Avant sa marche sur Moscou fin juin, le groupe Wagner était considéré comme l'une des unités russes les plus puissantes, richement financé par le Kremlin et équipé d'armes lourdes par l'armée. Mais le soulèvement a rapidement tourné court, remettant en cause l'avenir de la troupe de mercenaires. Une incertitude qui a encore augmenté ce mercredi avec le décès d'Evgueni Prigojine, le chef du groupe Wagner.
Mais les choses allaient mal pour son empire depuis plusieurs semaines. «Depuis la mutinerie, l'état de l'entreprise de Prigojine est assez déplorable», affirme le canal Telegram russe «VChK-OGPU», proche de Wagner, en citant une source anonyme au sein de l'armée privée. La critique avait le mérite d'être claire:
Avant son décès, Evgueni Prigojine s'était régulièrement illustré par des sorties grossières contre le commandement de l'armée russe et visait vraisemblablement, par sa rébellion, un changement à la tête des forces armées du Kremlin. Ce lundi, l'homme de 62 ans s'était exprimé personnellement pour la première fois depuis fin juin, très probablement depuis l'Afrique. 48 heures plus tard, son avion s'écrasait dans des circonstances qui restent encore à déterminer.
Comme en fait état VChK-OGPU, les employés de Wagner ont profité de son absence pour piller l'entreprise de différentes manières. Ainsi, des employés du département des finances se seraient spécialisés dans la «collecte de cadavres» afin de retenir la solde des combattants qui sont morts ou ont quitté la troupe:
Le salaire mensuel parmi les mercenaires allant de 500 à 1000 francs, il en résulte une perte importante pour l'entreprise, «et cela chaque mois».
Les collaborateurs du service de sécurité interne de Wagner sont également tombés sur une «mine d'or» pour arnaquer la société, selon VChK-OGPU. Ce service acquiert du matériel technologique pour l'organisation, par exemple des caméras de surveillance et des drones de reconnaissance. Les fraudeurs demandent donc un budget élevé à leur direction et le détourne.
Dans les départements inférieurs, les employés voleraient des téléphones qu'ils revendraient ensuite sur Internet.
Il n'est pas possible de vérifier les faits rapportés par le canal Telegram de manière indépendante, mais les finances du groupe Wagner ont connu des jours meilleurs. Selon les informations du gouvernement britannique, le Kremlin a maintenant cessé de financer l'armée privée. Le principal bailleur de fonds serait désormais la Biélorussie.
Après la mutinerie de fin juin, Vladimir Poutine a pour la première fois admis publiquement que le Kremlin avait financé les mercenaires. Evgueni Prigojine était considéré comme un proche du président russe, mais ce dernier a tenté de le pousser à l'exil.
Le groupe Wagner est déjà actif au Mozambique, au Mali, en Libye et en République centrafricaine. Depuis le coup d'Etat au Niger, la junte militaire locale cherche également à collaborer avec les mercenaires russes.
L'exploitation de matières premières comme l'or et l'argent ainsi que la collaboration avec les seigneurs de guerre sont des piliers financiers importants de Wagner. Avant son décès, il est possible qu'Evgueni Prigojine ait cherché à se concentrer davantage sur ces pays, où lui et son argent étaient relativement à l'abri de la mainmise du Kremlin.
On ne sait pas combien de combattants le groupe Wagner compte encore. Selon l'opposition en exil, entre 6000 et 15 000 d'entre eux se trouveraient en Biélorussie. Cela inquiète la Pologne, la Lituanie et la Lettonie, pays voisins.
Une partie des combattants de Wagner aurait rejoint l'armée régulière ou d'autres groupes de mercenaires. Dans tous les cas, le groupe semble avoir cessé toute activité en Ukraine. La disparition de leur emblématique chef sème encore plus de doutes sur l'avenir de l'entreprise.
(mk)
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder