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L'homosexualité, la gauche et l'islam: un plan foireux

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L'homosexualité, la gauche et l'islam: un plan foireux

Le maillot arc-en-ciel pour lutter contre l'homophobie dans le foot portén par Diallo et Messi lors d'un match de Ligue 1 en France.
Ibrahima Diallo et Lionel Messi portant le maillot arc-en-ciel.Image: DR/ligue1ubereats
Des «Allah Akbar» contre une journée LGBTQIA+ dans une école en Belgique, des footballeurs en France qui refusent de porter les couleurs arc-en-ciel: la gauche s'y prend mal sur la question homophobe.
17.05.2023, 18:5618.05.2023, 20:33
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On sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher. C’est avec cette réplique fameuse de Michel Blanc dans Les bronzés font du ski, que la gauche multikulti tente depuis plusieurs années des travaux d’approche avec ceux qu’elle appelle les «musulmans» et qu'elle appréhendent comme «minorité». Les jugeant en butte à des discriminations et à l’islamophobie, elle s’emploie à les inclure dans un grand ensemble intersectionnel, où certaines parties du corps social cumuleraient les difficultés en raison de leur statut doublement ou multiplement minoritaire. Par exemple: femme, noire, lesbienne et musulmane.

Ainsi les «musulmans», dont chacun comprend qu’ils ne forment pas un bloc monolithique, sont érigés en victimes a priori solidaires des luttes féministes et LGBT. Or cette approche connaît des ratés. Avant d’aller plus loin, une évidence: si l’on ne choisit pas d’être homosexuel, femme, noir ou arabe, on ne naît pas, par essence, musulman, chrétien ou juif. Contrairement à la religion, l'orientation sexuelle, la couleur de peau ou l'origine ethnique ne relève pas d'un cadre idéologique.

Des «Allah Akbar» contre une journée LGBT à l'école

Venons-en à l’actualité toute fraîche. Le 13 mai, TVL, une chaîne locale du Limbourg, en Belgique flamande, relatait un incident survenu deux jours plus tôt dans la cour d’un collège de Genk, lors d’une journée de sensibilisation à la lutte contre l’homophobie. Dans les images relayées par TVL, on voit une table recouverte du drapeau arc-en-ciel LGBT et l’on entend des voix clamer à plusieurs reprises «Allah Akbar» (Dieu est le plus grand, en islam). Des dizaines de collégiens ont protesté en ces termes contre cette action de sensibilisation. Il y aurait eu des crachats et des personnes prises à partie. La municipalité de Genk a déposé plainte, appelant au «respect, même quand il y a des désaccords». Le Figaro rend compte de ces événements.👇

Signe que cette affaire est sensible, la chaîne locale TVL, contactée par watson, affirme que «ce que crient les élèves n’est pas clair» et qu’elle s’est pour cette raison abstenue de rapporter ce qui est dit.

Refus de footballeurs de porter un maillot arc-en-ciel

En France dernièrement, plusieurs footballeurs professionnels, invoquant leur «culture» ou leur «religion», qui n'est pas que musulmane en l'occurrence, ont refusé de porter le maillot de leur club floqué des couleurs arc-en-ciel à l’occasion de la campagne annuelle «Homos ou hétéros, on porte tous le même maillot». Ces refus ne sont pas nouveaux dans le football, où l’homosexualité reste globalement taboue, mais auparavant, les joueurs concernés se faisaient porter malades. Aujourd’hui, ils médiatisent leur opposition aux couleurs arc-en-ciel, au nom de la liberté de conscience, l'homosexualité pouvant être associée par certains joueurs originaires du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne à un Occident à la fois donneur de leçons et décadent. Les associations LGBT parlent, elles, d’homophobie, mais, pour ne pas stigmatiser, se retiennent d'évoquer le fond idéologique de ces refus.

