particulièrement touchée par les attaques de drones. La ligne de front dans le Donbass est lointaine, mais les zones sous contrôle russe ne sont qu’à une soixantaine de kilomètres.

Les assaillants russes menacés d’encerclement

Après l’échec des négociations de paix en Alaska et à Washington, on s’attendait à ce que le Kremlin frappe à nouveau les Ukrainiens de terreur, surtout le jour de leur indépendance. Mais le contraire s'est produit: ce sont les Ukrainiens qui, cette fois, ont lancé une pluie de drones sur des raffineries et une importante installation pétrochimique en mer Baltique, d’où transitent une grande partie des exportations russes de gaz et de carburant vers l’Asie. En ciblant les infrastructures pétrolières et gazières, les Ukrainiens attaquent le talon d’Achille de Poutine, sans lequel il ne peut financer sa guerre.

Une raffinerie en feu près de Briansk.
Les installations pétrolières russes de Briansk ont
été touchées en avril et ces derniers jours, les attaques de drones ukrainiens ont de nouveau été couronnées de succès.
Keystone

Sur le front du Donbass aussi, la situation semble moins critique pour les Ukrainiens qu’il y a deux semaines. Peu avant le sommet entre Trump et Poutine en Alaska, de petits groupes de soldats russes avaient percé les lignes près de Pokrovsk, une ville disputée depuis longtemps, avançant de 15 kilomètres en quatre jours. Une percée inquiétante dans une zone stratégique pour défendre le reste du Donbass.

Mais l’état-major ukrainien a réagi rapidement, envoyant des réserves et des troupes d’élite, dont le 1er corps Azov. En peu de temps, elles ont coupé la saillie russe en deux. Le sort des assaillants probablement encerclés reste incertain. Par la suite, plusieurs contre-attaques locales ukrainiennes ont été lancées.

L'un des objectifs, entre-temps démantelé, était les zones d’où plusieurs brigades russes tentaient d’encercler Pokrovsk par le nord. Si les succès annoncés par les Ukrainiens se confirment, ces brigades pourraient à leur tour se retrouver prises au piège. Mais pour cela, les forces de Kiev doivent encore progresser d’environ huit kilomètres, une distance importante dans ces conditions.

A Ukrainian National Guard serviceman of 3rd brigade, Spartan, prepares a Penguin UAV for flight near the frontline in Pokrovsk direction, Ukraine, Wednesday, Aug. 6, 2025. (AP Photo/Evgeniy Maloletka ...
Un soldat ukrainien prépare son drone, près de Pokrovsk, le 8 août 2025.Keystone

Moins de véhicules blindés russes

Pourquoi les Russes n’ont-ils pas pu exploiter leur percée de 15 kilomètres vers le nord? Non seulement à cause de la réaction rapide ukrainienne et du faible nombre d’assaillants, mais aussi parce que Moscou engage de moins en moins de véhicules blindés, ce qui fait que l’infanterie russe se retrouve souvent seule. Or, sans véhicules, difficile pour des fantassins d’élargir une brèche, d'avancer profondément en territoire ennemi et de prendre l’adversaire à revers.

Si les Russes utilisent si peu de chars, c’est non seulement parce qu’ils en ont perdu énormément et manquent de matériel, mais aussi parce que le char de combat classique a perdu de sa valeur. Avec un champ de bataille rendu «transparent» par les drones de reconnaissance, et face aux essaims de drones d’attaque, le char de combat classique perd de sa force de frappe. A l’inverse, une infanterie isolée n’a pas la mobilité nécessaire pour conquérir rapidement de vastes territoires, d’autant que les drones sont désormais si nombreux qu’ils peuvent même traquer et éliminer des combattants isolés.

Odessa
Musiciens de rue sur l'escalier Potemkine, à Odessa.Image: Kurt Pelda

A Odessa, la population civile et quelques soldats en permission profitent de la soirée, en assistant par exemple à un concert en plein air d'un groupe ukrainien. Sur les célèbres marches Potemkine, une jeune femme qui chante accompagnée d'une guitare. Le public applaudit, des gens dansent. Tous savent que cette soirée de fête nationale ce n'est qu'une courte pause entre deux attaques de drones russes. C'est pour cela qu'ils en profitent d'autant plus.

Traduit de l'allemand par Anne Castella

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