L'Europe, l'Amérique du Nord, la Chine et même l'Amérique du Sud souffrent des vagues de chaleur actuelles. Il est indéniable qu'avec le réchauffement climatique, de tels événements extrêmes vont devenir plus fréquents et plus violents.
Pour y remédier, il existe une solution étonnamment simple et bon marché: économiser les gaz à effet de serre. Mais cela ne bouge pas assez vite. Certains scientifiques cherchent donc désespérément des plans d'urgence pour refroidir la Terre – et certains d'entre eux ressemblent davantage à des chimères qu'à un réel plan pour sauver le monde.
C'est notamment le cas de l'idée présentée par l'astronome István Szapudi. Il a observé qu'à Hawaï, où il mène des recherches, de nombreuses personnes utilisent un parapluie pendant la journée pour bloquer la lumière du soleil.
La proposition d'un bouclier solaire n'est pas nouvelle, mais elle avait jusqu'à présent un hic: la construction placée entre le soleil et la Terre dans l'espace devrait être incroyablement massive pour ne pas être détruite par les forces gravitationnelles et le vent solaire – ce qui rendrait le bouclier trop cher en raison des coûts de matériel et de transport, écrit István Szapudi dans son étude parue dans les Proceedings of the National Academy of Sciences.
C'est pourquoi, selon lui, le plus judicieux serait d'attacher le toit solaire à un astéroïde qui tourne entre la Terre et le Soleil. En d'autres termes, utiliser l'astéroïde comme porte-parapluie volant. Cela réduirait considérablement le poids du parasol, qui passerait d'environ 3,5 millions de tonnes à 35 000 tonnes, selon les calculs de l'astronome.
Cependant, il faudrait de nombreux vols de fusées pour mettre l'installation en orbite (les plus grandes fusées ne transportent pour l'instant que quelques dizaines de tonnes de charge utile). István Szapudi est toutefois confiant, car selon l'agence spatiale américaine Nasa, les coûts de ces vols de transport devraient baisser massivement.
Une autre idée pour protéger la Terre d'une partie de la lumière du soleil a été présentée début 2023 par une équipe de l'université de l'Utah dirigée par Benjamin Bromley: une ceinture de poussière entre le soleil et la Terre qui empêcherait la lumière du soleil de pénétrer et la renverrait directement dans l'espace. Comme l'ont calculé les chercheurs américains, il faudrait environ 10 milliards de tonnes de poussière pour refroidir efficacement le climat terrestre – et cette quantité de poussière devrait être ajoutée chaque année, car les grains seraient progressivement éjectés de leur orbite.
Afin d'éviter de devoir extraire de telles quantités de sable des plages et de les transporter dans l'espace, Benjamin Bromley et ses collègues ont proposé une solution extrêmement créative: extraire de la poussière en continu sur la Lune et l'envoyer en orbite, où les grains fourniraient de l'ombre pendant des jours. Une fois qu'une base permanente et habitée existera sur la Lune, cette solution sera tout à fait envisageable, estiment les chercheurs.
Au lieu de particules lunaires, l'astronome Roger Angel de l'Université de l'Arizona a imaginé un essaim de minuscules vaisseaux spatiaux, pas plus lourds qu'un gramme chacun. Plusieurs billions d'entre eux bloqueraient 1,8% de la lumière solaire incidente. Selon les calculs, ce pourcentage suffirait à inverser le réchauffement de la planète.
Une autre équipe de chercheurs a proposé d'équiper de capteurs solaires une surface de l'espace aussi grande que l'État américain du Texas. Ceux-ci devraient alors capter l'énergie solaire et servir en même temps de centrale solaire dans l'espace.
Les exemples le montrent: les idées folles ne manquent pas. Et les méthodes spatiales sont considérées par de nombreux experts comme moins risquées que les procédés de géo-ingénierie qui interviennent directement dans le système terrestre, par exemple lorsqu'il s'agit d'injecter des particules de soufre dans l'atmosphère.
Néanmoins, le réel impact de ces solutions spatiales n'est pas encore clair et fait l'objet de controverses, comme l'a montré une enquête menée auprès de 125 chercheurs sur la géo-ingénierie spatiale. Certains spécialistes craignent par exemple que la mousson disparaisse suite à ces interventions et que les températures augmentent au lieu de baisser dans les hautes latitudes.
De plus, toujours selon l'enquête, on ne sait pas qui paierait les installations spatiales, qui serait responsable de leur entretien et qui serait responsable en cas de problème.
En raison des nombreuses inconnues, il faudra probablement attendre au moins 2030 avant de pouvoir décider s'il est judicieux ou non de se lancer dans ces technologies, selon les experts interrogés.
Traduit et adapté par Noëline Flippe