Des entraîneurs sont dans l'embarras et parfois accusés de manquer de courage par ces mêmes associations. Ci-après, la réaction alambiquée du coach brestois:

Le rapport avec la gauche? Elle se voile la face sur ces questions, fait mine de ne pas voir, refuse d’identifier le problème, qui a trait, pour beaucoup, au communautarisme et au fait religieux. Dans leur livre-enquête «Chaos Football Club» (éditions Hugo Sport), les journalistes français Daniel Riolo et Abdelkrim Branine décrivent une situation préoccupante s’agissant de l’homophobie dans les clubs, singulièrement dans les sections juniors. Extrait:

«A Troyes, un représentant associatif venu parler homophobie a été chassé par les jeunes du club. Une violence tangible: "Qu’est-ce que tu fous ici toi, casse-toi sale pédé." Ça ne s’est pas su.»
«Chaos Football Club»

Jeunesse conservatrice

Un fort retour de conservatisme sur les mœurs semble à l’œuvre dans une partie de la jeunesse, et pas qu’en France. Si l’homosexualité n’est en règle générale pas du goût des religions, des Eglises font preuves de tolérance, la réformée étant particulièrement sensible aux causes LGBT, la catholique-romaine étant plus ouverte sur la question qu’auparavant, tout en condamnant la «chose» dans son principe. C’est moins vrai, voire pas du tout le cas encore, en islam et dans les milieux évangéliques.

L’erreur de la gauche, en particulier l’intersectionnelle, est de vouloir intégrer les «musulmans» et donc l’islam dans son combat. Les «Allah Akbar» de Genk – où vit une importante communauté turque majoritairement conservatrice – et les refus de footballeurs de porter un jour dans l’année un maillot aux couleurs arc-en-ciel au nom de leur foi musulmane, disent-ils, montrent que c’est là un mauvais plan politique.

La gauche se défausse sur l'extrême droite

La réalité se retourne contre la gauche. Aux élections municipales de 2014 en France, sous la présidence socialiste de François Hollande, nombreux sont les électeurs musulmans de la banlieue parisienne à avoir voté pour des candidats de droite. C’était peu après l’adoption de la loi sur le mariage pour tous et au moment de la polémique sur l’enseignement de la prétendue «théorie du genre» à l’école.

La gauche sait tout ça. Elle n’ignore pas le poids qu’occupe la religion musulmane auprès d’une partie de la jeunesse, réceptive à des discours décoloniaux recoupant les accents civilisationnels d’un Erdogan, par exemple. Elle paraît pourtant persister dans cette voie, rendant l’extrême droite seule responsable d’un réveil homophobe.

Sauf que l’extrême droite, si l’on entend par-là le Rassemblement national en France et l’UDC en Suisse, n’est pas particulièrement homophobe. Elle s’oppose au «wokisme», dont la bannière LGBT serait l’une des expressions, mais elle accueille en son sein des homosexuels et parfois des personnes transgenres: l’un des candidats UDC l’an dernier au Conseil fédéral était ouvertement homosexuel et la présidente des Femmes romandes de l’UDC est une personne transgenre. Pinkwashing? Pas certain. Complexité, plutôt.

Les musulmans en tant que bloc n’existent pas, avons-nous dit. Beaucoup n’ont strictement rien contre l’homosexualité, une condition pas moins présente chez eux que chez d’autres. De même n'ont-ils pas le monopole de l'homophobie. Parler des «musulmans», en dehors de toute problématique le justifiant, comme le fait parfois la gauche en pensant prendre leur défense, est un mauvais service qui leur est rendu. Les afficher, c'est les désigner à un adversaire.

Une forme de lâcheté

Faire, comme une fraction de la gauche s’y emploie dans le cas des piscines, du burkini, vêtement traduisant une conception fondamentaliste de l’islam, un argument de liberté au même titre que les seins nus ou le string, est une absurdité et une forme de lâcheté. C’est se donner bonne conscience au mépris de la géopolitique et de phénomènes locaux mis sous le tapis, qu'il convient d'appréhender de la manière la moins politisée possible. On peut tenter de comprendre l’intention, comme à Yverdon: amener progressivement les «musulmans» à plus de tolérance en les confrontant à l’altérité des seins nus et du string à la piscine. Mais on n’est même pas sûr que la raison soit celle-ci.

La gauche serait bien inspirée de ne plus chercher à faire de l’islam, une religion largement encore conservatrice, un allié politique. Cela se retourne contre elle et profite à l’extrême droite.

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