Il y a cinq ans, Gaetano voulait passer un bel après-midi avec son cousin. Alors que le jeune Napolitain de 15 ans se trouvait dans une station de métro, un groupe l'a soudainement encerclé. Les garçons, qui avaient tous à peu près le même âge que lui, étaient nombreux: douze enfants se sont mis à le frapper. Sans raison. La violence de l'affrontement l'a blessé si gravement qu'il a fallu lui retirer la rate en urgence.
Plusieurs médias ont évoqué le cas de Gaetano. Il était alors une nouvelle victime d'une série attribuée aux «baby gangs». Imprévisibles, ces derniers sèment la terreur dans les rues d'Italie. Récemment, ces bandes ont refait parler d'elles.
Le déclin social, les problèmes économiques et le manque de surveillance parentale ne sont que quelques-unes des raisons qui contribuent à la formation de bandes de jeunes criminels. Leurs membres n'ont souvent pas plus de onze ou douze ans.
«Baby-Gangs» — c'est ainsi que les médias et la police aiment appeler les bandes de jeunes criminels.
De nombreux mineurs membres de ces gangs grandissent dans des conditions précaires, subissent des violences dans leur environnement familial et n'ont pas accès à une éducation adéquate ou à des systèmes de soutien social. En conséquence, ils recherchent la communauté et la reconnaissance dans les rangs des «baby gangs».
Une autre raison répandue est la «Camorra». La Camorra désigne les clans familiaux criminels italiens organisés à Naples et en Campanie. Comme de nombreux chefs de la Camorra ont été assassinés ou arrêtés au cours des dernières années, les plus jeunes prennent la relève. Ce sont souvent les enfants des chefs de clan qui veulent protéger le «territoire» de leurs parents, écrivait alors la NZZ.
Les mineurs se battent pour le pouvoir, la drogue et le contrôle et ils continuent à mener les anciens combats de la Camorra. Ils se battent pour le contrôle de quartiers ou de zones qui pourraient avoir une importance économique pour eux, en permettant, par exemple, le commerce de drogues.
Souvent, ces gangs sont des rivaux qui se disputent la reconnaissance et le respect au sein de la hiérarchie criminelle locale. La plupart du temps, les membres des gangs d’enfants sont attaqués, blessés ou tués lors de tels affrontements. Il s'ensuit souvent des représailles, un cercle vicieux.
C'est surtout la ville de Naples qui souffre des «baby gangs». Les médias rapportent régulièrement que des enfants circulent en mobylette, une kalachnikov à la main, et tirent en tous sens. La plupart du temps, les gangs prennent pour cible d'autres clans. Mais comme les conflits se déroulent sur la voie publique, des «civils» sont régulièrement tués.
Naples n'est plus la seule ville touchée par les gangs. Milan, Rome, Turin et d'autres subissent leur présence. Il ne s’agit pas que de drogue et de rivalités. Parfois, les enfants et les adolescents agissent simplement par ennui, pour s'amuser.
En effet, selon le Spiegel, les membres des «baby gangs» terrorisent des passants, les frappent et urinent sur les sans-abri pour se divertir. Ils volent ou poignardent des personnes au hasard. Des vidéos sur Youtube montrent également la brutalité de leurs agissements.
Entre 2015 et 2018, les «baby gangs» ont fait la une des médias internationaux. Aujourd'hui, on ne lit presque plus rien à leur sujet. Mais les gangs n'ont pas disparu. Bien au contraire. Il y a trois jours, par exemple, un chauffeur de bus a été tabassé à Rome par un «baby-gang», relate La Repubblica. Les raisons de l'agression sont encore inconnues, mais c'est probablement une dispute pour des raisons futiles. Le gang n'a pas encore été arrêté.
Mi-avril, un jeune homme de 20 ans a été volé à Pavie par cinq mineurs, rapporte le même journal. Lorsqu’il a tenté de se défendre, l'un des agresseurs a sorti un couteau et a blessé la victime au bras et au dos. Là encore, le gang n'a pas encore été arrêté.
En avril également, un jeune handicapé de 17 ans a été piégé par un gang et battu, il a été hospitalisé. De jeunes filles ont été violées, d'autres ont été poignardées ou ont fait l'objet de chantages.
La liste des crimes commis par les «baby gangs» au cours de l'année écoulée est longue. Très longue. Et la police italienne semble impuissante face à eux.
Les autorités ont depuis longtemps reconnu que les gangs doivent être combattus de toute urgence. Selon les médias Weltspiegel et Vice, entre autres, des mesures ont ainsi été prises jusqu'à présent:
Et pourtant, lutter contre les «baby gangs» est un défi difficile à relever. Parce que sortir les jeunes des gangs n'est pas si simple. Etant donné que les membres sont des mineurs, il existe des complications juridiques et sociales particulières dans l’application de la loi. Le droit pénal des mineurs prévoit généralement des peines moins sévères et des mesures alternatives telles que la surveillance.
(Traduit et adapté par Pauline Langel)