Ça y est, c'est maintenant. «It's tiiiiiiime», comme dirait Mariah Carey, pétée au champagne et au Xanax en pyjama au pied du sapin. On arrive à cette tragique période de l'année où Spotify nous gratifie de son «Wrapped», son «Spotify emballé», comme un cadeau nul sans bon d'échange. Le fameux top 5 des daubes qu'on a (trop) écoutées cette année.
Sur Twitter, il semblerait que l'idée même de se confronter à ses propres «goûts éclectiques», façon poétique de dire ses propres «goûts de merde», fasse peur aux plus fragiles.
Spotify Wrapped anxiety is real.
— Living Yass Pill? (@901reasons) November 25, 2022
The anxiety of soon having to look in the mirror that is the Spotify 2022 wrapped is really starting to hit.
— Rachael (@MelbourneRach) November 25, 2022
why do i have anxiety over my spotify wrapped lmaoooo
— ✧・゚: 𝕮𝖔𝖉𝖞:・゚✧ (@codyisonline_) November 28, 2022
Ce qui n'empêche pas le hashtag #SpotifyWrapped d'être en top tendances sur Twitter.
Ellen Scott, rédactrice en chef adjointe du magazine Stylist, raconte dans son magazine que si elle est anxieuse à l'idée de découvrir son Spotify Wrapped, c'est parce qu'elle sait qu'il contiendra les mêmes albums que l'année passée:
Le magazine poursuit son exposé sur l'angoisse d'avoir des goûts de merde en donnant la parole à une psychologue, Dina El Adlani. Pour cette dernière, qui ne ressent manifestement aucune anxiété à l'idée d'enfoncer des portes ouvertes, «l'identité d'une personne est faite de nombreux composants, et je crois que ce que nous portons et ce que nous écoutons est généralement une expression de qui nous sommes vraiment».
Et le magazine de mettre également en avant la pression sociale à publier nos Spotify Wrapped sur les réseaux sociaux... Que ce soit clair: personne ne vous a rien demandé. Vraiment.
Depuis 2016, la plateforme nous pond cette espèce de story Instagram pleine de couleurs qui brûlent la rétine. Le Spotify Wrapped est là pour nous rappeler que même si on a écouté pas mal de Leonard Cohen d'un air mélancolique en regardant les feuilles mortes tomber des arbres, c'est quand même Enrique Iglesias qui a su faire péter nos compteurs, dans un excès de mojitos estivaux, playlist «Best Summer Hits» en boucle. Car Spotify est fourbe: la plateforme ne prend en compte nos écoutes qu'entre le 1er janvier et le 31 octobre.
«Vous avez passé 8453 minutes à ses côtés. Cette année, vous faisiez partie des 0,5% qui ont le plus écouté Enrique Iglesias», vous félicite la plateforme, qui pourrait très bien vous dire «Bravo, vous avez écouté Enrique Iglesias pendant 8453 minutes, vous faites partie des 0,5% de cinglés, nous vous offrons un Xanax gratuit, bisous et courage».
Et si on arrêtait de partager sur les réseaux, avec honte ou fierté, notre top 5 rempli de chansons ultra-pointues, ringardes, vintage, pop, classiques, rythmées ou nulles?
Et si on arrêtait de pourrir Twitter, Instagram, Facebook et notre propre santé mentale avec nos goûts musicaux et ce qu’ils disent (ou pas) de nous?
Et si on arrêtait de se créer des angoisses à l'idée de se faire juger pour des chansons qui nous font du bien et qu'on est pas obligés de partager avec le reste du monde?
Et si, finalement, on s'en foutait de ce Spotify Wrapped?