Pourquoi l'Ukraine juge le Gripen plus efficace que le F-35
En 2014, le Conseil fédéral suisse avait proposé le chasseur suédois Gripen comme remplaçant de la flotte vieillissante de Tiger. 22 appareils devaient être achetés pour un prix d’un peu plus de 3 milliards de francs. L’opération s’est terminée en fiasco.
53,4% des citoyens ont fait échouer le Gripen dans les urnes. Les opposants ont mené une campagne de dénigrement affirmant que le chasseur, encore en développement, n’était qu’un «avion en papier», avec succès.
Une percée technologique d'envergure
Le Gripen E, la version la plus récente du chasseur que la Suisse envisageait également d’acheter, n’a été livré aux forces armées suédoises par le constructeur Saab que ce mois-ci. Mais, désormais, son programme prend véritablement son essor.
Equipé du radar le plus moderne et d’un moteur puissant, il est considéré comme un avion entre la quatrième et la cinquième génération. Récemment, un test militaire a fait sensation: le Gripen a réussi à gérer de manière autonome une situation de combat grâce à l’intelligence artificielle. Une première.
Un pays particulièrement convaincu par le Gripen est l’Ukraine. Le président Volodymyr Zelensky a parlé d’un «excellent avion» parfaitement adapté aux besoins de son pays. Les Ukrainiens souhaitent désormais en acquérir 150 exemplaires. Le Gripen doit constituer l’ossature de la future force aérienne ukrainienne, qui se compose aujourd’hui d’anciens avions soviétiques ainsi que de F-16 américains et de Mirage 2000 français fournis dans le cadre d’aides militaires.
Un avion conçu pour être utilisé partout
Qu’est-ce qui rend le Gripen si attractif pour l’Ukraine? En résumé: c’est un engin polyvalent, peu exigeant et abordable.
L’avion a été développé en Suède avec l’objectif de pouvoir décoller depuis de courtes pistes. Il est donc plus compact et maniable que ses concurrents. Si nécessaire, le Gripen peut atterrir sur une route et être prêt au décollage depuis la plate-forme d’un camion en dix minutes seulement. Il peut être ravitaillé en carburant moteur en marche. Pour l’Ukraine, dont les bases aériennes sont les cibles régulières des attaques russes, cette agilité est cruciale.
Le président Zelensky souligne également la polyvalence du chasseur, qui le rend adapté à toutes sortes de missions. Selon lui:
Il y a notamment le missile air-air à longue portée «Meteor» du consortium européen MBDA.
Celui-ci offrirait à l’Ukraine un moyen véritablement efficace contre les avions ennemis qui larguent leurs bombes depuis l’espace aérien russe. Actuellement, aucun des avions utilisés par l’Ukraine, y compris les F-16 américains, ne peut transporter le Meteor.
Plus simple et moins cher que le F-35
L’un des plus grands avantages du Gripen est sa facilité d’utilisation. Selon Zelensky, la formation des pilotes ne dure que six mois, contre un an et demi pour le F-16. Le Gripen peut également être entretenu par une petite équipe: pour la maintenance et le ravitaillement, il suffit d’un technicien et de cinq soldats, qui peuvent être des conscrits selon le fabricant Saab.
Les F-16 sont beaucoup plus exigeants, sans parler des F-35, souvent considéré comme des «ordinateurs volants» avec leur technologie furtive de pointe.
De manière générale, le Gripen offre peut-être le meilleur rapport coût-efficacité. Les estimations varient, mais les coûts opérationnels sont souvent situés entre 10 000 et 20 000 francs par heure de vol. Zelensky commente:
Les premiers exemplaires devraient être livrés à l’Ukraine à partir de 2028. D’ici les 12 prochains mois, Kiev pourrait déjà recevoir certains modèles plus anciens. De plus, l’Ukraine négocie, selon Zelensky, la création d’une ligne de production locale de Gripen. L'opération, coûtant plusieurs milliards, pourrait être financée grâce aux fonds russes gelés.
(Traduit de l'allemand par Tim Boekholt)
