Décidément, personne n’est à l’abri d’une arnaque à la star. Après le célèbre faux Brad Pitt qui a fait beaucoup rire (et pleurer), c’est au tour de Lady Gaga de se retrouver mêlée à une drôle d’affaire d’usurpation d’identité. Il y a trois ans, l’artiste californienne Emma Webster reçoit une demande qu’elle n’aurait cru possible.
L’émettrice, planquée derrière l’email ladyandkoji@gmail.com, envisage de lui acheter une œuvre parce qu’elle est «une grande fan» de son travail et qu’elle veut «agrandir» sa collection, «qui est composée d'artistes féminines influentes comme Kusama, Frankenthaler ou Louise Bourgeois».
Emma Webster, basée à Los Angeles et déjà riche d’une réputation qui enfle dans le milieu, est littéralement sur le cul. Cette mystérieuse «Ladyandkoji» serait en réalité Lady Gaga herself, (Koji étant le nom de l’un de ses chiens). Le message, lui, est signé «Stefani,» le véritable prénom de la patronne de la pop. Au début, la jeune artiste est «ravie» et ne se doute pas une seconde que cette demande puisse émaner d’un arnaqueur.
Les deux protagonistes commencent alors à papoter par écrit. Emma Webster indique à sa «prestigieuse» fan qu’il lui reste une seule œuvre en stock, baptisée «Happy Valley», une «scène pastorale kaléidoscopique mesurant 2,10 mètres sur 3 mètres», précise le New York Times, qui a fini par interroger l’artiste cette semaine.
Avant d’envoyer sa toile, la Californienne dégaine tout de même une vérification d’usage, mais sans aller trop loin non plus:
Pas démotivée pour un sou, la fausse interprète de Born This Way répond alors par un prétendu selfie, accompagné d’un petit mot d’une désarmante normalité:
Aussi étrange que cela puisse paraître, cette photo terminera de persuader l’artiste qu’elle s’apprête à vendre l’une de ses œuvres à Lady Gaga. Reste à négocier son prix. La fausse star demande une «petite remise», qu’Emma Webster lui accordera sans sourciller, lit-on toujours dans le New York Times. «Happy Valley» sera donc expédiée pour la somme de 55 000 dollars, que la jeune femme va bel et bien recevoir sur son compte quelques jours plus tard.
Soucieuse de l’itinéraire de ses œuvres, comme la plupart des artistes, la Californienne émet alors une dernière volonté:
Requête non seulement acceptée par «Lady Gaga», mais dûment motivée: «Absolument, je ne vends JAMAIS».
Tout est bien qui finit bien? Lol.
Trois ans plus tard, c’est le père de l’artiste qui va inconsciemment briser le conte de fées, en découvrant la fameuse toile sur le compte Instagram de la maison Christie’s. La légende de la publication retourne le ventre d’Emma Webster:
On vous la fait courte. Aujourd’hui encore, personne ne sait qui se cache derrière cette fausse Lady Gaga. Ni l’artiste, ni son avocat et encore moins les différents intermédiaires qui ont participé, possiblement malgré eux, à l’atterrissage de «Happy Valley» en Asie.
Et le manager de la star de la pop a été formel, après qu’Emma l’a contacté en catastrophe: «Je crains que vous n'ayez été dupée par quelqu'un se faisant passer pour elle. Elle n'a pas cette adresse e-mail. Je vous présente mes plus sincères excuses pour cette arnaque!».
Matt Chung, un galeriste de Honk Kong qui a mis l’œuvre en vente chez Christie’s, s’est borné à affirmer qu’il a acheté «Happy Valley» à un certain John Wolf, conseiller artistique de Los Angeles, nous dit toujours le New York Times. L’enquête, elle, est remontée jusqu’au FBI, qui semble prendre cette histoire particulièrement au sérieux.
De son côté, Emma Webster, qui fut un jour la star d’un mini-documentaire réalisé par une autre Emma (Watson), peut au moins se consoler en se disant que sa cote a encore pris du muscle, trois ans après avoir conversé avec «Lady Gaga».