Le mucus est un liquide corporel sous-estimé. Il agit comme une première ligne de défense contre les agents pathogènes, un habitat pour nos microbiomes et un tapis roulant pour notre digestion, afin que tout fonctionne littéralement comme sur des roulettes.
En tant que lubrifiant naturel, il est par exemple très important pour la déglutition et la digestion, empêche la pénétration d'agents pathogènes sous forme de sécrétions nasales ou de mucus cervical, protège la paroi de l'estomac contre l'acidité gastrique et abrite une grande partie du microbiome humain, par exemple dans la flore intestinale.
Le corps produit en moyenne environ un litre à un litre et demi de mucus par jour. La composition de cette substance gélatineuse, constituée principalement d'eau, de protéines, d'anticorps et d'enzymes, varie en fonction de la région du corps. Certaines glycoprotéines, appelées mucines, sont responsables de la nature du mucus. En interaction avec leur environnement respectif, elles déterminent si le mucus est fluide comme dans les poumons ou plus visqueux comme dans l'estomac.
Ces mêmes mucines jouent probablement un rôle important dans la neutralisation des germes dangereux qui tentent de pénétrer dans l'organisme par le nez. Contrairement à ce que l'on pensait jusqu'à présent, les mucines n'agissent peut-être pas comme une barrière – il se pourrait plutôt que les molécules de sucre contenues dans les mucines perturbent la transmission des signaux des germes et les rendent ainsi inoffensifs.
C'est ce que suggère une étude publiée en 2019 dans la revue spécialisée Nature Microbiology par la biophysicienne allemande Katharina Ribbeck, qui effectue des recherches sur le mucus au Massachusetts Institute of Technology aux Etats-Unis.
Si les molécules de sucre bioactives correspondantes pouvaient être identifiées, cela pourrait permettre le développement de produits thérapeutiques pour le traitement d'infections bactériennes persistantes.
Ce n'est pas la seule utilisation envisageable: dans une étude publiée en juin de cette année dans la revue spécialisée ACS Applied Bio Materials, un groupe de recherche indien a présenté une bio-encre à base de mucine pour l'impression 3D de tissus pulmonaires. Une telle encre pourrait un jour être utilisée pour produire des modèles de poumons en 3D afin d'étudier les maladies pulmonaires et de tester d'éventuels traitements.
Des recherches sur les utilisations médicales des mucines sont également menées à l'Université technique de Munich sous la direction d'Oliver Lieleg. L'un des avantages des mucines est leur bonne tolérance – une propriété importante pour une éventuelle utilisation médicale, dont font partie par exemple les revêtements spéciaux pour les lentilles de contact ou les sondes d'intubation. Olivier Lieleg explique:
En outre, les chercheurs ont développé un pansement cicatrisant spécialement conçu pour les blessures des tissus mous, comme celles de la langue ou de l'intestin. Le prototype contient une face à base de mucine qui a un effet antibactérien et empêche ainsi la prolifération de germes dans la plaie.
Olivier Lieleg et son équipe étudient également d'éventuelles perturbations du système muqueux et ont pu montrer que les particules fines peuvent influencer l'effet barrière du mucus. Le groupe mène actuellement des recherches similaires sur les microparticules de plastique. L'expert résume:
Le scientifique souligne:
Sans mucine dans le film lacrymal, il deviendrait difficile de cligner des yeux avec le temps. Et si la production de mucine dans la salive est réduite, il devient douloureux de parler et d'avaler. (dpa)
Traduit et adapté par Noëline Flippe