Si vous pensiez que votre voisin qui tond la pelouse à 7h du matin ou la vielle dame sourde fanatique de N'oubliez pas les paroles est une épine dans votre pied, attendez de découvrir Mark Coates. Cet homme de 57 ans, résident du paisible village de Robertsbridge dans l’East Sussex, vient d’être sacré «pire voisin du Royaume-Uni» par un tribunal britannique ce lundi. Un titre qui, au vu des faits, semble presque trop aimable.
Notre histoire débute en 2017, à l'instar de nombreux conflits de voisinage: par la chute malheureuse d'une clôture entre deux maisons mitoyennes.
D’un côté, Mark Coates, ancien entrepreneur et père de cinq enfants. De l’autre, Janice Turner, 66 ans, et David Greenwood, 69 ans, paisibles retraités. Au moment d'ériger une nouvelle séparation entre leurs terrains respectifs, les deux clans ne parviennent pas à tomber d'accord sur la limite à respecter.
Et ce qui devait se résumer à un banal désaccord de voisinage, de ceux qui font les délices des amateurs de drames locaux, a lentement dégénéré en guerre totale.
Là où la plupart des voisins auraient partagé une tasse de thé et un mètre ruban, Mark Coates, lui, a opté pour une stratégie plus radicale. Procès à répétition, intimidations, menaces plus ou moins voilées. Pendant sept longues années, le conflit s’envenime, alimenté par une série d’actions de plus en plus hostiles.
En 2023, après des batailles juridiques épiques dignes de la série Suits, la Haute Cour tranche enfin: Mike Coates est condamné pour outrage dans le cadre d’une procédure civile et contraint de payer une amende de 475 000 livres streling. Pour rembourser cette somme colossale, entre frais juridiques et dommages infligés à ses voisins, le voilà bien obligé de vendre sa maison.
Le 10 juin 2024, trois jours avant de devoir évacuer les lieux, Mark Coates décide de régler ses comptes, armé d’une échelle, de cordes et d’outils de démolition – l’arsenal classique du voisin modèle. Après avoir percé un trou dans le toit de sa propre maison, il se lance dans l'arrachage méthodique des tuiles.
Ceci fait, il passe du côté de ses voisins pour répéter l'opération, sous les yeux horrifiés de la pauvre Janice Turner. Laquelle, après avoir appelé la police, devra se contenter d'observer le carnage depuis son jardin, en pleurs. Résultat: elle manque de peu de se manger une tuile. Et surtout, on compte pour plus de 200 000 livres sterling de dégâts.
Les images, lunaires et capturées par la police locale, n'ont évidemment pas manquer de tomber entre les mains du Daily Mail.
S'en suivra une confrontation policière de deux heures avant que Mark Coates ne soit finalement arrêté et placé en détention. Reconnu coupable le 10 mars de multiples chefs d'accusation, dont dommages criminels à la propriété, au terme d'un procès chargé d'émotion à la Crown Court de Lewes, il a toutefois été relaxé pour harcèlement.
Selon le procureur en charge de l'affaire, Ben Williams K, qui a aimablement comparé l'attaque de la toiture à «une boule de démolition humaine», cet acte de destruction gratuit, une «vengeance», a eu un impact «dévastateur» sur ses voisins. Tout particulière sur Janice Turner, qui souffre désormais d'«anxiété» chaque fois qu'elle entend de la vaisselle se briser.
Pour le plus grand soulagement de son voisinnage, Mark Coates s'est également vu imposer une ordonnance de protection d'une durée indéterminée. On vous avait bien dit que c'était rien, l'aspirateur à 21 heures. (mbr)